La polémique enfle depuis que Cécile Duflot a brandi le spectre de Vichy contre Manuel Valls et son projet de révision constitutionnelle. Condamnée par Bernard-Henri Lévy, Cécile Duflot a-t-elle commis une faute politique majeure?
Sur Cécile Duflot, le propos est signé Bernard-Henri Lévy, et il vaut condamnation. « Duflot « maintient » ses propos sur la déchéance de la nationalité et Vichy? Eh bien Duflot s’enferre et se déshonore » écrit le philosophe sur le réseau social Twitter, apportant sa pierre à l’édifice polémique qui se construit depuis vendredi dernier.
De quoi s’agit-il? D’une évocation faite par Cécile Duflot, à la tribune de l’Assemblée, du régime de Vichy lors du débat portant sur l’épineux sujet de la constitutionnalisation du principe de déchéance de nationalité. Sur le moment, le Premier ministre, Manuel Valls, bondissant en entendant le mot « Vichy », avait répliqué à l’ancienne ministre qu’elle se lançait dans une association historique et politique des plus hasardeuses.
« Je veux le rappeler: Vichy, ce n’est pas la République! C’est une part de la France, mais ce n’est pas la République, et aucun d’entre nous ne peut se sentir, en quelque façon que ce soit, engagé par les actes de ce régime », avait répondu Manuel Valls, avant d’ajouter: « je vous demande seulement, dans le rappel qui est fait de cette période sombre, de ne pas associer la démarche et la volonté du Gouvernement, et de quiconque se trouvant dans cette assemblée, avec cette période qu’aucun de nous ne peut supporter ».
Invitée à commenter cet épisode sur RTL, ce dimanche, Cécile Duflot a persisté et signé, accusant Manuel Valls d’avoir falsifié ses propos et dénonçant un complot médiatique dont le Premier ministre serait l’âme: « Pourquoi le Premier ministre a organisé une cabale? Ce n’est pas grave, c’est indigne! » Et de poursuivre: « Si le Premier ministre a cherché à créer cette polémique, c’est parce qu’il était embarrassé par le fond de cette intervention ». Et enfin d’accuser: « Parce que la méthode que j’ai remarquée avec ce gouvernement, ce qui m’apparaît assez désastreux c’est que d’abord ils essayent de vous acheter, et c’est d’ailleurs ce qui arrive en ce moment avec les parlementaires. C’est dramatique. On fait miroiter qu’il y a un poste au gouvernement. […] Si vous résistez, on vous menace, on vous menace sur vos investitures. […] Et enfin si vous résistez à la menace, on vous salit ».
« Rester pour résister »
Cécile Duflot évoquait-elle son cas personnel, élue qu’elle est dans le 11e arrondissement de Paris suite à l’accord qu’elle avait-elle-même négocié, fin 2011, au nom d’EELV avec Martine Aubry, alors Premier secrétaire du PS? Ce qu’elle dit des éventuelles pressions que pourraient subir certains élus n’est pas sans rapport avec sa situation. Que se passerait-t-il, en 2017, si le PS décidait de ne pas se montrer aussi bienveillant avec les écologistes qu’il le fut en 2012? Cécile Duflot serait-elle réélue si un candidat socialiste, notamment sa suppléante, ancienne députée de la circonscription, manifestait l’envie de reprendre son siège? Le fait est qu’aujourd’hui, le destin de député de Cécile Duflot est entre les mains du PS. Et que le poids électoral de son parti, EELV, est proche du zéro politique. Cela pèse dans un débat. En tout cas, pour le moment, Cécile Duflot a décidé de rester pour résister: « Manque de bol, je suis là, je suis debout, et je vais rester là à défendre des valeurs et des convictions! » a-t-elle proclamé sur RTL, finissant son propos par un très provocateur: « Les méthodes de Valls et ses bouledogues aboyeurs ne m’impressionnent pas. »
Reste le fond de l’affaire. Qui en dit long sur le rapport des opposants des gauches de la gauche à la gauche de gouvernement. Parce que sur RTL, outre les accusations de cabale, Cécile Duflot a nié avoir dit ce que Manuel Valls lui reprochait d’avoir dit. A l’en croire, elle n’avait fait que procéder à un rappel historique qui n’incriminait en rien l’actuel pouvoir, pas plus François Hollande que Manuel Valls, sans établir de relation directe entre Vichy et l’actuel gouvernement, le tout en brandissant son discours à titre de preuve sous le nez des interviewers de la station.
L’invitation étant ainsi lancée, il faut donc lire et relire le propos de Cécile Duflot sur le sujet. Relation Valls/Vichy ou non? Filiation ou non?
A le lire, le propos parait dépourvu de toute ambiguïté: « la déchéance de nationalité figurait dans la majorité des constitutions de la Première République. C’est vrai. Mais c’est oublier que le dernier régime à l’avoir massivement utilisé fut le régime de Vichy. Il ne s’agit pas ici de faire des parallèles hasardeux, mais, que cela vous plaise ou non, il s’agit de rappeler un traumatisme de notre histoire, né dans un Parlement composé de parlementaires français. Oui, c’est ce qui nous est arrivé! Il ne s’agit pas ici de ne pas regarder en face qu’à la Libération, ceux qui ont reconstruit notre pays ont préféré à la déchéance le crime d’indignité nationale, avec une peine associée. C’est la vérité historique! »
Reconnaissons que Cécile Duflot n’établit pas de relation directe, ni de filiation, entre Vichy et le gouvernement Hollande/Valls. Il faut lui en donner quitus.
Bruno Roger-Petit
le problème est surtout qu’aujourd’hui tout le monde compare tout et n’importe quoi. De plus la déchéance de la nationalité était déjà prévue dans la loi, il s’agit juste de l’inscrire dans la constitution. A t-on entendu Dufflot jusque là ? Non. Elle ne l’ouvre, et d’autres avec elle comme Taubira, que depuis que cela risque d’être effectif concernant certains de leurs malheureux protégés, leurs nouveaux « damnées de la Terre », les « vrais prolétaires », bref des maghrébins musulmans pour la plupart…
Duflot clairement antisémite depuis des lustres.
Merci BHL pour votre clairvoyance et lucidité!