Gil Hovav est romancier, chroniqueur culinaire, producteur et présentateur d’émissions culinaires à la télévision israélienne. Mais il est aussi l’arrière-petit-fils d’Eliezer Ben Yehouda, fondateur de l’hébreu moderne ! Rencontre avec l’un des journalistes culinaires les plus influents et les plus respectés d’Israël, invité de la Foire du livre de Bruxelles 2016.
Gil Hovav, vous êtes l’arrière-petit-fils d’Eliezer Ben Yehouda et vos parents sont les fondateurs de la radio publique israélienne. Que fait-on avec un tel héritage ? Cela a-t-il été un fardeau pour vous ?
Jamais ! Au contraire. J’adore toutes les histoires familiales, toutes celles qui touchent à mon arrière-grand-père, mais malgré cette lignée prestigieuse, je refuse d’être catalogué d’« aristocrate ».
Vous avez produit des émissions culinaires et présenté à la télévision israélienne des émissions très populaires telles que « Pepper, Garlic and Olive Oil » et « Captain Cook », et sur la chaîne éducative « Les plats qui ont fait l’histoire ». Aujourd’hui, vous sortez un nouveau livre sur la cuisine et pas n’importe laquelle, celle d’une rebbetzin, la femme du rabbin. D’où vous est venu ce goût pour la cuisine, pour la critique culinaire, vous, le gourmet ?
Je suis né et j’ai grandi à Jérusalem. Ma mère qui a créé la radio publique israélienne dans les années 50 ne cuisinait pas. Elle n’en avait pas le temps. Nous allions donc beaucoup au restaurant, ce qui n’était pas courant en Israël, dans les années 60, 70. J’allais souvent aussi chez ma grand-mère. Elle vivait dans une grande maison et je me souviens de ses plats séfarades. Elle était moitié tunisienne, moitié marocaine. Elle ne m’autorisait pas à rentrer dans sa cuisine. « Les hommes, pas dans la cuisine » disait-elle, « ça apporte la malchance et la saleté ! » J’adorais goûter ses plats, simples, populaires, des plats de prolétaires. Après sa mort, j’ai commencé à cuisiner les plats qu’elle préparait.
On a dû vous poser cette question cent fois. Qu’est-ce que la cuisine israélienne pour vous ?
La cuisine israélienne, qui est en devenir (après tout ce pays n’a que 68 ans), est influencée par la cuisine palestinienne, européenne, perse, yéménite, iraquienne, russe, égyptienne. C’est un mishmash, un mélange de tout cela.
Il y a une polémique autour du houmous. Est-ce une spécialité israélienne ?
Le houmous est libanais. Il en a la paternité. Lie Liban parle d’appellation contrôlée ! Mais il se fait qu’en Israël, ce plat est devenu avec le falafel le plat numéro 1, le plat national. Vous savez probablement que le Liban a fait un procès à Israël à ce propos, il y a quelques années et qu’il l’a perdu… On raconte aussi qu’Arafat adorait le bouillon de poule avec beaucoup de coriandre et il disait aussi que les Juifs le lui avaient volé.
Vous avez animé un atelier culinaire dans le cadre d’une association Parents circle families qui réunit des Palestiniens et des Israéliens ayant perdu un proche dans ce conflit. Pensez-vous vraiment que la cuisine puisse apporter quelque chose ?
Cette rencontre était unique, très joyeuse, contrairement à ce que l’on pourrait croire, car ces personnes qui ont souffert dans leur chair fêtent la vie. Mais non, je ne pense pas que la cuisine puisse, à part cela, apporter quoi que ce soit. Ce dont nous avons besoin, ce sont des solutions politiques.
Vous avez écrit dans le passé des romans, des recueils de nouvelles sur Jérusalem, des articles culinaires, et même un livre sur la condition gay en Israël. Confessions of a Kitchen Rebbetzin, votre dernier ouvrage qui n’est pas encore traduit en français, est-il un livre de recettes ?
J’aime, à travers la cuisine, raconter des histoires. Dans cet ouvrage, la rebbetsin nous livre des confidences, fictives bien sûr, suivies de recettes populaires. Comme dit le proverbe : « Petite nourriture, grandes femmes ».
http://www.cclj.be/actu/judaisme-culture/gil-hovav-foire-livre-bruxelles
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