Floriane Lambert est à la fois heureuse et triste. Ses grands-parents vont recevoir à titre posthume la médaille des Justes parmi les Nations. « Je suis seule à assister à cette cérémonie. Je ne peux pas partager ce moment avec mes parents, eux aussi décédés… »
De 1940 à 1943, Émilie et Fernand Devès, les grands-parents de Floriane, ont accueilli et caché chez eux, dans leur maison du quartier Saint-Blaise de Bollène, des familles juives durant l’occupation.
«Je suis reconnaissante
envers les sœurs Margolis»
Parmi elles, deux sœurs, Édith et Rose, aujourd’hui âgées de 98 et 94 ans, vivant à Chicago. C’est elles qui ont tout fait pour que le couple Devès soit mis à l’honneur. Un hommage dont Floriane Lambert se dit « très fière. Je suis reconnaissante envers les sœurs Margolis. Savoir qu’à leurs âges, elles entreprennent de telles démarches… » confie Floriane, la voix tremblante d’émotion.
La cérémonie de remise de la médaille des Justes aura lieu dimanche 13 mars, à 14 heures, au camp des Milles à Aix-en-Provence. Floriane sera présente. On attend également le consul d’Israël, le sous-préfet de Vaucluse, le maire de Bollène, et de nombreuses personnalités.
Bollène : Pour perpétuer le devoir de mémoire
Dans le cadre de leur programme d’histoire et pour perpétuer le devoir de mémoire, les élèves de terminale L du lycée Lucie Aubrac participent à diverses manifestations.
Si la semaine prochaine ils vont en Pologne visiter le camp d’Auschwitz, jeudi, ils accueillaient Bernard Weisz, journaliste, écrivain, co-auteur avec Isaac Levendel de «Vichy, la pègre et les nazis» une enquête témoignage sur la persécution des juifs dans le Vaucluse.
Également invitée à cette conférence-débat, une bollénoise Floriane Lambert dont les grands-parents, Emilie et Fernand Devés ont caché deux familles juives polonaises de 1940 à 1942, le couple Sapir avec leurs deux enfants et deux adolescentes, Édith et Rose Margolis. “S’ils ont atterri à Bollène dans la ferme familiale quartier Saint-Blaise c’est vraiment un concours de circonstances” raconte Mme Lambert “ils étaient à Bordeaux et espéraient prendre un bateau pour l’Amérique, ils connaissaient un soldat polonais qui connaissait mes grands-parents“. La famille Devès et plus tard leurs descendants ont toujours gardé contact avec les réfugiés “Édith et Rose sont encore vivantes, elles ont respectivement 97 et 93 ans et habitent Chicago, elles sont très actives et militent en mémoire de la Shoah“.
Mme Lambert a également gardé contact avec les enfants Sapir, Estera et Loutec, sa veuve et leurs enfants vivent à Paris, pour l’anecdote ils sont venus en avril à Bollène et ont logé dans la maison où leur père, tante et grands-parents avaient été cachés. “Ma grand-mère, Emilie Devès, était institutrice elle tenait un journal intime dans lequel elle détaillait tous les événements de sa vie en particulier pendant cette période troublée” explique Floriane Lambert. Un journal intime que les lycéens ont pu consulter. “Ces témoignages vécus sont des documents capitaux, des archives extrêmement précieuses qui font apparaître des choses méconnues des historiens” ajoute Bernard Weisz. Des témoignages qui sont aussi une façon plus humaine d’enseigner la Shoah, apprendre l’Histoire pour protéger des fanatismes.
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