“Avec ce voyage au cœur d’une cérémonie plurimillénaire, j’ai voulu convier les lecteurs à vivre d’une autre manière le mariage, le leur, celui de leurs amis, de leurs enfants, de leurs petits-enfants… “
A l’occasion de la sortie de son nouveau livre,
” Le Mariage “,
Katy Bisraor
répond aux questions de Tribune juive.
Tribune Juive. Pourquoi un livre sur la cérémonie du mariage juif ?
Katy Bisraor . La cérémonie du mariage juive peut paraître dépassée, alors qu’elle est en fait moderne et véhicule des messages très contemporains. J’ai voulu à travers quelques 400 questions raconter l’inédit, le novateur d’une cérémonie millénaire. La cérémonie de la houpa est tout à la fois symbolique et pragmatique, mythique et vériste, intime et universelle. Le plaisir commence avec la connaissance. C’est vrai de la lecture, de la musique, du sport. Et du mariage… Avec ce voyage au cœur d’une cérémonie plurimillénaire, j’ai voulu convier les lecteurs à vivre d’une autre manière le mariage, le leur, celui de leurs amis, de leurs enfants, de leurs petits-enfants…
T.J. Pourquoi avoir choisi de présenter ce décryptage du mariage à travers des questions ?
K.B. D’abord, c’est une méthode ancestrale de l’écriture dans le monde juif, les shout, sheelot et teshouvot, des questions et des réponses. Une méthode dont on redécouvre de nos jours, dans notre monde surmédiatisé, le génie. Aux côtés des questions, j’ai aussi raconté des midrash, le premier mariage du monde, la houpa de myrthe des fiancés du Talmud et aussi des histoires incroyables de femmes, le mikvé de Massôda, les skidouchin de Samira …
T.J. Ces dernières années, dans certaines communautés orthodoxes modernes on voit naître de nouvelles traditions dans la cérémonie du mariage. Qu’en pensez-vous ?
K.B. Pour répondre aux desiderata de certains fiancés, certains rabbins du courant orthodoxe acceptent des rajouts à la cérémonie du mariage, à condition qu’ils ne contredisent pas la halakha. Il faut se rappeler que la cérémonie du mariage a beaucoup évolué. On ne s’est pas toujours marié sous une houpa, le marié n’a pas toujours brisé un verre, la kétouba n’était pas lue sous la houpa etc. Mais les changements doivent respecter la loi.
T.J. Par exemple ?
K.B. Par exemple, la remise de la bague du fiancé à la fiancée, qui est le moment majeur du mariage juif doit-être selon la loi juive, un acte unilatéral, le fiancé à la fiancée. C’est l’essence même de la houpa. Mais les fiancés modernes veulent aussi porter une bague. Alors, certains rabbins du courant orthodoxe moderne, permettent à la fiancée de donner une bague au fiancé, mais seulement en dehors de la cérémonie de la houpa. Dans certaines communautés, s’est même créée une nouvelle cérémonie, où après la houpa, la fiancée prononce le verset du Cantique des Cantiques : «…Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi…» et donne une bague à son fiancé. Il faut tout de même préciser que cette nouvelle coutume n’est pas acceptée par les décisionnaires ultra-orthodoxes.
T.J. Vous écrivez que la kétouba est une déclaration des droits de la femme. Pourquoi ?
K.B Il y a deux mille ans, l’idée d’un contrat de mariage était révolutionnaire. Dans le monde juif et non juif, la femme n’avait alors aucun statut, elle pouvait être répudiée et ne plus bénéficier d’aucun moyen de subsistance. La kétouba, fut en fait l’un des premiers acquis majeurs de la lutte pour les droits des femmes. Elle conférait une protection et des garanties financières à l’épouse. Bien que les droits de la femme soient de nos jours, totalement différents, l’esprit de la kétouba demeure.
Au cœur de la cérémonie nuptiale juive, un document juridique précis, très long, défend les droits de la femme. C’est même un des principaux moments festifs de la cérémonie. Cela n’existe dans aucune autre cérémonie de mariage.
T.J. Pourtant, on voit bien des abus contre les femmes, dans les tribunaux rabbiniques, lors des divorces ?
K.B En effet et c’est regrettable. Ces abus, sont totalement contraires à l’esprit juif du mariage. Dernièrement, des changements sont perceptibles. Certes trop mineurs. Mais dans les tribunaux rabbiniques, en Israël en tout cas, certains rabbins veulent revenir à l’authenticité juive du rapport entre l’homme et la femme. Un exemple qui date de ces derniers jours : le grand rabbin d’Israël, le rabbin David Lau, a publié un décret rabbinique, imposant la remise du guet, du divorce juif, avant le règlement des questions financières. Justement pour éviter le chantage de certains époux : ”Je te donne le guet, si tu me laisse la maison etc.”. De la part du rav Lau, affilié au courant ultra-orthodoxe, c’est une décision très courageuse et porteuse d’espoir.
LE MARIAGE
Tout sur le mariage juif
589 pages – 26 €
Editions Pardess Création
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