La femme est l’avenir de l’homme…
Quand elle est au combat.
Hommage aux combattantes.
Pour rendre hommage aux femmes partout dans le monde qui combattent pour la liberté, contre la criminalité, l’obscurantisme et la misère, je n’avais que l’embarras du choix tant la liste des combattantes est longue.
J’aurais pu parler des kenyanes qui se révoltent contre les violences sexuelles, des burkinabées actives au sein des coopératives ou des colombiennes qui revendiquent leur droit à la sécurité et s’opposent au recrutement de leurs enfants par les bandes armées, et de tant d’autres.
J’ai choisi deux exemples.
Au Kurdistan.
Les femmes n’ont pas attendu l’offensive de l’Etat islamique pour jouer un rôle capital dans la société kurde.
Elles se sont organisées, ont participé aux réunions politiques pour défendre leurs droits et se sont formées au combat.
Partout où il y a des djihadistes, il y a des femmes en face d’eux qui jouent un rôle majeur et décisif, tant leur détermination est extrême.
Elles savent que les djihadistes les craignent car ils pensent qu’ils n’iront pas au paradis s’ils sont tués par ces combattantes.
Cela fait aussi d’elles une cible privilégiée.
Car si l’Etat islamique constitue un grand danger pour l’humanité, il en est aussi un pour la femme et son statut.
Les femmes yézidies, de la communauté kurde du nord de l’Irak, en ont fait les frais.
Elles sont des milliers à subir la « théologie du viol » et le commerce sexuel de l’Etat islamique.
Ce sinistre commerce s’est organisé à partir de la conquête de Sinjar en août 2014, quand les combattants de Daesh ont pris d’assaut les villages de ces montagnes du nord-ouest de l’Irak, près de la frontière syrienne.
Selon le New York Times, Daesh a mis en place une véritable bureaucratie en charge de l’esclavage sexuel, et il existerait un « manuel » de trente-quatre pages sur le viol élaboré par le « département de la Fatwa ».
Pour Daesh, le viol n’est pas qu’un acte de guerre ou de vengeance, mais a été intégré à la doctrine sacrée de la religion. Il est même qualifié de « spirituellement bénéfique » et de « vertueux ».
Ainsi, une victime âgée de 12 ans raconte que, lorsqu’un membre de l’État islamique l’a violée, il lui a affirmé que, selon l’islam, le viol d’un incroyant est autorisé.
Les femmes et adolescentes capturées sont transportées vers plusieurs destinations en Irak et en Syrie, puis vendues comme esclaves sexuelles.
La majorité d’entre elles seraient toujours captives.
Le sacrifice suprême d’une femme.
Arin Mirkan, de son vrai nom Dilar Gencxemis, capitaine des Unités Populaires de Défense des Femmes (YPJ), branche armée du PYD (Parti de l’Unité Démocratique), s’est faite exploser le 5 octobre 2014 au vingtième jour du siège de Kobané, au milieu des djihadistes, en tuant des dizaines, pour ne pas céder à l’Etat islamique.
Elle a été jusqu’à sacrifier sa vie et son action illustre la détermination des kurdes à ne pas se soumettre.
La branche militaire du PYD compte environ 4000 femmes.
Elles participent au conflit en toute connaissance de cause, avec une conscience politique, contrairement à la plupart des guerres où elles sont juste embrigadées.
Il y a deux façons de s’organiser dans la lutte armée kurde : soit à travers des unités exclusivement composées de femmes, avec femmes colonels et commandantes, au sein du YPJ, la branche féminine des unités de protection du peuple (YPG), soit au sein d’unités mixtes, où des femmes peuvent aussi très bien être amenées à commander des hommes.
En Inde.
Un viol est perpétré toutes les 20 minutes en Inde.
Des viols collectifs, parfois suivis de mort, ont été repris dans la presse et dénoncés par les associations des droits de l’homme.
Mais le viol en Inde continue d’être « toléré » et peut même être une punition.
En août dernier, dans le Nord de l’Inde, deux sœurs, dont l’une n’avait que 15 ans, ont été condamnées par le conseil d’anciens du village, appelé panchayat, à être violées et exposées nues comme punition parce que leur frère était accusé, sans que cela soit prouvé, de s’être enfui avec une femme mariée.
C’est sur ces femmes qu’est tombée la punition.
Les sœurs ont dû fuir leur village, leur maison a été détruite et leurs proches sont en danger de mort.
Ces conseils de village ou d’anciens n’ont aucune valeur juridique mais conservent une influence considérable dans l’Inde rurale.
En 2011, la Cour suprême de l’Inde a décrit ces panchayats comme des « tribunaux de pacotille » et a déclaré que leurs décrets étaient illégaux.
Le phénomène ne touche pas que les zones rurales, en octobre dernier, deux petites filles, l’une de deux ans et demi et l’autre de cinq ans ont été violées à New Delhi, la seconde en réunion.
Ce ne sont que deux exemples parmi des milliers d’autres.
Même après le viol en réunion d’une étudiante, morte de ses blessures, dans un bus à New Delhi en 2012 qui avait poussé le gouvernement à durcir les peines pour les délinquants sexuels, on dénombre 36735 cas de viol en 2014, dont 2096 à New Delhi.
Le défi d’une femme.
Des manifestations gigantesques ont eu lieu en Inde pour dénoncer ces pratiques abjectes et la passivité de la police et des autorités.
Rupi Kaur, une artiste indienne résidant au Canada, a choisi de défier la tradition et les tabous en les confrontant à leurs contradictions.
Car, si le viol est « toléré », en revanche, pendant leurs menstruations, les femmes indiennes doivent s’isoler et, dans beaucoup de familles, elles n’ont pas le droit d’entrer dans la cuisine pendant le temps de leurs règles, et tout ce qu’elles touchent doit être nettoyé.
Elles peuvent même être enfermées dans une chambre pendant des jours.
Au Kerala, il leur est même interdit de mettre un pied dans un temple entre le jour de leurs premières règles adolescentes et leur ménopause !
Alors, Rupi Kaur a pris et publié une photo de sa sœur allongée et habillée d’un pyjama, avec une tâche de sang, dans le cadre d’une série de photographies dont l’objectif était justement de mettre en valeur cette période mensuelle qui rappelle à la femme qu’elle a la capacité de procréer.
Instagram a retiré la photo à deux reprises, car cela aurait violé les règles communautaires.
Cette décision a lancé un large débat en Inde sur le tabou des règles, et les discriminations que subissent les femmes.
Face au tollé provoqué, le réseau social l’a remise en ligne et a présenté ses excuses à l’auteure, prétextant une suppression « accidentelle ».
Partant des classes privilégiées et des universités, un mouvement grandit pour condamner ces discriminations, et des étudiants des universités de Delhi et de Calcutta ont plaqué des serviettes hygiéniques sur des murs avec des messages demandant le respect des femmes violées et pour briser le tabou autour des règles.
Le sexe soit disant faible est fort et je dédie mon article à toutes les femmes martyrisées et résistantes du monde entier.
Pascale Davidovicz
Sources : rfi.fr – liberation.fr – lalibre.be – lesobservateurs.ch – lefigaro.fr – slate.fr – humanite.fr
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