Le 23 novembre 2015, l’imam Mohamed Khattabi a été placé en résidence surveillée par les autorités françaises. Le 25 décembre, il est revenu à la tribune de sa mosquée de Montpellier, où il a versé quelques larmes et expliqué que la presse avait prétendu qu’il soutenait les djihadistes. Khattabi a précisé que lorsqu’il parle de djihad dans ses sermons, il ne veut pas dire « guerre » ou « tuerie ». Extraits :
Imam Mohamed Khattabi (en arabe) : Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier les musulmans. Allah m’a béni d’amour pour les musulmans. Dieu est mon témoin, alors que je me tiens debout à cette tribune. Pardonnez-moi, parce que les mots… Je vous invite à être mes témoins devant Allah… Je vous aime au nom d’Allah. Allah m’a accordé l’amour de l’islam et des musulmans. Qui peut extirper cet amour de mon cœur ? Allah m’a accordé votre amour et de m’inquiéter pour vous, pour vos intérêts et ceux des générations à venir. L’amour fait des envieux et des haineux.
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Par Allah, je ne dis pas cela par hypocrisie. C’est au-delà de mes capacités. J’aime cette religion, et j’aime les musulmans. J’ai consacré ma vie à vous servir. Devrais-je être condamné pour cela ?
L’imam Mohamed Khattabi essuie une larme
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Imam Mohamed Khattabi (en français) : La religion de l’islam est mal comprise des deux côtés : par les non-musulmans, qui ne connaissent pas beaucoup de choses sur l’islam, et par les musulmans eux-mêmes, dont beaucoup sont en conflit dans la compréhension de l’islam, beaucoup de musulmans, en conflit avec la compréhension de l’islam. Donc quoi dire de l’extérieur ? Quoi dire de l’extérieur ? Je vous donne un exemple : chaque fois que je fais les invocations, je dis en arabe : « Allah, accorde la victoire à l’islam et aux musulmans, et soutiens Tes serviteurs, les moudjahidines partout dans le monde. » Je dis cela à chaque fois. « Apporte Ton triomphe à l’islam et aux musulmans, et apporte Ton secours aux moudjahidines. »
Un journaliste m’a posé la question – et cela a été publié dans les journaux – comme quoi je soutiens les djihadistes. Voilà une mauvaise compréhension de la religion musulmane, parce qu’on a réduit le djihad à porter les armes. On a réduit le djihad à la tuerie. On a réduit le djihad aux attentats. Et pourtant le djihad… comme l’a dit le Prophète Mahomet après la bataille d’Uhud : « On a quitté le petit djihad pour retrouver le grand. » Le djihad c’est le quotidien. Le djihad est perpétuel. Marcher droit, dire la vérité, ne pas tricher, ne pas mentir, c’est du djihad.
Je m’adresse à la jeunesse. Chaque fois que ton père ou ta mère t’appelle : « Viens mon fils, descends la poubelle », tu dois faire un djihad au fond de toi pour dire : « Oui, maman, je vais descendre la poubelle. Oui maman, oui papa. » Et je ne vais pas dire : « Pourquoi c’est pas lui qui descend le djihad ? (sic) », t’as raté ton djihad, « c’est pas lui qui descend la poubelle ? », t’as raté le djihad.
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Quand Allah parle de guerre, il parle de « guerre ». « Chaque fois qu’ils allument un feu pour la ‘guerre’ »… Il parle de « guerre ». Il parle aussi de « tuerie » quand il s’agit vraiment de guerre. Mais le terme « djihad » a un autre sens. C’est un terme noble.
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Si j’ai bien compris, dans la bouche de cet homme qui a l’amour des musulmans (et que des musulmans), le mot djihad = mitzva. Cela se réduit à ne pas refuser de descendre la poubelle à sa maman.
Quand il dit dans ses prêches “Allah, accorde la victoire à l’islam et aux musulmans, et soutient Tes serviteurs, les moudjahidines partout dans le monde”, il est obsédé par la collecte des ordures.
En fait l’Islam milite pour le recyclage des déchets. Il y a pourtant un service pour ça dans toutes les mairies de France.
Mais il reconnaît lui-même qu’il y a beaucoup de musulmans qui sont en conflit avec la compréhension de l’Islam. Mais ce sera sûrement pas de sa faute! Son message était pourtant très clair.
Ahahahah !
Puisqu’il est en France et qu’il s’exprime en français, il pourrait pour lever toute ambiguïté préciser sa pensée en ajoutant en français à l’intention de ses ouailles simplement les termes “intérieur” ou “sur soi” lorsqu’il parle de “djihad” et d'”accorder la victoire à l’islam et aux musulmans”… non ?
Et bien non, ce serait trop clair apparemment…
Comment parler philosophie à des masses illettrées et ignares dont les enfants, férus de jeux vidéos guerriers, ne pratiquent pas le français en dehors de l’école de la République qu’ils haïssent et dont ils méprisent les maîtres sur lesquels ils crachent dans un pays où le service militaire obligatoire n’existe plus ? Quadrature du cercle et mission impossible. Cet imam devrait s’adapter à son auditoire, c’est le b-a ba de la pédagogie. Il y a plus de 50 ans le clergé a abandonné le latin pour se faire mieux comprendre des fidèles lors des offices religieux.