Une visite de l’intérieur de la synagogue pour complémenter une étude historique sur le bâtiment, a permis la découverte d’une genizah au cours de l’été dernier. Une découverte inestimable non seulement pour la compréhension de l’histoire de Horbourg-Wihr, mais aussi de toute l’Alsace centrale.
À la fin du mois d’août, Laurence Kaehlin, adjointe au maire à la culture de Horbourg-Wihr, recevait Jean-Philippe Strauel, président de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried (SHHR) pour une visite de l’intérieur de la synagogue de Horbourg afin de documenter une étude sur les synagogues de Biesheim, Grussenheim, Riedwihr et Horbourg, cette dernière étant la seule des quatre à encore exister aujourd’hui. Lors de la visite, les deux inventeurs avaient bien évoqué l’existence d’une genizah à Horbourg, à l’instar de celle découverte à Mackenheim en 1981 et sauvée in extremis de la décharge communale. Mais celle de Horbourg était réputée pillée depuis de nombreuses années. Aussi, lorsque leurs regards se sont portés sur la trappe d’accès au grenier, et qu’ils y ont découvert une page d’un ouvrage hébraïque coincée, ils ont pris la décision d’inspecter le grenier. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils y ont dévouvert un amas de livres et de tissus recouvert par une importante couche de fiente de pigeon et des cadavres de pigeons momifiés sur environ un tiers de la surface du grenier : ils venaient de découvrir la genizah.
Alerté, le maire de Horbourg-Wihr, Philippe Rogala, décide de faire procéder au dégagement de l’ensemble de l’amas par mesure de sécurité, étant donné la vétusté du plancher mais aussi pour assurer la conservation et la protection de cet inestimable patrimoine. Lors de cette mission, l’équipe des services techniques a rempli 24 sacs de 50 litres.
Une équipe, composée de membres de la Société d’histoire et d’archéologie de Horbourg-Wihr Archihw et de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried, se met rapidement en place pour trier et inventorier la découverte, avec le concours de la Société d’histoire des Israélites d’Alsace et de Lorraine présidée par Jean Camille Bloch.
Une aubaine pour les chercheurs
Entre-temps, la municipalité a porté l’information à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et à la communauté israélite de Horbourg-Wihr, représentée par Bernard Sulzer. Ce premier travail est à présent achevé et l’ensemble du dépôt a trouvé une place provisoire dans les archives de la commune où il est à la disposition des chercheurs. Ce travail a débuté mardi dernier, sous la conduite de Claire Descomps, spécialistes du Service régional de l’inventaire. Ce sont plus de 500 livres qui ont été exhumés datant du XVIIIe au début du XXe siècle (certains comportant des inscriptions manuscrites de leur propriétaire), des bandelettes de tissu peintes et brodées utilisées lors de la circoncision (la plus ancienne datant de 1697), des objets du culte israélite (essentiellement des tissus aux couleurs vives) et de la vie quotidienne, ou encore un ensemble d’une dizaine de fanions aux couleurs de la France montrant le patriotisme de la communauté.
Une publication et une exposition
L’un des éléments les plus émouvants est sans aucun doute un poème (lire encadré) de Léopold Lippmann rédigé en 1874 (cette famille, l’une des plus importante au XIXe siècle, est toujours présente à Horbourg-Wihr aujourd’hui).
L’ensemble de la découverte fera l’objet d’une publication dans l’annuaire numéro 28 de la Société d’histoire de la Hardt et du Ried, qui sera présentée lors de son assemblée générale le 8 octobre prochain à Horbourg-Wihr. Parallèlement, la commune de Horbourg-Wihr, sous la responsabilité de Laurence Kaehlin, projette la présentation au public de la découverte sous la forme d’une exposition, au mois d’octobre, avec le concours du Consistoire israélite du Haut-Rhin et son président d’honneur Yvan Geismar, et des associations d’histoire locale Archihw et SHHR, mais aussi régionale avec la Société d’histoire des Israélites d’Alsace et de Lorraine.
Une genizah ?
Il s’agit d’un mot hébreu qui signifie littéralement « trésor ». La genizah désigne l’endroit d’une synagogue ou d’un cimetière juif où sont déposés tous les objets liés au culte. La loi juive interdisant de détruire, d’effacer ou de profaner le nom de Dieu. Tous les écrits comportant son nom où les objets qui y sont liés sont placés dans le dépôt rituel qu’est la genizah. Ce dépôt est en théorie provisoire, en attendant qu’il soit enterré dans un cimetière.
Le poème
Ce livre est à moi
Comme le trône au roi
Horbourg est mon séjour
Dieu est mon amour
Celui qui veut savoir mon nom
Doit regarder dans ce petit rang
http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2016/02/19/un-tresor-dans-la-synagogue
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