Face à la polémique et après les avertissements de Bernard Cazeneuve, les organisateurs d’une rencontre prévue ce dimanche à Lille par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont déprogrammé trois orateurs étrangers dont la présence annoncée avait été vivement contestée.
Par « souci d’apaisement »,(sic) Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France et fondateur de la Ligue islamique du Nord, a finalement préféré déprogrammer trois conférenciers prévus dimanche à Lille. Les Rencontres annuelles des musulmans du Nord (RAMN) se tiendront sans le Syro-palestinien Mohamed Rateb Al-Nabulsi, le Marocain Abouzaïd Al-Mokri et le Saoudien Abdallah Salah Sana’an. « Deux d’entre eux se sont décommandés d’eux-mêmes, précise Amar Lasfar. Al-Nabulsi et Al-Mokri n’ont pas eu leur visa. Et nous avons choisi d’annuler la venue de Sana’an. » Mardi, Xavier Bertrand, le président de la région Nord – Pas-de-Calais – Picardie, a appris la nouvelle en contactant le président de l’UOIF.
Conférenciers militants
Auparavant, les réactions hostiles s’étaient multipliées. Notamment de la part d’associations ou de partis politiques. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, publiait dans la foulée un communiqué mettant en garde contre d’éventuelles infractions aux principes républicains à Lille. La suite est connue. « Nous avons choisi de mettre fin à la polémique », réagit Amar Lasfar. Dénonçant « une pression de plus en plus forte », le recteur de la mosquée de Lille-Sud a préféré couper court. « En réalité, ce qui est visé, ce sont les Rencontres annuelles elles-mêmes, assure le fondateur de la Ligue islamique du Nord. Voire même le rendez-vous annuel de l’UOIF au Bourget. »
Dimanche dernier, Amar Lasfar semblait pourtant écarter cette éventualité. Il défendait ses invités. Tout en précisant que ses liens avec eux étaient « académiques ». Ces conférenciers ont également un engagement personnel. Que l’UOIF n’ignore pas. Ali Moqri Abou Zaïd s’inscrit dans la cause palestinienne. Al-Nabulsi s’oppose à Bachar Al Assad. C’est sur ce terrain que la polémique s’installe. Les intervenants étant soupçonnés d’être des passerelles entre antisionisme et antisémitisme, entre djihad et terrorisme. Aujourd’hui, la Ligue islamique du Nord veut éviter de mettre en péril son rendez-vous de dimanche à Lille Grand Palais.
Contacts avec l’Intérieur
Dimanche dernier, Amar Lasfar assurait avoir eu des contacts avec le ministère de l’Intérieur et la préfecture à propos de ces invités. « Je ne peux pas vous garantir les personnes, avait annoncé le fondateur de la Ligue islamique du Nord. Mais au moindre débordement, je monte sur scène et je rectifie. » « Le blâme souvent porté à Abou Zaïd tourne autour de la porosité entre une forme d’antisionisme et une forme d’antisémitisme, analyse Haoues Seniguer, chercheur à l’Institut d’études politiques de Lyon. Al Nabulsi se voit souvent imputer une vision très politique de l’islam, avec une prééminence de la loi de Dieu sur celles des hommes. »
Des précédents
En 2013, Martine Aubry, maire de Lille, avait refusé de se déplacer aux RAMN à cause de la présence d’un orateur jugé « sulfureux ». Aujourd’hui, elle se dit « très attentive à ce qu’il n’y ait pas dans la ville de message de haine, d’intolérance ou de division ». En 2012, d’autres intervenants, prévus aux rencontres nationales de l’UOIF au Bourget, avaient été frappés d’interdiction du territoire. Une conséquence directe de l’affaire Merah, survenue peu de temps auparavant. « L’UOIF n’a pas l’habitude de chercher le conflit avec les pouvoirs publics, nuance cependant Bernard Godard, ancien chargé de mission au bureau central des Cultes, attaché au ministère de l’Intérieur. Quand il y a une polémique, ses responsables retirent d’eux-mêmes les invités controversés. » « Les trois viennent régulièrement en France et en Europe, conclut Amar Lasfar. Ils sont très connus. »
Il aura fallu une levée de boucliers sur les réseaux sociaux et dans la presse pour que le gouvernement, au fait de la nature des interlocuteurs depuis un moment, se décide à faire un peu pression sur les organisateurs.
Reste Tariq Ramadan, et reste le fait que ceux qui seront là ne sont pas des modèles de respect des principes républicains. Il faudra donc être très vigilant à ce qui se dira pendant cette manifestation.
Ils poussent les limites tant qu’ils peuvent. Ensuite, il faut embrasser la main qui va te frapper. C’est dans l’esprit du Coran.
Il reste que la seule présence de Tarik Ramadan montre l’état d’esprit de cette réunion. Il n’est sûrement pas venu pour parler des avancées technologiques ou médicales d’Israël!
Vous avez dit état d’urgence?
Pour ça, on verra après, ya pas le feu…..tous les jours.