Le 27 Janvier sera la Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité.
Je pense à mes parents venus en France sans maîtriser parfaitement la langue, pays grâce auquel j’ai pu vivre en paix et librement après d’eux. Je suis inconditionnellement français et en assume les travers, les qualités, les enthousiasmes, le génie et même les trahisons. Car finalement à chaque fois, même après les périodes noires, il y a eu un redressement. La France, d’ailleurs, ne sait pas faire les choses à moitié : ses guerres sont longues et harassantes, ses paix sont d’autant plus tenaces qu’elles sont fragiles. C’est un pays sans cesse au bord de l’insurrection, de la révolution, de la déchirure et qui se retient parce que la IIIè République nourrie du souvenir de la Constituante et du bourgeois Napoléon III a inventé la classe moyenne qui est son salut et la garantie de sa stabilité. Rêver d’une République de marchands contre ls fonctionnaires es tout aussi dangereux et illusoire que rêver d’une république de fonctionnaires et assimilés contre les marchands.
Ce qui arrive actuellement tient à son érosion, à la bêtise coupable de ses gouvernants qui depuis Pompidou ont largement puisé dans le capital fiscal accumulé, et brimé l’élan français en se servant de l’Europe comme d’une ligne de crédit inépuisable.
Il est aussi incompréhensible qu’un hommage si vibrant soit rendu à un Mitterrand qui a rendu au front National, créé en 1972 à partir des groupuscules fachistes et de la droite nationaliste et catholique schismatique conglomérés, une légitimité perdue depuis les « purges »de la Libération, et mis à la rue plus d’un demi-million de sans abri en vidant les caisses de l’Etat par la nationalisation de l’industrie.
Qu’un Chirac, inventeur du frein social et qu’un Giscard, grand chasseur de fauves qui a plongé la République dans le ridicule et la fumeuse « exception culturelle » soient eux aussi taxidermisés à la gauche du Général et sur la même étagère, est significatif.
Mais après tout ils ont été élus confortablement et pour certains d’entre eux plusieurs fois et c’est le choix des français idéalistes et râleurs de confier leur destin à de telles personnalités. Ils sont partout dans le onde davantage aimés que moqués.
Il n’est pas venu à l’idée de Madame Hidalgo, ni à celle de M.Chirac quand il était maire de Paris, de pavoiser l’Hôtel de Ville aux couleurs d’Israël. Je n’oublierai jamais que le lieu de la sacralité juive par excellence, le seul vestige du Temple de Jérusalem, a porté pendant plus d’une nuit les couleurs du drapeau païen français qui sont celles di bleu du pallium chrétien, du blanc de l’Ordre de Saint Michel, du rouge inspiré de l’oriflamme capétien qui fut celui des galères du Roy.
Imaginez, sans aucune comparaison d’équivalence possible, la Maguen David bleue (couleur du repos) sur fond blanc (couleur du Grand prêtre du Temple), et couleurs du talit (Exode
(Exode 39)
Elle y est déjà, d’ailleurs, à plusieurs endroits des cathédrales de France, avec l’Exode d’Egypte et Moïse à l’Horeb.
Le fait que les soldats français soient quasi seuls à se battre en Afrique animiste, chrétienne et musulmane, le fait que parmi leurs officiers et hommes et femmes du rang il y ait des noirs, des juifs de toute couleur et de toute origine qui se battent non pas contre des pays ou des peuples mais ontre un phénomène de voyouterie internationale et un proto-Etat battant sceaux et monnaie, première tentative historique de hold up universel est un fait que les juifs devraient considérer et ils devraient être reconnaissants à la France pour cela, au-delà même des intérêts évidents quant à la France-Afrique, les loges maçonniques ou le pétrole.
Il n’y a pas de pétrole au Mali, pays immense, passionnant et dont plusieurs dizaines de milliers d’indigènes vivent sur notre sol depuis plus d’un siècle.
Juifs d’Europe, africains, maghrébins, sepharades, ont combattu ensemble contre les armées du Kaiser puis de Hitler et Gœring. Tous à des degrés divers, eux et d’autres « minorités » ont été torturés, déportés, massacrés. Ensemble. L’apitoiement généralisé sur les « minorités indigènes » et la réduction du premier conflit mondial au rang de simple « boucherie » sont une injure à l’Histoire et à la mémoire de ces gens et de leurs camarades morts et survivants. Ils méritent à ce qu’on rétablisse la vérité de l’Histoire, out simplement parce que si on laisse l’Histoire aux mains des politiciens, des responsables associatifs et des bouffons du Roy, on prive tout le monde de son pouvoir de lucidité sur les défis à venir, ses dangers, ses risques, ses chances et ses opportunités.
La France ne produit plus d’idées majeures, en tout cas plus de façon saillante, parce qu’elle a renoncé à honorer sa mémoire. Elle continue à traiter le « religieux » comme une anecdote passagère, dans une vision post-marxiste de l’histoire*, comme une péripétie que la Raison des Lumières peut vaincre par la « Connaissance’ (qui a même sa chaîne de télévision!!) : et ceci alors même que c’est précisément le « religieux » qui non seulement lui revient comme un élastique de la Renaissance en pleine figure, mais mobilise aussi son immigration musulmane, la plus récente, et aussi, la première issue d’un Islam maghrébin en « surcouche » d’une tradition chrétienne puis romaine très ancrée.
De Carthage de Rome à la Kabylie d’Augustin jusqu’à Bab el Oued de Boumédiène sans oublier le Maroc de Bugeaud et des alaouites.
En tout cela, les juifs sont présents et vivants. Ils ont suivi et accompagné les marchands phéniciens tout le long de ma côte nord africaine jusqu’à l’Atlantique, se sont établis, de gré comme de force, à Tunis, Jerba, Oran, Constantine, Kenitra… Le fait religieux, le fait historique, le fait messianique, aussi, si j’ose dire, font partie de l’enseignement de Daesh mais pas seulement lui, de toutes les écoles piétistes musulmanes qui occupent le vide mémoriel et didactique laissé par les « nations » qui ont séparé l’Histoire de « la religion », la culture du culte, c’est-à-dire quelles doivent impérativement se renier l’une l’autre pour ne pas avoir à se trouver.
Or, que répondre à un terroriste qui crie : « Dieu est le plus grand ! » ? Qu’il a tort ? Qu’il est un abruti ? Qu’il a été mal renseigné ? Au nom de quelle contre-vérité ? C’est un dilemme devant lequel une nation qui a perdu son grec son latin et qui laisse filer sa propre langue au gré du jargon de ses banlieues prolétaires désindustrialisées redevenues « lieux de ban », devrait tenter de résoudre autrement que par l’injonction rhétorique.
Dire « je suis » ou « nous sommes tous », alourdit la facture, élargit la fracture de l’anesthésie générale qui veut vaincre l’angoisse des peuples.
Il est frappant de voir le tout petit ministre Cazeneuve ou le tout petit et rondouillard président Hollande ou le tout petit Président Sarkozy jouant des poings et du menton tournant le dos au tsunami islamiste qui est une guerre mondiale des tribus du Califat et des sultanats émiettés entre des obédiences désentravées par l’éclatement de l’Irak, l’entrée des émirats arabes dans les instances régulatrices mondiales et l’élargissement de l’économie iranienne.
Et il est piquant et douloureux de voir que c’est forcée aux larmes par le sang de ses citoyens que la France renoue avec la « commémoration », l’hommage et le monumental de la peine collective.
Mais sa gauche nationaliste conserve encore majoritairement un monopole de l’abandon social et de l’idolâtrie du victimat, et sa droite coupée du peuple n’a plus rien à dire, prisonnière de Maurras tondu et de Napoléon exilé.. lui aussi..
Ce qui soude un pays avec son peuple, c’est le peuple lui-même lié à une terre dont le rempart est en premier lieu sa littérature, en second lieu son éducation, en troisième lieu la vivacité de sa Mémoire qui transforme son histoire en futur et en chances.
Le débat actuel sur la kippa qui est lié pathologiquement à celui sur la « laïcité », est un amphigouri qui prend l’allure d’une injonction simpliste et qui cache une profonde confusion. Ayant épuisé le catalogue des leçons à donner, on ouvre celui des leçons à recevoir.
Les juifs, qui ne sont qu’à peine 1% de la population, dont moins du tiers sont pratiquant publics réguliers (compte aléatoire due à la pratique domestique non communautaire invérifiable), ne portent plus la kippa ni le Schtreimel depuis fort longtemps. La rue des Rosiers n’est plus depuis 30 ans et l’atroce tuerie du restaurant Goldenberg (z »l) le « ghetto juif de Paris », malgré la survivance de grandes adresses de la gastronomie et des arts juifs. Aboukir et le sentier ne valent gère mieux dans une Capitale ennuyeuse à souhait, gentryfiée et embourgeoisée et dont les petites mains se sont délocalisées.
La kippa que je voyais encore dans le métro il y a une vingtaine d’années, a disparu du paysage. Elle a ressurgi à la télévision française sur les images d’hommages aux victimes des attentats. Et comme les seules actualités d’Israël qui sont montrées à la télé française sont celles de la guerre, du terrorisme et des fouilles au corps de la police israélienne tirant des grenades lacrymogènes, il est difficile, en France, de ne pas faire « l’amalgame » entre la kippa et « l’occupant ».
Colon, victime, éternel colérique ou lamentateur, « le juif » n’en finit pas, en France de faire couler de l’encre. ce petit bout de France en Israël et d’Israël en France déclenche tant de passions, tant de hargne et tant de questions de toutes sortes.
En même temps, le seul peuple au monde à qui il est perpétuellement demandé de se justifier pour exister, de rendre compte de ses fautes et de ses œuvres, de ses manques et de sa plénitude, résiste.
Et non seulement, il résiste, mais il fait résister les peuples où il vit. Malgré ce qui est souvent et faussement affirmé, le fait que des français qui chaque Shabbat matin disent la prière pour la France à côté de celle pour Israël à l’autre bout du jour, le fait que dans ce qui est finalement une même bénédiction du Yom Rishon prolongation de Shabbat, le peuple goy créé par une même Shekinah devenue pleinement humaine soit porté par la prière d’Israël quel que soit sa folie, sa sagesse ses choix et son destin, est un fait sacré.
Le fait qu’un juif se couvre la tête sur la terre de France, c’est l’ombre de Rachi qui « plane », c’est la bénédiction de tous les français, comme l’est aussi, la résonnance de l’angélus deux fois par jours aux clochers des villages, et les prières chrétiennes qui résonnent chaque dimanche (yom Rishon aussi, ou yom shmoné, comme on voudra..), pleines du mot « Israël » (c’est dans le Magnificat de la Vierge Marie -St Luc) et pleines d’un appel à la liberté et à la libération du Mal.
Le principe juif du dôme, de la kippa est féminin. Il couvre la terre de bénédiction et la FAIT, comme une mère FAIT l’homme. Il est pied-à-terre, comme Hava était terrestre qui a couvert Adam de son étreinte.
Celui du clocher est masculin et paternel. Il est « profondément céleste ». En Orient, le dôme et le clocher, le minaret et la coupole vivent ensemble. Le père et la mère, la terre et le ciel, ce qui couvre et ce qui désigne, ce qui expulse et ce qui rassemble, ce qui recouvre et ce qui découvre.
Voilà…. Pour paraphraser un proverbe talmudique à propos de la barbe, mieux vaut un juif sans kippa qu’une kippa sans juif. Mieux vaut aujourd’hui garder la tête penchée ou relevée, qui dit oui ou qui dit non, qui cloche ou qui hoche, mais bien rattachée à son « rachis » et que la fermeté de la nuque soit tempérée par la généreuse amplitude des épaules. C’est sur elles que le prochain peut trouver son refuge. Paix sur la terre de France !
Merci pour votre chaleurrux et brillont article, cependant une seule chose vous échappe: la laïcité est le masque de l’hédonisme ! Ce n’est pas la laïcité qui détruit la kippa c’est le désir de jouissance sans un ciel au-dessus de la tête.
À partir du moment où la culture occidentale a globalement coupé avec ses racines spirituelles il ne lui reste plus pour religion que la gastronomie.
Les musées sont pleins, les églises sont vides, ainsi la spiritualité c’est inversée en culturel. Ce qui serait très bien si le culturel ne se masquait par lui-même dans le paraître qui a succédé à la déconstruction du model occidental.
La science fait office de croyance ce qui serait parfait si science dt trsnscrndance pouvaient se réconciler.
Arts et littérature ont jusqu’aux prémisses abstraits et conceptuels du XXe siècle cessé de porter une conscience du « plus grand que soit » qui a toujours habité le geste créateur. Dans les œuvres d’art le monde visible et invisible cohabitaient.
La post modernité a signé sa coupure entre culturel et spirituel d’où l’illégitimité symbolique de la kippa.
Plaisir sans transcendance et sans religion fait retour des rites païens qui n’offrent plus qu’une culture de la consommation et du paraître dans laquelle l’Islam vient s’engouffrer.
« Allah u Akbar » est le cri vengeur d’un désir de conquête et de soumission de sociétés qu’on ne craint plus, pour réparer par le ssng son refoulé historique.