Les Justes de la vallée : des héros ordinaires

Madeleine et Paulette Joulié ont conté leurs souvenirs de jeunes filles au pont de Sénégats, pendant la guerre.

Leur enfance s’est déroulée au pont de Sénégats, au sein d’une ruralité semi-montagnarde dans les Monts de Lacaune. Paulette et Madeleine Joulié sont deux jeunes filles qui vivent loin de la fureur et du bruit de la guerre qui s’installe. Jusqu’au jour où, dans leur hameau de Sénégats où elles sont nées, elles vont être confrontées à une des conséquences de ce conflit : celle de l’arrivée d’une famille juive, les Abraham, que leurs parents vont héberger dans la maison mitoyenne qui leur appartient. C’est cette histoire que Paulette Joulié, devenue Viala, et Madeleine sa sœur, devenue Oulès, ont souhaité raconter. Laisser une trace pour honorer leurs parents qui, au péril de leur vie, n’ont pas hésité à cacher des juifs comme d’autres montagnols qui dans la vallée du Gijou se sont comportés noblement, des «héros ordinaires» comme les nomme Michel Cals, qui participe actuellement au tournage d’un film sur les «Justes de la vallée».chateau_senegats

A l’époque, Paulette et Madeleine ont entre 12 et 16 ans et lorsqu’on leur annonce que des juifs vont venir dans la maison d’à côté, c’est pour elles la grande interrogation, un juif mais c’est qui, c’est quoi ? Elles voient arriver une famille comme la leur et bien vite elles vont oublier en jouant avec Lili, la fille des Abraham, qui a leur âge, que cette dénomination ne signifie rien pour elles. «Quand on est chrétien, on accepte tout le monde, on n’était pas des gens riches mais on avait du cœur», précise Madeleine. Étonnamment, au fil du temps, c’est une petite collectivité juive qui s’installe sur Sénégats, on y découvre un médecin juif et sa femme catholique, même un rabbin qui n’hésite pas à mener les bêtes à Lacaune pour qu’elles soient abattues par un sacrificateur. Toute cette communauté vivant dans l’inquiétude sait quoi faire en cas de danger, les hommes fuient dans les bois, les femmes vont dans les prés semblant garder les bêtes paissant paisiblement.

Des anecdotes sur le maquis, le ravitaillement , le petit train, les us et coutumes des autres, Paulette et Madeleine sont intarissables. Aujourd’hui respectivement âgées de 90 ans et 86 ans, elles vivent près de leurs enfants, Paulette aux Salvages et Madeleine à Saint-Amans-Valtoret .

Jacques Pons

ladepeche.fr

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