Là où l’attitude de certains soutiens de la cause pro-palestinienne est plus dérangeante, c’est dans l’aveuglement monomaniaque dont ils font preuve dès qu’il s’agit d’Israël.
D’abord une évidence : il est possible de soutenir activement la cause palestinienne et de s’affirmer comme un adversaire résolu de l’État d’Israël, sans que cela fasse de vous un antisémite. Là où l’attitude de certains soutiens de la cause pro-palestinienne est plus dérangeante, c’est dans l’aveuglement monomaniaque dont ils font preuve dès qu’il s’agit d’Israël. Comme si la passion qui les anime ne trouvait pas son origine dans les injustices qu’ils dénoncent mais dans la nature intrinsèque de l’État où ces supposées injustices se produisent.
Ainsi, la plupart de ceux qui font la promotion du boycott économique, académique et culturel d’Israël ne semblent-ils animés que par un seul et unique souci : s’en prendre à l’État juif parce que précisément Juif. La nation dont il y aurait lieu de se méfier par nature. Israël, leur unique obsession.
Existe-t-il en effet un groupement aussi bien organisé, aussi massif et comparable à BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) qui s’en prendrait, au nom du Tibet occupé, aux intérêts chinois ; au nom des Sahraouis humiliés, à ceux du Maroc ; au nom des Kurdes à ceux de la Turquie ? Non. Et c’est précisément ce qui nous permet d’affirmer que le combat des partisans du boycott d’Israël est au moins douteux et au pire entaché d’antisémitisme.
Qu’est de fait l’antisémitisme sinon ce préjugé qui consiste à isoler les Juifs du reste du corps social, à les retrancher du reste de l’Humanité, pour faire de ce peuple, et de ce peuple seul, une exception haïssable parmi les nations ?
Sur les campus, ici et ailleurs dans le monde, les universités comptent des cercles, souvent reconnus par les autorités académiques, dont la seule raison d’être est de promouvoir le boycott d’Israël et d’ainsi mettre les « sionistes » au pilori. Et dans quelles formes ! Ce qui nous dérange, ici, ce n’est pas que des militants soient indignés par la politique de tel ou tel gouvernement de l’État d’Israël, mais que l’indignation dont ils font preuve soit à ce point sélective.
Comme chaque année (cette année du 29 février au 7 mars en Europe), est organisée l’Israeli Apartheid Week, semaine durant laquelle sont mises en place diverses activités, conférences et campagnes qui dénoncent le prétendu apartheid israélien.
L’an dernier à Bruxelles, l’activité phare de cette manifestation a consisté en l’érection d’un mur de sécurité théâtral au milieu de l’avenue principale du campus de l’ULB. Des étudiants, visiblement en désaccord avec cette action, et filmant la scène pour en porter témoignage, furent pris à partie. On les dénonça, du haut d’une tribune, comme membres de l’Union des Étudiants Juifs de Belgique. Aujourd’hui on ne se déclare pas antisémite, certes, mais on n’hésite pas à désigner comme juif quiconque marque son désaccord avec une politique systématiquement anti-israélienne. Tout juif qui ne se montrerait pas ouvertement hostile à l’existence même d’Israël est considéré comme « sioniste » et devient sujet à boycott. Nous aimerions croire que certains militants de BDS sont sincères quand ils nous disent ne pas être antisémites, mais nous pensons que, parfois contre leur conscience, ils le sont bel et bien.
S’ils se montraient, à l’encontre d’autres régimes et politiques, aussi sévères et véhéments qu’ils le sont à l’égard d’Israël, ils ne mériteraient sûrement pas d’être ainsi suspectés. Mais le fait est que rien ne leur semble plus utile et plus urgent que de s’en prendre à Israël. Un État qui, pour n’être pas parfait, et de loin s’en faut, jouit néanmoins d’un régime démocratique dans lequel les minorités ethniques, religieuses et sexuelles sont protégées par la loi et disposent des mêmes droits que la majorité. Par exemple, des partis politiques arabes siègent à la Knesset et des personnalités de confessions musulmane ou chrétienne occupent des postes au sein des ministères, de la magistrature et des institutions académiques. De plus l’université israélienne, comme le cinéma israélien ou la littérature israélienne, sont des foyers ouverts où l’on ne se prive pas de critiquer les gouvernements en place. On ne peut pas en dire autant des pays qui entourent l’État juif.
Combien de temps faudra-t-il encore avant que des positions claires sur la question soient enfin adoptées par les autorités académiques belges ? Ce sont les fondements mêmes de la liberté de pensée qui se trouvent menacés par des organismes dont le boycott est le seul objet social. Quand bien même ils ne seraient pas antisémites, comment est-il encore possible d’accepter, et surtout de soutenir, des groupes dont la haine est l’activité essentielle ?
La menace que ce climat malveillant fait peser sur la communauté étudiante ne peut plus être longtemps tolérée et nécessite la mise en application immédiate de mesures énergiques garantissant le pluralisme. Au risque du pire !
Non au boycott d’Israël, oui au dialogue constructif vers les solutions d’une paix durable. Partageons nos idées respectives, faisons-les circuler. Profitons de la liberté qui nous est offerte. Mais la haine n’est pas l’outil. La liberté des uns demeure conditionnée par celle des autres. A l’invective, préférons les échanges constructifs et cordiaux.
Les solutions résident dans la rencontre et dans le débat. Ignorer cette opportunité, c’est condamner à une mort certaine l’espoir d’une paix et le monde tel que nous l’envisageons.
L’Union des Étudiants Juifs de Belgique
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