Tribune Juive

Faut-il monter en Israël ? Le débat, par José Boublil

MONTER EN ISRAEL :

UN DEBAT QUI ME FATIGUE

LORSQUE JE LIS CERTAINES CHOSES

Régulièrement, certains trouvent pertinent d’expliquer combien il est difficile de vivre en Israël .
Cela passe par la voix de certains rabbins qui découragent d’aller vivre là-bas, car la langue,
les difficultés d’adaptation économique, la malhonnêteté des gens, vous mènent à un retour inéluctable. Pour les rabbins, je peux « comprendre » puisqu’ils perdent des « clients ». Et malheureusement en le disant je ne suis pas d’humeur à rire .

Crédit Flash90.
Crédit Flash90.

Mais pour les autres, des individus tel ou tel , je crains des effets d’optique très déformants. Car, si l’on s’en tient aux chiffres officiels, les retours de ceux qui ont fait l’Alyah représentent environ 10% des arrivées, pour les français. Ainsi, 90% des gens qui montent restent car, en faisant un bilan global, ces gens ne veulent plus bouger .

Quant aux 10%, c’est triste, mais ça reste une statistique de ceux qui, où que ce soit, ne sont pas capables de trouver une place qui leur convient: échec économique , échec scolaire des enfants, divorce en début d’Alyah, erreur sur la ville d’installation par rapport à ses attentes, etc… Aucun projet de cette envergure ne peut connaitre plus de 90 % de réussite. Cela ne signifie pas que tous ces 90% soient devenus milliardaires, aient des enfants docteurs en physique nucléaire , pilote de combat ou chirurgiens orthopédistes; qu’ils ont trouvé 350 amis intimes, et un Rav d’exception.
Cela signifie qu’ils ont réalisé que nulle part ailleurs ils ne pourraient être mieux qu’ici, plus heureux, plus épanouis.

Pour le comprendre, c’est assez simple. D’abord, il faut rappeler la réussite économique exceptionnelle du pays. Cela signifie forcément des tas d’entreprises qui embauchent; des projets innovants, géniaux, qui portent des valeurs magnifiques parfois (biotech, médical devise, etc…). Une vitalité dans tous les domaines qui irriguent ces entreprises : la finance, les banques, le recrutement, l’informatique etc.. Bien sûr, les français qui veulent être du voyage doivent apprendre la langue, ils doivent enfin ne pas la ramener toutes les 5 minutes-juste parce qu’ils ont appris à grogner comme les fonctionnaires de la poste française, sur tout et n’importe quoi- pour comparer la pauvre petite berline qu’ils ont pu s’acheter alors qu’à Paris ils avaient une grosse 4×4 noire pour épater les voisins. Ils doivent mesurer que la vie n’est pas  » l’avoir  » mais  » l’être  » .

Ils grognaient lorsqu’il pleuvait sans cesse , 8 mois dans l’année. Mais aujourd’hui , alors qu’il fait soleil 10 mois dans l’année, ils ne lèvent pas les yeux au ciel pour dire merci. Ils pleurent et s’émeuvent quant un jeune rabbin se fait attaquer , en disant qu’ils n’ont plus rien à faire en France. Si c’est la cas, pensez-vous que votre destin alternatif c’est Los Angeles ? Pensez-vous
sérieusement que vous allez y faire fortune? Et surtout que c’est le seul critère de choix d’une nouvelle vie ?

Mon Dieu, combien cette approche m’est étrangère. Combien je comprends Moshe Rabbénou qui, d’un côté a montré qu’il était prêt à tout pour protéger son peuple , quitte à être effacé du « Livre ». Et de l’autre , combien de fois il a ravalé sa salive face à cette ingratitude insupportable : « ‘am kechei ‘oreph », un peuple à la nuque raide.

Mais mes amis, si vous voulez rester là où vous êtes, vous avez sûrement raison. Si vous voulez aller en Australie,probablement avez-vous évalué tous les bienfaits de ces plages immenses, puisque la vie des hommes ressemble à celle des tortues ou des chevaux: du soleil, de l’eau, un peu à manger : tout va bien ; le cerveau hiberne jusqu’à votre départ de la planète terre.

Choisissez vos destinations , vous êtes libres. Mais arrêtez de faire partager votre choix qui n’est qu’un savant mélange de prudence extrême, de peur du combat, et de vos échecs. Vous avez le droit de fermer la porte de l’espoir (Hatikva) à vos enfants pour qui les chances seraient bien supérieures aux vôtres, mais pas de décourager vos amis, vos voisins, simplement parce que vous mêmes n’êtes pas capable de vous construire un monde épanoui en Israël. Israël est la terre de nos ancêtres communs et moralement vous avez l’obligation de n’en dire que du bien.

D’autant que ce n’est plus la jungle , loin s’en faut. Faites donc une petite introspection pour comprendre ce qui vous fait,par certains aspects, ressembler à Rony Brauman ou à Edgard Morin.

Pour ceux qui me lisent, je vous le dis venez revoir les statistiques de l’Agence Juive ou des organismes d’aide aux Olims (AMI, CNEF, Massa, …) et assurez-vous bien que dix personnes neuf resteront en Israël à jamais . Ainsi, serez-vous dans les dix très malchanceux, étant entendu que si vous avez un « œil malveillant » à l’égard d’Israël vous avez de fortes chances de repartir, d’être parmi les échecs.

José Boublil

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