Cinéma : Le comédien Denis Lavant campe un « Céline » hallucinant

Démarche claudicante et sourire de gosse diabolique, le comédien Denis Lavant incarne le sulfureux Louis-Ferdinand Céline dans le film d’Emmanuel Bourdieu qui sort mercredi.film_celine_2016

C’est le producteur Jacques Kirsner qui a eu l’idée du film, le premier selon lui à aborder le personnage de Céline, « impossible coexistence entre l’abjection absolue et le génie total ».

Il fallait pour cela un interprète exceptionnel : Denis Lavant a une déjà longue familiarité avec le personnage : au théâtre, il était hallucinant de vérité dans le personnage du fameux docteur Destouches, dans la pièce tirée de la correspondance de Céline, « Faire danser les alligators sur la flûte de Pan ».

Un an de prison à Copenhague

Très loin du « biopic », le film passionnant d’Emmanuel Bourdieu se concentre sur un épisode méconnu de la vie de Céline : la rencontre improbable entre l’écrivain antisémite et un jeune intellectuel juif américain, en 1948, alors que Céline est en exil au Danemark.

L’écrivain du « Voyage au bout de la nuit » et de nombreux pamphlets antisémites a fui la France, où la justice l’accuse d’avoir collaboré avec les nazis. Il a passé un an dans une prison de Copenhague, et vit à présent avec sa femme Lucette reclus dans une petite maison dans les bois.

Milton Hindus, jeune universitaire américain fou amoureux de l’œuvre de Céline, a fait signer à un aréopage d’intellectuels dont Arthur Miller une pétition qui a compté dans la décision du gouvernement danois de ne pas extrader Céline. L’écrivain lui doit donc beaucoup et sa femme Lucette le met en garde contre ses démons antisémites lorsqu’il invite le jeune homme chez lui.

Un « paillasson admiratif »

Mais c’est plus fort que lui : lorsque Hindus débarque avec sa naïveté américaine, Céline ne peut s’empêcher de déraper. Milton Hindus va déchanter et écrira un livre sur sa rencontre, « L.-F. Céline tel que je l’ai vu », qui a inspiré le scénario du film. On suit la rencontre des « deux clowns pour une catastrophe » (sous-titre du film et citation de Céline) depuis l’arrivée du jeune homme, un « paillasson admiratif », selon les mots de l’écrivain jusqu’à son départ plein d’amertume.

« C’est, pour Hindus, comme un dépucelage », explique Emmanuel Bourdieu à propos d’une scène formidable, où le jeune homme, très puritain, découvre les époux plongés tout nus chacun dans sa baignoire de zinc dans le jardin. Mais le mot vaut aussi pour sa découverte de l’antisémitisme viscéral de l’écrivain et de sa propre identité juive.

Pas de manichéisme

Emmanuel Bourdieu a filmé plusieurs semaines en hiver, dans une Belgique glaciale dont les tons froids parlent d’exil et de peur : Céline est dans une paranoïa profonde, convaincu qu’il est surveillé, pourchassé.

Le film ne tombe jamais dans le manichéisme, s’attachant au contraire à décrire le personnage dans toutes ses facettes : Céline sait être accueillant, presque paternel, chaleureux et rieur comme aigri, acariâtre et injurieux.

À ses côtés, Géraldine Paillas prête son port de danseuse et sa diction précise à Lucette, la femme de Céline, à la fois clairvoyante et toute dévouée à son mari.

Les dérapages du monstre

Fasciné, le spectateur assiste aux dérapages du monstre tapi chez Céline : une très belle scène le montre imitant Hindus au milieu des rires dans une danse typique juive, puis la déformant jusqu’à la caricature, esquissant un infâme personnage de juif « Süss » digne de la propagande nazie.

Pour Emmanuel Bourdieu, l’antisémitisme de Céline relève d’une « force pulsionnelle (…) une sorte de démon culturel archaïque. Sur ces sujets-là, Céline ne s’élève pas au-delà de la pensée de café du commerce ».

Tout le mérite du film est de pousser le spectateur à s’interroger sur cet antisémitisme maladif, ses ressorts, ses résurgences possibles aujourd’hui.
En contrepoint, des citations fulgurantes de textes de l’écrivain rappellent le génie, indissociable du monstre.

httpv://youtu.be/TBRd-tM6QVI

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8 Comments

  1. Film inutile dans le contexte bêtifiant de la régression de la culture dans les pays développés, les profs vont crier au chef-d’oeuvre et enverront des cohortes d’élèves. Triste France! Proposons de nouveaux sujets à problématiques « masturbantes »: « milicien malgré moi » « pourquoi j’ai choisi la division Charlemagne » « j’ai dénoncé la voisine car elle était belle et m’ignorait »….continuons à visiter le passé en transformant le nauséabond en Harpic wc! Rien ne change, nous restons dans le même lieu nauséabond, le même ghetto!!!!!

    • ne jamais oublier la colaboration litteraire
      brasillach paiera le prix de sa trahison et de sa collaboration a l’abject
      celine n’a pas eu cette chance …
      il est bien de le rappeler en ces periodes troubles ou des gauchos flirtent avec des islamofacistes et un antisemitisme toujours present que pronent de soit disants anti sionistes tel dieudonné et alain bonnet dit soral

  2. Chaque année ce sont des dizaines de livres et de « hors séries » journalistiques sur Céline qui sont publiés, sans parler de la consécration de son vivant dans la prestigieuse collection de La Pléiade. Et maintenant le cinéma… Vachement « maudit » cet auteur !

  3. Pour Emmanuel Bourdieu, l’antisémitisme de Céline relève d’une «force pulsionnelle (…) une sorte de démon culturel archaïque. Sur ces sujets-là, Céline ne s’élève pas au-delà de la pensée de café du commerce».

    Tout s’éclaire… Passons sur le mépris habituel du bobo de gauche pour le petit peuple habitué du café, et auquel Ferdinand Des Touches n’appartenait pas, mais « de commerce »…

  4. Je n’est pas vue le film, mais je peut dire que malgré tous ce qui a étais dis sur Céline et tous ceux qu’il a pus dire a l’époque, « Le voyage au bout de la nuit » resteras dans la littérature mondiale. Là il ne sagit plus d’antisémitisme ou de politique, mais de l’ame humaine et de la noirceur du monde, dans toute sa véracité si bien retranscris dans l’ouvrage.

    • Pour la petite histoire, Céline avait expurgé son roman des quelques saillies antisémites initialement prévues. Est resté si je me souviens bien une remarque sur le jazz comme musique judéo-nègre..

    • BRAVO ! CINQ FAUTES D’ORTHOGRAPHE EN CINQ LIGNES.

      DE L’ENFER OU IL EST PROBABLEMENT, CELINE DOIT JUBILER D’AVOIR UN TEL ADMIRATEUR !!!

  5. L’enfer est sur terre avec ce genre d’attaque ad dominem, les attaques personnelles pour des procés en sorcellerie comme au Moyen-Age ,pour ne pas parler du fond. Les fautes d’orthographe sont grave, mais les encore plus l’aveuglement et l’ignorance, d’où découle souvent l’arrogance.

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