La chronique de Pascale Davidovicz : Vers la fin du Famas et…

Vers la fin du Famas et…

des munitions pour l’armée française.

Un fusil d’assaut étranger remplacera le Famas.

Le fusil d’assaut de fabrication française depuis 40 ans a fait son temps et doit laisser la place à une arme de nouvelle génération, l’AIF, Arme Individuelle du Futur, dont les forces françaises doivent être équipées dès 2017.FAMAS

 

En mai 2014, la Direction Générale de l’Armement (DGA), qui relève du ministère de la Défense, a lancé un appel d’offres pour l’acquisition de 90 000 AIF.

L’appel d’offres lancé obéit aux règles européennes en matière d’acquisition d’armes et de munitions transposées dans le droit français par le décret n° 2011-1104 du 14 septembre 2011.

Les conditions requises pour répondre à l’appel d’offres éliminent d’emblée les rares entreprises françaises qui auraient pu y participer.

En effet, la Direction Générale de l’Armement (DGA) a précisé que seuls les candidats ayant
un chiffre d’affaires supérieur ou égal à 80 millions d’euros depuis plus de 3 ans seraient autorisés à soumettre une offre.

L’idée est de s’assurer que le fournisseur retenu pourra se plier aux 600 exigences du cahier des charges, honorer la commande dans la durée, livrer jusqu’à 16.000 armes par an et en assurer le service après-vente pendant trente ans.

« Les entreprises françaises capables de produire directement ce type d’armement il y a une quinzaine d’années ne le font plus ou ont été fermées. Il n’y a plus en France ce type d’activités », a déclaré le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

La Manufacture d’armes de Saint-Étienne, qui a produit le FAMAS, a fermé définitivement ses portes.

L’entreprise française Verney-Caron, fabricant de fusils de chasse depuis 1650, installée à Saint-Étienne, n’a pas un chiffre d’affaires suffisant.

Seul Thales pouvait proposer le fusil d’assaut F-90, déjà entré en service au sein des forces australiennes, mais le groupe n’a pas souhaité participer à cet appel d’offres en raison des contraintes techniques exigées par la DGA.

Deux députés interpellent le ministre de la Défense.

Dès juin 2014, le député Philippe Meunier, élu du parti Les Républicains dans le Rhône, a interpellé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sur le fait que le successeur du Famas, étant donné les conditions requises, allait être fourni par un armurier étranger.

Il est rejoint par son collègue Jean-Jacques Candelier du Parti Communiste, et ils adressent ensemble une lettre au ministre de la Défense pour plaider la cause d’une arme française.

« Nous comptons sur votre sens de l’État pour revenir sur votre décision d’acheter un fusil d’assaut étranger afin de consolider notre filière nationale de l’armement terrestre du ‘petit ou gros calibre’ », ont écrit les deux députés, qui estiment inacceptable le fait  que « tout ait été mis en oeuvre dans la procédure d’appel d’offres pour exclure, de fait, toute solution nationale.

Aussi loin que remonte l’histoire de nos armées, le fantassin français a toujours été équipé d’une arme fabriquée sur notre sol.

Aujourd’hui, la France, capable de fabriquer des avions de combat, des frégates et des canons, a la ressource industrielle pour concevoir et fabriquer le successeur du Famas ».

Ils sont cinq armuriers européens en compétition pour un marché évalué entre 200 et 250 millions d’euros : le belge FN Herstal, l’italien Beretta, l’allemand Heckler & Koch (HK), le suisse Swiss Arms (ex-SIG Arms) et le croate HS Produkt.

Il ne resterait à la France qu’un rôle de sous-traitance à Nexter Mechanics sur le site de Tulle, qui travaille encore sur le Famas, et à la société Manurhin à Mulhouse.

Les deux sociétés sont donc en attente de l’appel d’offre portant sur le MCO (Maintien en Condition Opérationnelle) du futur fusil d’assaut des militaires français et de la distribution des pièces détachés.

A l’heure où notre président cherche des solutions pour réduire la courbe du chômage, et à se trouver un alibi pour se représenter à la présidentielle, il est dommage qu’il n’ait pas sauté sur l’occasion pour relancer l’industrie française de l’armement et donner des emplois.

En janvier 2015, pour le député Philippe Vitel du parti Les Républicains, il s’agissait de « réfléchir à la manière d’exercer notre souveraineté ».

« Le temps qu’on charge notre arme on est mort »

C’est le témoignage, parmi d’autres, d’un militaire avant que le plan Vigipirate de « basse intensité » soit enfin relevé.

Dans mon article « Une mort annoncée » du 2 décembre 2015, je relatais ce que j’avais appris de mon fils, qui était amené à patrouiller dans le cadre du plan Vigipirate : les Famas n’étaient pas approvisionnés.

Le chargeur se trouvait sous blister dans petite sacoche arrière du ceinturon, quand il n’était pas sous plastique !

Avec un peu de retard les soldats patrouillent désormais avec gilet pare-balles et l’arme approvisionnée.

Reste que, contrairement à Israël, la réplique doit être « proportionnée » et les militaires, comme les policiers, doivent choisir entre se faire tuer ou risquer de ne pas se voir reconnaître la légitime défense.

Une pénurie de munitions pour l’armée française.

L’information est sortie le 21 décembre dernier en toute discrétion.

Dans un rapport qui a été publié, deux députés, Nicolas Bays (PS) et Nicolas Dhuicq (LR) se disent «préoccupés» par le renouvellement des stocks de munitions, compte tenu de l’intensification des opérations militaires.

Une source au ministère de la Défense confirme que nous consommons davantage de bombes que la courbe prévue dans la Loi de Programmation Militaire (LPM).

Début 2015, l’Armée de l’Air et la Délégation Générale de l’Armement (DGA) ont lancé une procédure d’appel d’offres afin de couvrir les besoins estimés des années à venir.

Si l’armée de l’air peut s’appuyer sur une filière française performante (Safran, MBDA), certaines parties des missiles air-sol et les kits de guidage des bombes GBU sont de production américaine et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils ne pourront peut-être pas fournir tous leurs clients.

La France a détruit en Irak et en Syrie près de 700 objectifs.

Au total, plus de 400 frappes ont été menées depuis septembre 2014.

Après les attentats, les bombardements se sont intensifiés pour combattre Daesh mais la consommation de bombes est supérieure aux prévisions de la loi de programmation militaire.

La libération de Raqqa et de Mossoul.

François Hollande a annoncé que le rythme des frappes alliées contre l’organisation terroriste de Daesh en Irak et en Syrie serait « accéléré » et que cela passerait « par la libération des villes de Raqqa en Syrie, et de Mossoul en Irak, parce que c’est là que se situent les centres de commandements de l’Etat islamique ».

Souhaitons qu’il nous reste suffisamment d’armement.

Pascale Davidovicz

Sources : www.opex360.com – www.latribune.fr – http://news360x.fr – http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr – www.liberation.fr – www.la-croix.com – www.lefigaro.fr

 

 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

3 Comments

  1. Quel désastre !
    Et dire que si une entreprise francaise avait le marché, elle obtiendrait automatiquement les conditions requises, puisqu’elle aurait une belle commande lui permettant de voir à long terme.
    Par précaution, l’armée pourrait même faire fabriquer son arme par les 2 entreprises françaises ayant capacité à le faire, donnant du travail à 2 régions françaises. Cela ferait du bien à la ville de Tulle, alors que ses commerces disparaissent lamentablement.
    M. le président, vous pourriez intervenir!

    • Je ne fais que vous faire connaître les faits.
      Je n’ai aucun moyen de mobilisation mais peut-être que chacun auprès de ses représentants régionaux ou autres peut faire quelque chose.
      Et cela remontera peut-être jusqu’au président.
      Je partage votre désarroi quant à l’abandon de l’industrie française qui détruit nos régions.

  2. En 1961, appelé du contingent, je montais la garde de nuit au Camp de Satory.
    J’avais un fusil américain type Garant non approvisionné.
    Les cartouches se trouvaient dans un emballage en toile de jute !!
    Je vois avec stupéfaction que, plus d’un demi-siècle plus tard,
    les choses n’ont pas changé.
    Triste…..

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*