L’agression antisémite de Marseille et l’attaque de la Goutte d’or contre un commissariat de police viennent de nous rappeler avec violence l’effrayante réalité occultée par la « bataille contre la déchéance de la nationalité française des ressortissants binationaux ». Nous sommes en guerre et le front n’est pas qu’au Moyen-Orient, mais également ici, chez nous comme je l’évoquais lors de mon audition par commission d’enquête parlementaire sur les individus et les filières djihadistes.
Il n’y a plus de profil type du djihadiste !
L’adolescent de 15 ans qui a agressé à la machette un enseignant juif portant une kippa à Marseille est point par point à l’opposé de l’idée que l’on se fait habituellement du candidat au djihad. Ce n’est pas un individu désocialisé et connu de la justice, comme le responsable de la récente attaque du commissariat de la Goutte d’or.
Bien au contraire. Il n’a jamais fait parler de lui et ses bulletins scolaires le placent en tête de classe. Pourtant, il se revendique de Daesh et était prêt au pire, tout comme l’agresseur du commissariat, d’origine tunisienne. Alors que l’enquête ne fait que commencer, il semble s’être radicalisé tout seul sur internet en écoutant la propagande de l’Etat islamique.
Nous sommes confrontés à un triple danger !
Ces terribles évènements tracent un portrait terrifiant et protéiforme de notre ennemi qui peut prendre toutes sortes d’apparences, même les plus inattendues, et frapper partout, à tout instant.
Cela va des filières composées majoritairement de djihadistes aguerris pouvant réaliser des attaques coordonnées et complexes, en passant par des novices mal préparés mais bénéficiant d’un encadrement et d’un soutien logistique, comme les attaques de novembre à Paris. Ou encore ce peut être des individus isolés et perméables à la propagande islamiste véhiculée par internet. Ces derniers décideront seuls où et quand ils passeront à l’acte et les moyens utilisés sont anodins, couteaux, objets contendants ou voitures bélier.
Ce qui a changé depuis Charlie et l’Hypercacher
Les théoriciens du djihad en s’attaquant d’abord à « des caricaturistes et des juifs », ne l’ont pas fait par hasard. Ils ont choisi des cibles pour lesquelles on pouvait trouver une mauvaise explication, un mobile apparent : le blasphème ou le conflit israélo-palestinien.
Après un élan national de solidarité, tout le monde ou presque est retourné à son quotidien, jusqu’aux sanglantes attaques parisiennes de novembre où il fallut se rendre à l’évidence. Nous sommes tous des cibles potentielles et il n’y a aucune justification d’aucune sorte. Pour paraphraser la très controversée déclaration de Raymond Barre, lors de l’attentat de la Synagogue de la rue Copernic, « nous sommes tous des français innocents » !
Si l’on s’affronte sur des détails,
c’est que l’on est d’accord sur l’essentiel
Tous ces candidats au djihad, aussi différents soient-ils, ont pourtant en commun la même haine, la même détermination et vouent un culte à la mort qui est pour eux une valeur suprême. Et sans le savoir, ils font partie d’un plan d’ensemble pensé par les théoriciens du djihad qui savent jouer des faiblesses des individus et de notre société. Les premiers attentats étaient un test et nous avons échoué collectivement à voir le vrai danger et donc à prendre les mesures qui s’imposaient alors.
Si pour les filières organisées des solutions, bien que complexes, ont déjà fait leurs preuves, pour les « loups solitaires », pratiquement tout reste à développer et il y a urgence. Nous n’avons guère le luxe de perdre un temps précieux dans des débats certes fondamentaux sur le plan moral, mais qui deviennent hors sujet lorsque cela prend de telles proportions et que cela paralyse l’action. Car si l’on s’affronte sur un point de détail, c’est qu’à l’inverse on est d’accord sur tout le reste. Et en période de crise, il convient de privilégier ce qui unit plutôt que ce qui divise.
La répression et le renseignement
mais également le volet éducatif
Il nous revient dès lors, et au-delà des clivages politiques, de démontrer collectivement et à tous les niveaux de la société notre ferme détermination de combattre ceux qui veulent nous détruire afin de préserver la sécurité des françaises et des français, notre culture, nos valeurs et notre avenir. Pour cela nous devons nous doter d’un arsenal répressif et le faire appliquer, renforcer le renseignement et disposer des moyens opérationnels performants. Cela aura un coût que l’on ne peut refuser.
Mais si l’on veut traiter le mal à la racine, il faut impérativement y adjoindre un volet éducatif qui réinsuffle la République et les valeurs citoyennes du vivre ensemble. Et comme je l’ai proposé lors de mon audition, on pourrait mettre en place dans les villes à forte mixité des structures appelées « Instituts des CultureS », travaillant en lien avec le tissu associatif, et dont le but est de donner une réponse adaptées aux personnes, jeunes et moins jeunes, en recherche de racines, cibles faciles des marchands d’identités fantasmées qui ont toutes en commun l’abolition de l’Autre.
La modernité, c’est accepter l’autre !
Nous ne gagnerons ce combat existentiel contre la radicalité qu’en réapprenant qui l’on est, d’où l’on vient, et en nous respectant mutuellement quelques soient nos origines. Car la modernité ce n’est pas que le progrès scientifique, c’est avant tout l’acceptation réciproque de nos différences.
Pr Hagay Sobol
M. Sobol,
Pour cette fois, l’agresseur a frappé dans notre environnement immédiat, dans notre quartier.
S’il n’y a pas de profil type de djihâdiste, il y a depuis quelques temps ce profil qui fait école. En Israël, et particulièrement à Jérusalem, cela prend la forme d’un fléau. Une personne sort de chez elle après avoir pris une arme blanche et peut attaquer avec un effet surprise imparable.
La propagande par internet y est le moteur central. C’est pour cela que si vous êtes pour l’éducation dont les vertus sont reconnues depuis longtemps, chez nous le peuple du Livre, il ne faut dénigrer l’information et l’incitation à la haine véhiculées par internet. Ét donc « filtrer » ce vecteur pour le désarmer de sites pernicieux. S’il y a état d’alerte, c’est à ce niveau qu’il faut agir. Les prêches aussi sont à surveiller dans les mosquées. L’imam de Montpellier est un exemple de détournement des messages envoyés. Violents au possible, ils sont aussitôt interprétés comme faussement pacifistes. Si on ne veut pas l’admettre, on passe à côté du sujet.
Et le volet éducatif qui fait défaut cruellement, c’est tout simplement le Service Militaire. Sortir les jeunes de 20 ans et les confronter 1 an à la société et à la rigueur militaire. Des générations passées y ont été confrontées et en sont sortis mûris.
ça fait 40 ans qu’on se trompe de cible , on nous a manipulé avec l’extrème droite et manu continue à longueur de discours a nous enfumer avec sa haine du fn. personnellement l’ennemi je le connais et je m’en méfie énormément.
bruno,
Personnellement je me méfie de TOUS les EXTREMISTES !
La radicalité a 1000 visages, notre devoir est de les débusquer et de les combattre et non de s’allier avec l’un en pensant efficacement mener la lutte.
Merci pour votre commentaire.
Ce sont des éléments de de réponse qui vont dans le sens des propositions que j’ai faites et qui sont largement partagées dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le djihadisme.
Si il y a bien un profil type valable à 100% : ce sont tous des musulmans. Qu’ils soient riches ou pauvre, instruits ou illettrés, grands ou petits est secondaire.
André,
Saviez-vous qu’il y a des juifs qui s’engagent au côté de Daesh…
Donc le djihadisme et la spirale infernale qui y conduit sont des phénomènes plus complexe que vous ne le laissez entendre.
L’adolescent de Marseille, est d’origine Kurde de Turquie… ceux qui sont pris pour cible par Daesh…
Qu’en pensez-vous ?
Oui, cela peut paraître surprenant de la part d’un kurde, mais n’oublions pas son âge.
L’influence de son environnement scolaire( lycée Louis Lumière…), et familial peuvent l’avoir influencé. Les immeubles qu’il habite ont tous une parabole. A 16 ans…..