La Ligue arabe déclare le Hezbollah libanais groupe « terroriste »

La Ligue arabe a classé ce vendredi 11 mars le mouvement chiite libanais Hezbollah comme organisation terroriste, sur fond de tensions entre l’Iran et les monarchies sunnites du Golfe.

Le mouvement chiite libanais Hezbollah est dorénavant considéré comme une organisation terroriste pour la Ligue arabe (22 Etats membres). Une décision qui s’inscrit dans un contexte d’escalade des tensions entre l’Iran chiite, qui soutient ce mouvement et l’Arabie saoudite, chef de file des monarchies sunnites du Golfe et membre de la Ligue arabe.

« La résolution du conseil [des ministres des Affaires étrangères] de la Ligue arabe comprend la désignation du Hezbollah comme groupe terroriste », a indiqué un haut responsable du Bahreïn, Wahid Moubarak Sayar, lors d’une conférence de presse au Caire, siège de l’organisation panarabe.

Cette décision avait été amorcée par les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG, qui comprend l’Arabie saoudite, le Qatar, le Bahreïn, le Koweït, les Emirats arabes unis, Oman), également membres de la Ligue arabe. Le CCG avait déjà pris la décision, début mars, de classer le Hezbollah comme « terroriste ».

Des discussions tendues

Le Liban et l’Irak ont tous deux émis des réserves concernant cette décision. Dans ces pays, la communauté chiite conserve un poids politique important. L’Algérie, de son côté a fait des « remarques », a précisé le diplomate bahreïni, sans plus de précision.

Durant les discussions ce vendredi, la délégation saoudienne a quitté le conseil momentanément pour protester contre l’attitude du ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al-Jaafari, qui refusait la qualification du Hezbollah comme « terroriste ». A la sortie de cette réunion, Ibrahim al-Jaafari a campé sur sa position. Au micro de la chaîne égyptienne CBC Extraa, il a salué le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, « qui fait face au terrorisme et à Israël avec courage ».

L’Iran en ligne de mire

Wahid Moubarak Sayar a indiqué que la résolution condamnait également « les ingérences de l’Iran » dans les « affaires internes » des pays arabes, notamment au Bahreïn « à travers son soutien au terrorisme ».

Ce royaume du Golfe accuse depuis plusieurs années l’Iran de soutenir des opposants (chiites) à son régime. Bahreïn a annoncé au début de l’année avoir « démantelé » une cellule « terroriste » liée au Hezbollah et à l’Iran et qui projetait « plusieurs attentats à l’explosif ». Téhéran a toujours démenti ces accusations.

Escalade de tensions dans le monde arabe

La décision de la Ligue arabe s’explique en grande partie par la montée des tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite en tête. La Syrie et le Yémen sont devenus deux terrains d’affrontement indirect entre les pays.

En Syrie, le régime de Bachar al-Assad bénéficie du soutien de Téhéran tandis que Ryad vient en aide aux rebelles. Au Yemen, l’Arabie saoudite tente de repousser les rebelles Houthis, soutenus de leur côté, par l’Iran.ArabLeague_Diagram-fr

Si l’opposition entre les deux pays n’est pas nouvelle, la situation a évolué au début de l’année. L’ambassade saoudienne à Téhéran a été saccagée par une foule en colère en janvier, après l’exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr al-Nimr, une figure de l’opposition en Arabie saoudite.

Le royaume saoudien et le Bahreïn avaient alors rompu leurs relations diplomatiques avec l’Iran. Les autres monarchies sunnites du Golfe avaient également réagi : le Koweït, en rappelant son ambassadeur à Téhéran, le Qatar et Oman en condamnant l’attaque, les Émirats arabes unis en réduisant leurs relations diplomatiques.

En février, la monarchie saoudienne a demandé à ses ressortissants de quitter le Liban et suspendu des programmes d’armement de quatre milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) au profit de Beyrouth, sanctionnant aussi des sociétés liées au mouvement chiite libanais. Les autres monarchies du CCG, à l’exception d’Oman, avaient demandé à leurs citoyens de faire de même.

La communauté internationale divisée

Le Hezbollah, ou « parti de Dieu », a été créé dans les années 1980 au Liban grâce au financement de Téhéran. Ce parti politique libanais est le seul à ne pas à avoir déposé les armes après la guerre civile (1975-1990).

La communauté internationale est divisée sur son statut. Les Etats-Unis, le Canada considèrent ce mouvement comme « terroriste ». Depuis 2013, l’Union européenne a également fait ce choix mais uniquement concernant sa branche armée.

itele

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