Bernard-Henri Lévy, le philosophe qu’à Paris on aime détester, le dénonciateur de La Barbarie à visage humain, publie cette semaine, trente-sept ans après Le Testament de Dieu, L’Esprit du Judaïsme, ouvrage ambitieux qui propose d’emblée au lecteur de réapprendre le temps long en l’embarquant dans l’inactualité.
L’Esprit du Judaïsme, que nous qualifions sans hésitation d’œuvre majeure du philosophe, s’ouvre sur un Rothko flamboyant, ces tableaux étant des temples au sens juif de lieu de méditation et de prière où s’interrompt le tumulte de l’Histoire, confiait BHL en 2013 dans le catalogue de l’Exposition Maeght dont il fut le Commissaire.
Le plus parisien des philosophes, une des personnalités françaises les plus en vue et les plus controversées, consacre une première partie à La gloire des juifs : il s’attache ici à poser le Judaïsme comme principe d’émancipation par l’altérité, il rappelle cette responsabilité pour le monde, ce rapport à l’autre et au dehors constitutifs de l’Être Juif.
Se livrant à une analyse exhaustive et lucide de l’aventure de la pensée juive, il convoque ses maîtres, Lévinas et Rosenzweig, et ses amis, Benny Lévy ou Albert Cohen, fondateurs d’un Judaïsme debout, fort et apaisé, et propose la perspective d’une espérance audacieuse, alors même qu’il vient de nous décrire avec une froide précision les habits neufs de l’antisémitisme. La gloire des juifs reviendra aussi sur ce qui est aujourd’hui l’alliance fraternelle du catholicisme avec le judaïsme, nous racontera encore ces trois juifs, Rachi, Jean Bodin puis Proust et son intranquillité si juive, qui firent la France.
Une deuxième partie intitulée La tentation de Ninive opposera à l’ idée fausse du « peuple élu » celle d’un petit peuple dont Dieu, par défaut, fit son peuple trésor parce qu’il sut se montrer inconditionnellement réceptif à la parole et au commandement divins, nous rappellera l’histoire du prophète Jonas et en tirera la Leçon de Ninive, appelant de ses vœux un talmud musulman, – des musulmans qui prendraient le risque de l’étude,- l’ouvrage s’achevant par une profession de foi pudique et revendiquée puisque l’auteur, qui se définit comme Juif laïque, irréligieux comme Rosenzweig, précisera que « ce que l’on sait et connaît, point n’est besoin de le croire », et, loin d’opposer Juifs laïques et Juifs religieux, préfèrera opposer les Juifs qui pensent aux Juifs qui ne pensent pas, affirmant : Les juifs sont là non pour croire mais pour étudier.
C’est une telle aventure d’être juif. C’est si beau. Mais c’est si lourd : nous avons lu pour vous L’Esprit du Judaïsme et faisons le choix de vous en faire partager le fond, mais aussi, grâce à de larges extraits, la langue inspirée et magnifiquement pure de son auteur.
Bernard-Henri Lévy a travaillé deux décennies à cet ouvrage.
Ce livre que nous estimons majeur, un des événements littéraires très attendus en ce début d’année 2016, fera parler de lui et suscitera d’intenses débats : « 1,6 mètre carré de BHL dans la presse aujourd’hui », a calculé Libération.
S’il est une somme de réflexions, il est aussi le livre de confidences du philosophe qui le présenta, sur sa page facebook, comme un plan de bataille et un programme, le judaïsme y étant présenté comme une forme d’affirmation.
Au lendemain de sa sortie, nous vous livrons le contenu de la seule première partie consacrée à La Gloire des Juifs : de ce livre que nous avons qualifié de majeur, nous avons tant à vous dire.
Si BHL y pose des questions qui vont de « Pourquoi les Juifs sont-ils à jamais glorieux » à celle de savoir s’il faut Partir ou rester , il y expliquera aussi pourquoi l’antisionisme est le nouveau visage de l’antisémitisme, et nous prouvera enfin que L’identité Juive peut être une identité heureuse.
Dans un prologue, Bernard-Henri Lévy se rappelle ce siècle de grand soupçon où l’on avait brûlé toutes les idoles et toutes les religions dans le feu de joie de l’athéisme : « Je me souviens de ce moment comme d’un long et délicieux dimanche de l’esprit ». C’était en 1978.
La rencontre avec Lévinas et la lecture de L’étoile de la rédemption parue en 1921, œuvre maîtresse du philosophe et théologien juif allemand Franz Rosenzweig, qualifiée par BHL de grand œuvre, sa traduction en 1980 furent fondatrices: BHL fut l’un des premiers à signaler l’importance du philosophe dans la pensée contemporaine : le judaïsme est pour Rosenzweig une identité qui existe par l’étude et qui procède de l’étude. Dès lors, avec Lévinas et Rosenzweig, BHL se demande si l’humanité peut se passer des dieux.
« Sans cette découverte émerveillée de la Torah puis du Talmud je n’aurais peut être pas continué d’écrire », confie-t-il en évoquant le choc ressenti, et ce sentiment d’indicible gloire : « Mon nom avait sa place dans ce livre de vie », « il y avait dans ces pages la réponse à tant de questions. »
LE TALMUD ÉTAIT À MOI
Il écrit alors Le Testament de Dieu, se pénétrant inlassablement de ce beau mot qu’il répète à l’envi : la gloire des Juifs, et insiste sur sa fidélité à l’oeuvre de Lévinas, évoquant la fondation, dans son sillage, d’un Institut d’Etudes à Jérusalem, et le souci de cette langue qui lui fait encore défaut : « il n’empêche, le talmud était à moi.»
Bernard-Henri Lévy raconte comment, alors que le dialogue avec l’Islam aura été l’un des soucis les plus constants de son existence, « ce fils juif ne [ l’a] plus jamais jamais quitté : je ne peux faire exception de cette œuvre juive que je poursuis en parallèle de tout ce que je fais et dis depuis des années. »
Le philosophe s’interroge sur la genèse de L’Esprit du Judaïsme : Etait-ce le retour de l’antisémitisme, l’aggravation du malentendu avec nos frères musulmans, le vacillement de cette exception juive: j’ai voulu revenir sur cela, donner quarante ans après cette suite au Testament de Dieu.
Le prologue prévient qu’il s’agira d’une réflexion sur la fureur criminelle qui se réveille, sur l’Etat d’Israël, mais surtout sur une certaine idée de l’homme et de la Loi : « ce souci de l ‘Autre, de la joie, cette idée où se concentre à [ses] yeux l’esprit même du judaïsme. »
Une première partie est consacrée à la gloire des Juifs, puis à l’antisémitisme « lèpre de l’esprit à traiter par le mépris » et l’auteur opposera à la pléthore d’esprits trop médiocres les si nombreuses beautés, pensées propres à élever l’âme, […], raisons d’espérer qui résident dans le judaïsme vivant.
BHL s’arrête évidemment sur ces explosions de haine qui ciblent le monde entier : « l’antisémitisme est un délire qui choisit les justes mots qui donneront à sa déraison les apparences de la raison » et évoque ce discours de rage pure, de violence brute qui veut vêtir son ressentiment d’une apparente légitimité, expliquant l’antisémitisme à travers ses diverses formes, jusqu’à celui des guesdistes s’opposant au parti dreyfusard tenu pour l’incarnation de « l’esprit banquier », « les corbeaux rapaces », les « youtres de la finance et de la politique» : « C’est ce socialisme des imbéciles qui assure n’avoir rien contre les Juifs et tout contre un capitalisme juif. »
Il rappelle l’antisémitisme de la seconde moitié du XIXè siècle qui assimile les juifs au monde mortifère de l’argent, êtres incarnant « une autre race, une race impie, une sale race qui fait des ravages dans les saines et belles races aryennes », cet antisémitisme qui rendra possible, un jour, la « solution finale »hitlérienne.
L’EXCISION DE LA TUMEUR JUIVE
Il explique comment, en ce début du XXIè siècle, il reste des antisémites catholiques minoritaires, ceux qu firent que Jean-Paul II canonisa le 3 septembre 2000 Pie IX, lui qui tenait les Juifs pour des « chiens que l’on entend aboyer dans les rues et nous dérangent partout où ils vont. »
Il évoque ceux qui considèrent que la guerre à la foi est une urgence, ceux qui assimilent les Juifs à l’argent, et aussi les tenants de l’antisémitisme raciste, leurs gènes faisant des Juifs un objet de haine légitime, ou encore ces autres qui appellent à « l’excision de la tumeur juive.»
Il en réfère à Bernanos pour évoquer cet « affreux petit Juif », Adolphe Crémieux, qui naturalisa « en bloc » toute une « horde » de Juifs d’Algérie qui n’avaient « rien à voir » avec la France, et explique ainsi pourquoi « l‘antisémitisme ne pouvait renaître qu’en endossant des habits neufs, vêtu d’un discours nouveau. »
BHL explique comment, depuis deux à trois décennies, on assiste à l’énonciation progressive d’un jeu de propositions : nous n ‘avons rien contre les Juifs mais sommes contre cette « fidélité à Israël », état illégitime, colonialiste, raciste, criminel, et même fasciste, argument antisioniste par excellence, car en somme, Dieu que le juif était joli du temps de la guerre que lui livrait le monde !
MALHEUR EXAGÉRÉ PAR LES SURVIVANTS
Avec le sionisme, le juif entre en guerre contre le monde. L’argument du sionisme , sa « massue morale » quand on lui objecte l’impardonnable spoliation qui est aux sources de cette existence, est cet épisode de leur martyr qui s’appelle la Shoah, « malheur exagéré par les survivants et les enfants des survivants qui en font une religion » -parlant de « Shoah business », car en somme c’est quoi six millions de morts, est-ce assez pour exiger une réparation sans limites : voilà le fondement du négationnisme.
Il en appelle à un autre argument : celui de la compétition des victimes ou de la concurrence mémorielle. Certes la Shoah. Mais quid des crimes contre les Palestiniens, dont les survivants de la Shoah ne sont pas innocents ? Les juifs, avec leur obsession du souvenir, « leur zakhor », couvrent la voix des suppliciés d’aujourd’hui, étranglant la plainte des palestiniens. L’idée qu’il n’y aurait assez d’espace dans un cœur humain pour deux chagrins, deux deuils, deux révoltes est comprise par BHL comme une accusation monstrueuse, faisant du Juif un profiteur de malheur insistant sur le devoir de mémoire pour assécher le gisement de larmes disponibles et n’en plus laisser pour leurs adversaires principaux : voilà, selon notre philosophe, les trois piliers de l’antisémitisme qui opère aujourd’hui.
Suit la présentation du dossier à charge contre le sionisme, séparant les victimes privilégiées de la Shoah des victimes oubliées du camp palestinien, et l’illustration par l’exemple de cette forme de racisme : lorsque la seule présence en 2000 d’un juif, fût-il Ariel Sharon, sur l’esplanade des mosquées, Le mont du Temple pour d’autres, fit que tout l’islamogauchisme occidental qualifia l’acte de profanation, et que Mahmoud Abbas répéta quinze ans plus tard que les Juifs avaient souillé de « leurs pieds sales » « les lieux saints chrétiens et musulmans », et que de ce fait, serait déclarée « pure » chaque « goutte de sang » versée en représailles « pour l’amour d’Allah .»
La « machine » ajouta un complotisme élargi : les juifs non seulement dominaient le monde et contrôlaient les médias mais encore étaient des faussaires façonnant l’histoire du monde d’aujourd’hui, « la juiverie mondiale fabriquant les témoignages qui lui conviennent, effaçant ceux qui la gênent. »
D’où un art nouveau de la guerre dont la campagne BDS, acronyme de boycott désinvestissement sanctions, devient l’instrument principal: on isole et délégitime , on met au ban l’Etat des Juifs, donc les Juifs.
Et de se rassurer en se disant qu’on peut être antisioniste sans être antisémite : non, pour BHL, l’antisionisme est « un véhicule obligé pour un antisémite soucieux de recruter plus largement que chez les nostalgiques des confréries discréditées. »
Cette idée selon laquelle les Juifs seraient des profiteurs de Shoah qui n’entretiendraient leur obsession mémorielle que dans le but de couvrir leurs propres crimes offre bonne conscience à l’antisémitisme, qui fait des Juifs un peuple sans scrupules usant de sa propre histoire pour priver d’espace celle des autres, étouffant la pauvre voix de ses « concurrents » palestiniens, compétition des victimes oblige .
BHL explique que ces thèmes sont d’une efficacité redoutable , chacun recréant l’effet de légitimité de l’époque : notamment venir au secours des petits écrasés par la banque juive, permis de haïr.
BHL émet l’hypothèse de conjuguer ces thèmes, de les brancher l’un à l’autre, et arrive logiquement à l’idée d’ Israël vu comme un état néo-hitlérien, financé par les Saoudiens et finançant lui-même le terrorisme européen : de là ce peuple palestinien mis par Chomsky à la première place sur le podium mondial de la souffrance, et la thèse du linguiste philosophe qui défend le droit des négationnistes à s’exprimer: « rabattre le caquet de ces insupportables morts juifs qui veulent s’approprier cent pour cent du capital victimaire mondial. »
UN ANTISÉMITISME SANS HONTE
Genet, lui, élit la victime idéale en assimilant le peuple israélien à un ordre blanc, occidental et raciste, ce qui lui permet de se lancer dans un hymne à la beauté du crime d’Hitler. Ainsi, invariablement, ces combinaisons font surgir le portrait d’un peuple détestable, qui mérite la réprobation pour tous les crimes commis, et ainsi naît, pour les juifs d’aujourd’hui, la possibilité d’un antisémitisme sans honte, sans scrupules, sans y penser, au croisement de la haine d’Israël, de l’obsession négationniste et de la nouvelle religion des victimes, un antisémitisme qui rend envisageable une possible future explosion.
BHL distingue deux camps : l’Islam des égorgeurs et l’Islam des Lumières, et nous explique que ce nouveau permis de haïr qui joue sur la concurrence victimaire menace notamment les États-Unis où le chef de Nation of Islam -NOI- opposa les six millions des morts de la Shoah aux six mille ans d’esclavage des noirs, ces Etats-Unis où l’on accepta des déclarations proclamant que l’holocauste noir fut cent fois pire que celui des suceurs de sang juifs ramenés dans le droit chemin par Hitler, le but étant de retirer aux Juifs la palme du martyre, et l’on actera encore l’existence du douteux Institut pour le réexamen de l’histoire, dont le patron greg Raven déclara en 1921 qu’Hitler était un grand homme, la meilleure chose qui soit arrivée à l’Allemagne. Les États-Unis, seul pays occidental qui permette à des négationnistes d’être candidats à l’élection présidentielle, seul pays occidental dont le président élu soit allé se recueillir dans un cimetière militaire allemand où reposent des SS tueurs de Juifs .
AU BÉNÉFICE D’UN MINUSCULE PAYS
Enfin, quid de l’antisionisme là bas ? Le BDS y est encouragé, l’audience de personnalités palestiniennes hostiles à la solution des deux États y est forte, et le débat incessant pour savoir s’il est bien raisonnable de voir la grande Amérique dépenser tant d’énergie , risquer de froisser tant de pays, tout cela au bénéfice d’un minuscule pays sur le statut exorbitant duquel, dans la politique internationale américaine, on s’interroge ! Why Israël ? La seule explication résidant dans la toute-puissance du lobby juif.
Alors, se demande l’auteur de L’Esprit du Judaïsme, comment désamorcer cette bombe à retardement, ce délire inguérissable, que doit-on faire et qu’est-il permis d’espérer ?
Dans son combat contre l’antisémitisme, BHL n’est pas seul : son père d’abord, puis Claude Lanzmann, Albert Cohen, Romain Gary l’exhortent : soyons plus robustes que la canaille ! Illusion qui menace tant d’ heureux Juifs d’aujourd’hui et d’hier: cette négation de leur part maudite. Ces mots de Romain Gary : « Tu peux sentir que c’est la même France qui coule dans vos veines, eh bien il y a toujours un moment où il te fera sentir que tu restes le fils d’un fourreur lituanien et d’une petite actrice russe, c’est plus fort qu’eux. C’est dans leurs testicules. Ruser et faire front, [ …] et si besoin, leur taper dessus, ça ne changera jamais. »
Et BHL cite la terrible page de Lévinas, final de Noms propres, paru en 1976, « la stupeur de ces grands israélites , heureux comme Juifs en France, sûrs d’eux, […] couverts de titres et d’honneurs et voyant, du jour au lendemain, sans préavis, un vent glacial […] balayer toutes les pauvres splendeurs de leurs vies devenues comme des oripeaux .»
Le philosophe de citer plus loin les grandes carrières politiques qu’un seul nom juif a entravées : Mandel, Blum, Mendès France, Fabius, et évoque « toujours cette presque infranchissable exception française dès lors que vient en jeu un nom juif, l’Angleterre étant vue comme une anti-France , Benjamin Disraeli, alors que la France ne sacre un Juif roi de l’époque ou roi du système que pour mieux l’abattre. »
BHL nous confie comment il est gagné certains soirs par une passion triste quand il pense à sa propre généalogie , un père magnifique, Joseph le photographe que les disciples de Drumont n’autorisaient à ne photographier que les arabes, ses petits oncles – ses « Valeureux » à lui, mais nous dit aussi « l’autre pensée », celle de certains matins, où il refuse cette fatalité, se réveille Fils des Lumières, et prétend retourner les arguments antisémites.
Et d’expliquer ce qu’Auschwitz eut d’unique : un massacre qui s’est voulu sans reste, un génocide -le seul- qui se soit voulu sans recours, un effacement des cadavres, donc du fait même que le crime eût eu lieu, avec une négation incorporée dans le crime.
Il revient encore sur cette obsession : en finir avec la concurrence victimaire, « ce préjugé nouveau qui voudrait qu’il n’y eût pas de place dans une tête pour deux afflictions différentes», et raconte les Juifs ou les non-Juifs, les morts de l’Hypercasher ou les français innocents fauchés indistinctement parce qu’ils aimaient le sport, la terrasse des cafés ou la musique, à propos desquels est valable ce que Rousseau déjà nommait l’universalité et l’inconditionnalité de la pitié.
Fruit de la réflexion, ce constat s’impose : devant tout nouveau génocide, ce sont ceux qui avaient réfléchi au martyr juif qui se trouvèrent en première ligne de ces nouvelles victimes implorant de ne pas devenir le nouveau ghetto de Varsovie, ainsi au Rwanda, « ces Juifs de l’Afrique », victimes d’un nouvel holocauste, puisant dans le registre du « plus jamais ça » les justes mots.
Ainsi le souvenir de la Shoah aiguise-t-il l’esprit de résistance aux désordres du jour, et le peuple juif, loin de prétendre à quelque monarchie de la souffrance, offre-t-il au monde un indicateur du pire.
..MAIS IL Y A L’EXCEPTION ISRAÉLIENNE
Ce pays étant satanisé par la nouvelle machine antisémite, il s’agit donc pour le philosophe d’en faire entendre les vertus. Cette terre où arrivèrent des juifs libyens, irakiens, soviétiques, ottomans, austro-hongrois , les plus pauvres entre les pauvres d’entre eux et non l’élite, immigrés épuisés, survivants parvenus sur la terre d’Israël et trouvant l’énergie de nouer un contrat social, […], une République naissant en une nuit, faite du mélange qui les constitue, faite de la multiethnicité, faite aussi de ces arabes musulmans devenus citoyens adhérents au grand récit national et d’une minorité le récusant tout en jouissant de l’entièreté des droits civiques, la Cour suprême stipulant que Juifs et non-Juifs sont des citoyens avec des droits et des devoirs égaux dans l’Etat d’Israël.
Et BHL de chanter un état exemplaire dans la guerre-même, fidèle à ses principes démocratiques fondateurs, soignant et sauvant sans la moindre discrimination israéliens juifs et non juifs ou encore les réfugiés syriens, des tribunaux siégeant sans répit lorsque les hommes faiblissent et finissant par sanctionner immédiatement les bavures impardonnables d’une armée chargée d’épargner ses propres hommes et de réduire le nombre des victimes civiles du camp adverse, et actant qu’ainsi, il existe, le socle moral de Tsahal – basé sur le principe de la taarath haneshek ou pureté des armes, il existe, en dépit d’incontestables manquements dénoncés par la presse israélienne elle-même et condamnés , manquements évidemment trop nombreux aux règles qu’Israël s’est lui-même données.
Le philosophe chante encore un pouvoir politique qui a une tâche urgente, sommé de faire la paix, voire de la faire pour deux en offrant aux palestiniens cette « paix sèche » basée sur le principe des « deux états » et des paramètres du plan de Genève – arrêter l’inexorable marche vers cet état binational, projet non dissimulé des ennemis les plus retors d’Israël.
Et Bernard-Henri Lévy de louer l’Etat des Juifs rêvé par Herzl et réalisé par Ben Gourion, un état qui n’a, malgré ses erreurs, pas tout perdu du souffle de ses pionniers, avec une dimension qui fait de son épopée nationale une aventure où se décide « quelque chose du destin de l’humain. »
Et donc la force des Juifs ? Doivent-ils partir de France ou rester ? BHL, sans sous-estimer la menace, en mesure la gravité : Ilan Halimi , la petite Myriam, ces lieux de culte hautement militarisés et devenus de facto de nouveaux ghettos. Non pour BHL, la France n’est pas à la veille d’une nouvelle nuit de cristal car la conjoncture d’aujourd’hui et celle des années trente diffèrent. D’abord, une haine à marée basse : point aujourd’hui de Drieu la Rochelle ou de Céline mais des petits marquis de « l’incorrection politique », un crâne rasé de la pensée ou un ancien comique reconverti dans l’agit-prop antisioniste : des bulles qualifiées par l’auteur de « pus mental .»
Par ailleurs, pas l’ombre d’une faiblesse dans la classe dirigeante de la France d’aujourd’hui, dans laquelle serait inimaginable le cas de Giraudoux, ministre de Daladier, fustigeant en 1939 les « hordes de Juifs à la constitution physique précaire qui encombrent nos hôpitaux .»
Enfin, un Premier Ministre qui applique la loi face à un Dieudonné réunissant les trois fils de l’antisionisme militant, du négationnisme complotiste et de la mise en compétition des victimes de la traite des Noirs et de la Shoah : interdiction des meetings où se concocte cette soupe , et pas une voix ne s’élève pour discutailler.
L’auteur le fait pourtant, cet aveu d’échec désespérant pour un Européen de ce début de XXIè siècle qu’est le racisme indéniable qui cible les Roms, les naufragés de Lampedusa ou de Bodrum, ou les chrétiens, d’Irak en Syrie, du Nigeria au Pakistan, en train de devenir la communauté la plus persécutée de la planète, ce racisme qui tient pour peu l’incendie criminel d’une mosquée à Auch : pour lui, le combat antiraciste reste démocratiquement vital.
LE JUIF DANGEREUX ÉTANT LE JUIF VAGUE
Il explique : l’antisémitisme n’est pas une espèce dont le racisme serait le genre : certes il s’agit bien de deux ignominies mais qu’il s’agit de spécifier, le raciste en ayant chez l’autre après sa différence visible, alors que l’antisémite en a après sa différence invisible, « le juif dangereux étant le juif vague » disait Drumont, de là naissant la tragique erreur de ces Juifs qui ont voulu, à tort, croire que c’est en devenant imperceptibles , en se faisant petits, qu’ils désarmeraient la persécution.
Ainsi, si la République n’a rien cédé et que ses institutions tiennent bon, peut-être ont-elles fini par comprendre ce qui unit la France à ses Juifs et les Juifs à la France : ils prirent part à l’invention, puis au jointement, de la nation française et [ lui vouèrent] une loyauté historique.
BHL rappelle que les juifs des années trente étaient seuls, sans aucun allié, mais que cela a changé : la lutte contre l’antisémitisme a gagné des bataillons de partisans, qui vont des églises chrétiennes, lorsque Jean-Paul II, en 1986, franchit les quelques centaines de mètres qui séparaient le Vatican de la Grande Synagogue de Rome, aux protestants qui nouèrent, avec Luther et sa traduction de la Bible en allemand, un pacte tacite avec ces spécialistes de la science du texte et de l’exégèse qu’étaient les Juifs.
Dès lors, les Juifs ont acquis droit, non seulement de cité, mais de pensée, et, pour les meilleurs des catholiques, les Juifs n’étaient plus leurs pères dans la foi mais leurs « frères aînés », actant l’idée de deux frères égaux en dignité et scellant une alliance entre pairs explorant ensemble la double voie d’accès à l’Etre.
Cette alliance fut permise par la Shoah, prise de conscience de la participation de l’ancienne théologie au crime nazi, la crise des Églises, cette intuition que seul ce mouvement vers la source aurait une chance de revitaliser le corps souffrant de la chrétienté, ou encore cette persécution nouvelle qui créerait une communauté de destin ? Car, écrit BHL, il s’est bien passé quelque chose quand le pape François déclara en 2014 qu’ à l’intérieur de chaque chrétien se trouve un juif et que s’il effectue, lui, en chrétien le rite de l’eucharistie, c’est en juif qu’il prie les Psaumes de David.
Des alliés ? Les Juifs de France en ont encore chez les athées, les agnostiques, les sans-foi, les libres-penseurs. De là aujourd’hui un judaïsme qui a retrouvé la fierté de soi.
Et dès lors, pourquoi pas, initiée par Louis Althusser, l’idée d’un « partage des tâches », d’une division métaphysique du travail entre héritiers des prophètes et des apôtres, illustré par le « combat commun en faveur des fils d’Israël et des enfants de Ninive, c’est-à-dire, en la circonstance, de Mossoul, » poursuivis par une haine similaire !
CE ROC NOMMÉ SION
Et BHL d’arriver à ce « roc nommé Sion . » Il examine comment, pour chaque Juif, l’existence de l’Etat d’Israël a tout changé. Il raconte : « le Juif déjudaïsé que j’étais trembla, lors de la guerre des Six Jours, pour un pays qui ne lui était rien, jeune nation attaquée de tous côtés et pour laquelle il se porta volontaire, dans un élan qui n’ était pas né du seul goût de l’aventure, […] , l’émotion née lorsqu’il posa, trop tard pour prendre part à cette guerre juste d’Israël contre une coalition d’états ligués pour achever le génocide nazi, le pied sur ce sol étranger et bizarrement familier, expliquant que « ce sionisme, qui n’était donc, doctrinalement, pas son genre, » fut une idée qui le bouleversa quand il la rencontra et qu’un lien se noua, entre cette nation et lui, irrévocable. »
Et de décrire ce que nous avons tous ressenti : les douanières apparues telles des anges à la porte d’un paradis, le joyeux désordre de Dizengoff, cet air de fraternité et de fête, les ruelles en espalier de Jaffa,le privilège de la rencontre avec Ben Gourion lui expliquant : « l’avantage avec le désert, c’est que ce n’est plus la nature qui y est généreuse avec les hommes mais les hommes qui le sont avec la nature qu’ils augmentent de leur prodigieuse intelligence », et enfin le trouble éprouvé au contact du Mur de Jérusalem : « je ne pus résister à la joie d’aller [le] toucher, moi aussi, comme ces soldats qui, mitraillette en bandoulière, les yeux fermés, comme le symbole rêvé et devenu concret pour lequel ils venaient de risquer leur vie.»
Et lequel d’entre vous, lecteurs, ne s’identifiera pas à ces mots : « moi alors si peu juif, j ‘en fis la plus inattendue des patries de cœur, « un roc auquel j’ai toujours su que je m’adosserais désormais », BHL expliquant qu’ Israël fonctionne comme un abri pour chaque juif, même les plus réticents à parler en Juifs ou à ce qu’une parole juive se parle en leur nom, il n’est pas « Juif au monde pour qui cette présence d’Israël ne soit promesse différée, mais promesse , si le monde venait à redevenir inhabitable pour les Juifs. »
Donc avec Lévinas, Albert Cohen et quelques autres : un judaïsme debout : avec Lévinas et « son sensé biblique » rappelé par Benny Lévy lors du Séminaire de Jérusalem en 1996, avec Cohen et l’invention de Solal, illustration que les Juifs ne sont plus de purs esprits greffés sur un corps sans chair , que les Juifs peuvent être beaux, et surtout qu’ils sont libres, Solal étant la sortie d’Égypte faite homme !
Et encore, cette jeunesse juive qui voulut rendre sa dignité à ce « penser juif », l’auteur lui-même s’étant alors livré à un hymne à l’esprit du judaïsme dans Le Testament de Dieu, œuvre placée sous le double parrainage de Lévinas et Cohen, prônant un judaïsme positif, fier de ses valeurs, porteur d’une mémoire à offrir au monde ! Oeuvre qui créa l’inquiétude de la communauté juive de France devant l’éloge du Juif d’affirmation et le refus de cette négation de soi, cet oubli du nom et de l’étude : une volonté chez les Juifs de France de demeurer pleinement français mais en redevenant pleinement juifs : un judaïsme debout, confiant, et fort par l’étude et l’esprit, par leur mémoire et leur travail de connaissance, forts car « ils tiennent que le sage est plus fort que le prophète », suprêmement existants d’avoir été jetés dans le silence du désert avec mission de s’en sortir, appelés à triompher de leurs adversaires : non nous ne vivrons plus jamais le retour des années trente.
D’ailleurs, Manuel Valls évoquant la France juive, affirmant que la France sans les Juifs ne serait pas la France…
Et BHL de rappeler au lecteur la place effective des Juifs dans la France, en trois histoires : celle de Rachi, un juif secret, érudit parmi les érudits qui allait fixer cette langue si éminemment constitutive de l’être même de la France, le plus grand talmudiste du monde, qui fut un des pionniers de l’histoire de France, ayant vécu au XIè siècle, accédant à Troyes à la seigneurie, son petit fils devenu membre du Conseil du roi , Rachi donc, consulté par tous les théologiens chrétiens, bien disant sur ce que devait être la place des femmes, Rachi qui rédige ses commentaires du Talmud dans son latin à lui : l ‘hébreu, son texte hébreu étant truffé de mots français, mots de vigneron , d’homme de droit, chaudronnier, tisserand, etc du XIè, le texte de Rachi étant comme un mémorial du français des commencements : en fixant l’ancien français, le « son vivant », il donna le coup d’envoi de ce processus complexe qui sera l’histoire même de notre langue : un texte écrit en hébreu a pu participer des métamorphoses de cette grande langue que fut le premier français, Rachi donc, l’un des inventeurs de la France.
L’EXISTENCE D’UN FIL JUIF
Mais aussi le lien entre les rois d’Israël et le contrat républicain : le chapitre VIII du premier des Six Livres de la République de Jean Bodin, qui donne à entendre que la théorie rousseauiste ne serait pas tombée du ciel… La référence est-elle les Grecs et les Romains ou le royaume des Hébreux ? Le meilleur argument capable de limiter la plénitude potestatis pour édicter une arme absolue contre les partisans de l’absolutisme : Moïse est préféré à Platon et les Hébreux aux Romains, les hébreux montrant toujours la propriété des choses, écrit Bodin : ainsi c’est la reine de Saba et plus guère Cléopâtre, c’est Esaü et plus Romulus, c’est le roi Salomon et plus Tarquin qui sont les grands exemples guidant sur le chemin obscur de cette invention du politique.
Mais alors, l’auteur se pose la question : comment une telle somme de savoir , un continent entier de la pensée s’est-il vu engloutir en même temps que le nom de Jean Bodin[1] et son paquet de références si précieuses à la royauté du roi David ? »
Il émet une hypothèse : ce modèle hébreu sans doute était trop présent, trop proche de la royauté, modèle avec lequel on était en train de rompre, et cette collusion du modèle hébreu avec l’Ancien Régime aurait fait horreur aux révolutionnaires.
Y aurait-il eu alors duperie, Et serait-elle légende, cette République française non née des seules œuvres de nos ancêtres les Romains ?
Les idées ne se perdent jamais, conclut Bernard-Henri Lévy, et cette mémoire du royaume des Hébreux sera peut-être un jour célébrée, « cet autre Juif fantôme sans quoi la France ne serait pas non plus la France », et l’existence d’un fil juif dans la trame de mots constitutifs des idées de droit, de droits de l’homme, de séparation des pouvoirs et de démocratie français.
Enfin, Juif comme Marcel Proust. Ce coup de tonnerre dans la refondation de la littérature française : Proust et les innombrables « lapsus juifs » de la Recherche, les déjeuners du « samedi », le « code impérieux » basé sur « ces lois antiques » qui interdisent « de faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère », la dissection quasi talmudique du nom de Swann, la traditionnelle prière des morts dite à l’enterrement de la mère de Marcel, le fait que l’on sache par ses propres carnets de travail qu’ « il était un lecteur du Zohar », « cette évidence d’un exil intérieur » dont BHL pense qu’elle a participé de cette « aventure de l’âme et du corps que fut, pour lui, son judaïsme »…
BHL y voit « cet ange et ce paria |…] qui sont les deux visages de l’être-juif […] « et sont aussi deux des visages de l’auteur de la Recherche.»
Dans La recherche, ce livre dont Céline voit qu’il est conçu et bâti comme un Talmud et où Lévinas pourrait voir un « talmudiste du dimanche », BHL voit « un art du coupage-de-cheveu-en quatre », et, conclut-il, « si l’Amérique moderne a Faulkner, si l’unglish a James Joyce et l’espagnol Cervantès, eh bien la France a Marcel Proust», dont Céline trouvait qu’il écrivait « un franco-yiddish tarabiscoté.»
LE FOND NOIR, CRIMINEL,
DE LA RELIGION DE L’HISTOIRE
Enfin, dans un dernier itinéraire , du bassin aux Ernest à Chateaubriand, et retour, BHL explique qu’il y a peu de circonstances où on aura vu ainsi l’esprit du judaïsme opérer sur l’histoire de la France. Il rapporte qu’à l’Ecole Normale Supérieure, quand arriva l’information incontestable que quelques-uns des futurs chefs khmers rouges avaient fait leurs études à la Sorbonne où ils avaient tiré une idée nouvelle de ce que devait être la révolution pour réussir, deux habitués du bassin aux Ernest de l’Ecole normale de la rue d’Ulm, prennent, édités par André Glucksmann, la mesure du désastre de cette énième révolution manquée car radicale à l’extrême, et l’imputent à la redécouverte d’un messianisme qui permettait de voir, tout à coup, le fond noir , criminel, de la religion de l’Histoire, et de lui donner congé, comprenant que c’est dans la mesure où une révolution est radicale qu’elle est atroce et tourne au cauchemar.
Sartre a bien failli trouver la formule, la pierre de Rosette, le juste chiffre, de la forme révolution, et lui qui, au moment du massacre des athlètes israéliens de Munich, voyait dans cette forme de terrorisme une compréhensive et défendable « arme des faibles », abjura ses doctrines passées, s’avisant lui aussi de la dimension noire , voire pogromiste, qui était la vérité ultime de cette fraternité-terreur qu’il avait passé la moitié de sa vie à appeler de ses vœux, découvrant grâce à Lévinas la gloire de l’être-juif : il aura donc fallu ce dialogue avec Benny Lévy qui fit la navette entre Lévinas et lui, Sartre donc, ébranlé par la persistance même de ce peuple sans Etat, de ce peuple sans terre, de ce peuple qui se rassemble autour d’une table ou d’un livre et cette persistance change tout.
Esprit du judaïsme, ce concept de messianisme qui fait irruption dans le dialogue et en forme l’armature, désignant une aventure qui se joue au quotidien, une aventure inspirée par un souci moral et non plus économique ou politique, démontrant que la révolution a partie liée, toujours et forcément, avec la barbarie et la mort, cause de la conversion de Sartre !!!!
Louange du Judaïsme par l’auteur de L’esprit du Judaïsme : ce que Bény Lévy appelle la « nouvelle philosophie », et qui se joue autour du judaïsme, une des pensées les plus favorables à la production de beauté et aussi aux arts, comme en témoignent la synagogue syrienne de Doura Europos, les Haggadahs dorées de Sarajevo, ou l’histoire de Betsalel, fils d’Ouri, fils de Hour, dont Dieu dit à Moïse qu’il l’a rempli d’un « esprit divin », afin qu’il puisse « concevoir l’ouvrage de l’or, de l’argent et du cuivre .»
Judaïsme encore dans La Recherche conçue selon un plan de cathédrale, et puis aussi chez Claudel dont les maîtres à penser furent ceux de cette grande littérature juive, de Joyce qui écrit dans Ulysse que « les Tables de la loi sont gravées dans la langue des hors-la-loi » jusqu’à Céline qui dit « ne respecter, à part Proust, que la Bible et le Talmud.
Ainsi la civilisation juive a contribué , nous a expliqué BHL, à la poésie du monde, rejoignant Chateaubriand qui s’identifie dans le Génie du christiannisme à ce « peuple maudit, mais d’autant plus sublime et beau qu’est le peuple juif », un peuple dont il écrit : « si quelque chose, parmi les nations, porte le caractère du miracle, nous pensons que ce caractère est ici », dans ce peuple qu’il qualifie ailleurs « d’émancipateur. »
Un peuple donc à l’origine du progrès. Dès lors une ère nouvelle s’ouvrait , où une génération ivre de soi allait découvrir le souci de l’Autre, s’ouvrant à la question et au sens de la réparation, et nous devons cela, suggère BHL, au fait que les intellectuels et les autorités morales soient passées de Mao à Moïse.
C’est là que nous sommes, conclut-il dans cette première partie d’ Esprit du Judaïsme consacrée à La Gloire des Juifs.
Sarah Cattan
[1] Les Six Livres de la République, Jean Bodin, 1576, Paris, Jacques Dupuy
Oui ! Un ouvrage de plus au service de la décadence et la déchéance de la spiritualité juive.
La décadence de la spiritualité juive? C’est tout sauf ça. Il faut lire le bouquin
La judéité, disait hier BHL sur LCP, n’est pas qu’une religion, c’est une Philosophie…!!! Je suis d’accord avec lui.
Il y en a marre, de constater que le Juif doit éternellement s’excuser d’être Juif.
Moi , femme française née au Monténégro , chrétienne croyante, je ne lis pas comme vous monsieur.
je ne suis pas d’accord qu’on tape en permanence sur l’état d’Israel. Ce jeune pays à compris que la survie de tout un peuple repose sur la fermeté. Nous nous indignons ( des imbeciles) de l’etat d’urgence qui dure depuis 4 mois, Israel vit dans l’état d’urgence depuis 60 ans…
Chez “nous” quelques attentats ont fait basculer le pays dans la psychose collective ( à juste titre!!!), alors que l’état d’Israel vit cette barbarie tous les jours, depuis 6 décennies …
Je soutiens à fond la politique d’Israel…
Il faut arreter avec ces Bobos, qui habitent une planète qui s’appelle “l’Utopie”, et je les invite de descendre sur terre!
Oui en effet c’est un ouvrage nécessaire aux ” incultes ” qui pourront apprendre, réfléchir sur la richesse de ce que le judaïsme a mis entre les mains de nous tous; et par la richesse foisonnante, de la réflexion et de l’histoire que nous livre Bernard Henri LEVY dans cet ouvrage que l’on pourrait également intitulé “Le Génie du Judaïsme”.Mais bon respectons l’auteur.
Dans “Pièces d’identité”, paru en 2010, BHL célèbre, tel Chateaubriand, le “génie du judaïsme” sur plus de 300 pages. Il faut savoir que, s’il y a eu, en 1802, “Le Génie du christianisme” de Chateaubriand, auquel l’auteur se réfère souvent, Tarik Ramadan a publié, en janvier 2016, “Le Génie de l’Islam, initiation à ses fondements, sa spiritualité et son histoire”. Allez savoir si ceci n’expliquerait pas cela.
Pièces d’identité, Bernard-Henri Lévy, Grasset, Paris, 2010, 1335 pages.
Génial le tableau Mark Rothko. Méditer devant un tel tableau, hémoglobine, cela doit inspirer de grandes idées métaphysiques
L’antijudaïsme est comme un caméléon. Et lorsque l’on regarde tous les griefs reprochés aux juifs, on est vraiment stupéfait. C’est du délire.
L’art de théoriser et de stériliser le judaisme, de le désincarner et de le vider de sa substance en l’intellectualisant à outrance dans les modalités de la pensée grecque, exactement la démarche par laquelle ont procédé les premiers chrétiens (qui étaient juifs), en faisant abstraction, non seulement de la Terre d’Israel, mais du Mont du Temple, et dans un almagame de mauvaise foi qui n’est pas la foi d’Israel, consistant à, Dieu nous en préserve, à jeter aux oubliettes, l’Eternel notre Dieu, Hakaddosh baroukh hou. Ca fait beaucoup pour ces piromanes qui de part ailleurs souhaitent glorifier le judaisme. C’est psychiatrique.
Après avoir, récemment, critiqué sur votre site la férocité avec laquelle BHL avait, dans l’hebdomadaire Le Point daté du 3 avril 2008, condamné le petit film “Fitna” de Geert Wilders, sur le Net, invitant les musulmans dits modérés à réagir contre les attentats meurtriers de leurs coreligionnaires jihadistes, je suis ravi de lire qu’aujourd’hui, d’après votre article, il regrette “l’aggravation du malentendu avec nos frères musulmans”.
Autrement dit, il serait maintenant d’accord avec ce qui avait été, en 2008, proposé par Geert Wilders dans “Fitna”.
Cela étant, j’ai suivi ce midi l’entretien accordé à BHL sur les ondes 94,8 Mégahertz, attribuées au CRIF à cette heure-là, et je ne peux que les féliciter, tant BHL que le chroniqueur du CRIF.
J’ai beaucoup apprécié un point sur lequel BHL a insisté : l’esprit juif est un trésor pour les nations du Monde.
En effet, il ne pouvait pas, de nos jours, choisir meilleur titre pour son ouvrage.
Avec quelque retard, je voudrais répondre ici à Méir.
(1)Ses deux dernières phrases ne sont pas claires du tout, d’autant que
(2)l’avant-dernière phrase est mal rédigée : …”qui de par ailleurs” …, ça veut dire ???
Quoi qu’il en soit, si Méir reproche à BHL d’avoir exclu de son texte toute référence au Dieu spécifique des Juifs, il faudra qu’il comprenne un jour, et le plus tôt le mieux, qu’Israël est peuplé de Juifs religieux (ou croyants) et de Juifs non religieux (ou non croyants). De même en ce qui concerne les Juifs de la Diaspora.
l’obsession de BHL c’est que Jérusalem vaut plus qu’Athènes. Je me fous de le savoir mais j’aimerais savoir pourquoi cette affirmation, qui semble être encore présente dans cet opus, obsède autant notre philosophe?
C’est une telle aventure d’être juif. C’est si beau. Mais c’est si lourd.
C’est si beau d’être juif que ne pas l’être serait moche? Vous ne vous rendez pas compte que ce genre de phrase, ne répondant même pas à une vérité organique, peut agacer… même les amis des juifs et d’Israël,
“Une deuxième partie intitulée La tentation de Ninive opposera à l’idée fausse du «peuple élu» celle d’un petit peuple dont Dieu, par défaut, fit son peuple trésor”.
Il y a quelque chose de prétentieux que de s’affirmer, de se vouloir, le peuple élu, le peuple trésor de dieu. Cela suppose déjà que dieu existe alors que ce n’est qu’une hypothèse, très réconfortante au demeurant.
Etant coincé par ses affirmations qui ne relèvent que de son interprétation subjective, jusqu’ici, on n’avait pas connu BHL religieux, alors pour échapper à dieu sur qui il semble faire une opa, il nous invente une formule, ce qui prouve bien que les mots ont été inventés pour mentir et duper le monde, BHL nous invente cette admirable formule: ce que l’on sait et connaît, point n’est besoin de le croire ». Ad-mi-ra-ble. Il anticipe sur les questions de ses contradicteurs en leur clouant joliment le bec. Il n’est donc pas nécessaire de croire en dieu, mais le peuple juif est le peuple trésor de dieu.
Les juifs croient être le peuple élu de dieu mais pour ma part dieu n’a rien à voir dans les affaires de l’homme car si dieu existait il ne pourrait avoir un peuple préféré et surtout le clamer haut et faire pour le faire savoir aux autres. On est en plein dans le drame d’Abel et de Caïn, faisant, là-aussi partie de la mythologie juive.