Une amitié judéo-musulmane au péril de l’Histoire

Leïla et Anne ont grandi ensemble. Mais ces deux jeunes amies, l’une juive, l’autre musulmane, se déchirent sur fond de conflit israélo-palestinien. Chacune part en quête de son identité et de son histoire.

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Cela mènera les protagonistes au Proche-Orient d’un côté et d’un autre, se positionnant par rapport à ce conflit qui cristallise aujourd’hui l’antagonisme imposé aux Juifs et aux Arabes. La complexité des rapports et des effets de ce conflit apparaissent. Rien n’est noir ou blanc.

Au fil de sa quête sur son histoire familiale, Leïla, la musulmane, va même découvrir que Salah, son grand-père kabyle, a sauvé des juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Une histoire vraie que l’auteure a voulu explorer afin de mettre « à mal les clichés sur les rapports entre juifs et musulmans ».

Car Nadia Hatroubi-Safsaf a toujours été hantée par cet antagonisme qu’on impose aux deux «communautés». «C’est un sujet qui m’habitait depuis longtemps. On a trop souvent tendance à mettre dos à dos les Arabes et donc a fortiori, les musulmans et les juifs alors que moi, j’ai grandi dans un milieu très mélangé où juifs et musulmans se cotoyaient sans se poser de questions», explique-t-elle en précisant qu’elle a grandi non loin de ce qui fut le commissariat aux affaires juives pendant la Seconde guerre mondiale.

Mais cette idylle de jeunesse va s’arrêter progressivement en arrivant à la faculté de droit. «À la fac, j’entendais beaucoup de propos antisémites et ça m’a heurté, se souvient-elle. C’est au même moment qu’on m’a renvoyé à mon identité maghrébine. A cette époque ma grande amie était juive : on nous appelait souvent l’Arabe et la Juive».

L’appel des résistants algériens pour sauver des juifs

«Je voulais trouver un moyen de parler de bien vivre ensemble et en faisant des recherches, je suis tombée sur ce tract». Un appel de résistants algériens qui date de la nuit du 16 au 17 juillet 1942, en pleine rafle du Vel-d’hiv, et qui demande aux Algériens de protéger les familles juives : «ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants», peut-on y lire.

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Avec Ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants, Nadia Hathroubi-Safsaf signe son premier roman.

Cet extrait deviendra le titre du roman de Nadia Hatroubi-Safsaf. «Il n’y a rien de plus humain que quelqu’un qui a tendu la main à un autre qui avait besoin d’être aidé», s’émeut-elle. Nadia nous livre donc un roman fait d’histoires vécues par des personnages fictionnels qui se protègent, s’aiment, se déchirent mais qui sont tous liés par une Histoire commune et vraie.

L’auteure fait ainsi parler une survivante de la Shoah sur son calvaire dans les camps de la mort. Nadia a eu des doutes sur sa légitimité à évoquer cette partie de l’Histoire. «Je me suis dit, une musulmane qui écrit sur le calvaire des juifs… et finalement pourquoi pas ?! Il faut cesser de s’enfermer !» lance-t-elle, sûre d’elle.

Nadia sera présente au Maghreb des livres à la mairie de Paris ce dimanche 14 février pour un café littéraire de 15h30 à 16h45 suivi d’une séance de dédicaces de 17h à18h, pour présenter «Ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants», un livre d’utilité publique, sorti courant février au éditions Zellige.

https://www.zamanfrance.fr/article/amitie-judeo-musulmane-peril-lhistoire-19903.html

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5 Comments

  1. « Leïla et Anne ont grandi ensemble. Mais ces deux jeunes amies, l’une juive, l’autre musulmane, se déchirent sur fond de conflit israélo-palestinien. »

    ———–

    Donc Leïla est algérienne et même d’origine berbère de Kabylie.

    Le rapport des juifs avec Israël et Jérusalem est évident. Je comprend aussi le rapport des arabes avec le proche-orient et la Palestine historique (pas seulement la Judée…), c’est aussi chez eux.

    Mais quel est le rapport des berbères d’Afrique du Nord avec la Palestine pour qu’ils soient « déchirés » par le conflit israélo-arabe ?

  2. Je n’ai pas lu ce livre, mais s’il pouvait servir à ouvrir une nouvelle ère entre les juifs et les musulmans, ce serait un sacré pied-de-nez à tous ceux qui veulent absolument que nous ne nous entendions plus jamais, je rappellerai simplement à tous ceux qui l’auraient oublié, que ce les musulmans n’ont pas organisé la Shoah, et que si actuellement c’est chaud entre juifs et musulmans c’est à cause de ce foutu conflit israélo-arabe, par contre qui peut m’expliquer pourquoi 70 ans apres ce génocide, on entend les mêmes discours de haine contre les juifs dans cette Europe qui l’a commis, alors qu’en principe aucun contentieux existe, en tout cas que je sache… Nos ennemis irréductibles ne sont pas ceux que l’on croit…

    • Effectivement les musulmans n’ont pas fait aux juifs ce que les chrétiens leur ont fait en Europe. Mais derrière le conflit israélo-arabe, le fond de l’animosité c’est surtout le fait que les juifs ne sont plus à leur place en « Palestine » : celle du dhimmi en terre islamique. Des auteurs comme Daniel Sibony (psychanalyste) et Georges Bensoussan (historien) le montrent très bien.

      Daniel Sibony raconte comment au Maroc dans sa jeunesse les enfants arabes jetaient parfois des pierres sur les juifs, comme ça, sans véritable méchanceté et de façon presque naturelle, juste pour leur rappeler leur place, celle de l’inférieur par rapport au musulman qui reste leur maître. Et aucun adulte musulman n’y trouvait rien à redire. C’est eux qui les éduquaient comme ça.

      L’histoire des juifs au Maghreb ce n’est pas dans ce livre que vous la trouverez mais plutôt dans celui-ci : L’Exil au Maghreb, la condition juive sous l’islam 1148-1912 de P.Fanton et D
      Littman.

      Alors c’est très bien d’avoir « sauvé » des juifs en 1940 mais ce n’est pas ça qui caractérise les rapports judéo-musulmans en Algérie ou au Maroc qui ont eu cours pendant des siècles.

  3. Je suis arabe et musulman. Je ne conçois pas qu’on puisse haïr des gens parce que Juifs. Bâtir des ponts plutôt que des conflits. On a tous qu’une vie et il faut s’atteler à la réussir humainement et religieusement parlant. Je me sens d’ailleurs plus proche d’un Juif dans mon attachement à la foi qu’un athée. C’est mathématique. Pourquoi se haïr alors qu’on est tellement proche ? Géographiquement, historiquement et même génétiquement ! Par contre, niveau politique, c’est autre chose.

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