Les attentats de Toulouse et Montauban, perpétrés en mars 2012, sont commémorés ce soir à 20h30 à la Halle aux Grains lors d’un hommage organisé par le Crif Midi-Pyrénées et la mairie de Toulouse.
Là où d’ordinaire son acoustique exalte la musique classique, la Halle aux Grains entendra ce soir l’écho glaçant des victimes du terrorisme : les sept personnes tuées lors des attentats perpétrés en mars 2012 à Toulouse et Montauban — Jonathan Sandler et ses enfants Gabriel (4 ans) et Arieh (5 ans), Myriam Monsonego (8 ans), Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad —, leurs familles brisées, mais aussi tous ceux qui sont morts assassinés à Paris l’année dernière.
Il y a encore deux ans, les membres de la communauté juive et les proches des victimes regrettaient que les attentats de Toulouse n’aient pas déclenché un électrochoc, n’aient pas suscité de réelle prise de conscience face à la montée de la radicalisation. Quelques mois après les attaques de Paris, la tragédie toulousaine survenue quatre ans plus tôt a pris une autre dimension, universelle. Les familles des victimes, qui pour la plupart seront présentes ce soir à la Halle aux Grains où le Crif Midi-Pyrénées et la mairie de Toulouse organisent une soirée hommage, ne se sentent plus livrées à elles-mêmes. «Chaque attentat efface un peu le précédent, c’est hélas dans la nature des choses», concède Samuel Sandler, père et grand-père de Jonathan, Gabriel et Arieh, tués à l’école Ozar Hatorah. «Mais les récents événements, de Charlie et du Bataclan, démontrent que tout était lié, que les terroristes ont fréquenté les mêmes officines de Toulouse et de l’Ariège. Ils se connaissent tous. Les attentats de Toulouse n’étaient pas un acte isolé mais le premier d’une terrible série.»
Ce sont d’ailleurs deux membres supposés de ce réseau que le parquet de Paris a demandé de renvoyer devant les assises, dont Abdelkader Merah, le frère du tueur au scooter. Pour Samuel Sandler, qui jamais ne prononce le nom du bourreau de sa famille, un tel procès serait aussi nécessaire que douloureux : «J’ai toujours refusé de croire qu’il restait une étincelle d’humanité chez ces gens-là. Et instruire un procès, ce serait lui reconnaître un peu d’humanité, ce que je regrette. En même temps, nous vivons dans un pays de droit et la justice doit faire son travail».
Démonter la thèse de l’acte isolé
«Ce procès aura vocation pédagogique car il démontera la thèse du loup solitaire», considère pour sa part Franck Touboul, président du Crif Midi-Pyrénées, qui ne s’est pas porté partie civile. «Mais je déplore qu’il y ait un absent dans le box des accusés : internet. Et tous ceux qui via les réseaux sociaux donnent aux terroristes les moyens d’agir.»
Questions à Elisabeth Lévy essayiste
et rédactrice en chef de «Causeur»
En quoi les attentats de Toulouse se singularisent-ils ?
Depuis un an, nous avons «assisté» – sans les voir – à des scènes épouvantables : tueries de Charlie, de l’Hyper Casher, des terrasses, du Bataclan. Rétrospectivement, l’image de Mohamed Merah tuant à bout portant une petite fille de 4 ans dont le seul crime était d’être juive contenait toutes celles qui allaient lui succéder. L’assassinat de la petite Myriam est l’expression chimiquement pure de l’acte terroriste. Et de la haine antisémite par la même occasion. Or, nous avons collectivement sous-réagi à ces attentats : il n’y a pas eu à l’époque de manifestation nationale, la France n’a pas été en état de choc, de sidération et de riposte. Nous ne nous sommes pas sentis en guerre.
Vous estimez qu’il faut poser certaines conditions à l’islam. Lesquelles ?
Nous devons fixer des points sur lesquels nous ne transigeons pas : l’égalité entre hommes et femmes, la liberté de conscience, y compris celle de changer de religion. Qui suppose, dans la conception française, le droit de se moquer des dieux de tout le monde. En France, on peut être heurté par le rire des autres et les susceptibilités n’ont pas leur place sur la place publique. Cela ne signifie aucunement qu’il faille une politique vexatoire à l’égard des croyants. Par ailleurs, il faut cesser d’entretenir les jeunes issus de l’immigration dans le ressentiment et la litanie des torts qu’on leur a faits.
Avec Bernard Cazeneuve
Le ministre de l’Intérieur sera présent ce soir à la Halle aux Grains ainsi que Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Mohamed Sifaoui, Elisabeth Lévy, Philippe Val, Jean-Yves Camus et Brigitte Stora participeront à un débat sur le thème de la montée du populisme et de l’islamisme radical.
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2016/03/21/2308526-attentats-un-sentiment-de-reconnaissance.html
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