Kerry

QU’EN PENSE LE « FORWARD » ?

LA VRAIE DIFFERENCE ENTRE LES DEUX ATTAQUES TERRORISTES DE PARIS

Un article de J. J. GOLDBERG

Traduit et adapté par VICTOR KUPERMINC

 La controverse suscitée par John Kerry fait penser aux réactions qui suivirent la déclaration de Raymond Barre à la suite de l’attentat de la rue Copernic, le 3 octobre 1980 : « … Cet attentat odieux qui voulait frapper des israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des français innocents… »
VK
Le secrétaire d’Etat John Kerry a mis le feu aux poudres, à la suite des attaques terroristes de Paris, en tentant de préciser la différence entre le carnage de novembre et le massacre de Charlie Hebdo. Cet incident est plutôt instructif, mais pas dans le sens attendu.
U.S. Secretary of State Kerry speaks about the Ukraine crisis after his meetings with other foreign ministers in Paris
Au cas où cela vous aurait échappé,  Kerry a tenu une conférence destinée au personnel de l’Ambassade américaine de Paris, le 17 novembre dernier, quatre jours après le bain de sang. Il a soutenu que les deux attaques islamiques étaient différentes, parce que celle de Janvier avait « un but particulier » Il y avait une logique derrière Charlie Hebdo , à laquelle vous pouviez vous référer et affirmer : «  Bon, ils sont furieux, à cause de ceci ou cela » Au contraire, « ce vendredi fut absolument « indiscriminé » ; destiné à terroriser n’importe qui, à attaquer n’importe quoi. »
Un importante idée est soulevée ici. Pour l’essentiel, Kerry dit que les terroristes  de Charlie Hebdo attaquèrent un groupe d’individus qui avaient fait quelque chose qu’ils n’approuvaient pas. Ceux de Novembre  ont tiré au hasard, sans chercher à se venger de tel ou tel individu, pour quelque chose qu’ils avaient fait. Ce fut, dit Kerry, une attaque contre la démocratie occidentale, contre « tout à ce à quoi nous croyons. »
Les critiques de droite ne sont pas d’accord. Les républicains et les conservateurs vont jusqu’à exiger la démission de Kerry. Le Secrétaire d’Etat s’enferra gravement, en déclarant que l’attaque de janvier avait une « légitimité » ; puis il rétropédala en précisant qu’il voulait dire « non pas une légitimité » mais une logique ». En plus, Kerry sembla ignorer l’attaque du supermarché kasher qui suivit le massacre de Charlie Hebdo. Le motif antisémite est plus compliqué à expliquer que Charlie Hebdo. Les terroristes du supermarché kasher ne visaient pas des individus précis, mai un groupe, les Juifs – dont ils pensent qu’ils sont globalement coupables de complicité de crimes contre les Musulmans.
Au contraire, les islamistes de Novembre, ne visaient pas un groupe en particulier. L’Etat Islamique annonça, le jour suivant, qu’était frappée la capitale mondiale de la prostitution et de l’obscénité. Les objections des conservateurs à la théorie de Kerry ont été résumées dans un article en ligne intitulé « l’innommable Kerry ». On y pose la question : « La tuerie de novembre a-t-elle été plus terrible que celle de Janvier ? Pourquoi ? Il semble que pour Kerry, quand on tue des journalistes et des Juifs, il ne s’agit pas d’une atteinte contre nos valeurs. Tandis que s’attaquer à un restaurant, une salle de concert et un stade, c’est s’attaquer à ce que nous croyons. Etrange : tenons-nous plus à la nourriture, au sport et à la musique qu’à la liberté de la presse et la liberté religieuse ? Kerry semble très confus sur ce point. Il dit qu’on peut comprendre qu’on tue des innocents lorsqu’on a une bonne raison de les haïr. »
Vous pouvez appeler cela une erreur de communication, mais c’est bien pire. C’est délibérément déformer ses propos. Le verbe « comprendre » a deux sens. C’est d’abord expliquer et admettre ; c’est ensuite, accepter, pardonner, endosser. Il est devenu à la mode parmi les conservateurs d’élider les deux sens. Lorsque les libéraux disent « comprendre » les mobiles des terroristes – dans le but de résoudre et d’éviter d’autres crimes – leur compréhension des actions terroristes n’a rien à voir avec un quelconque pardon. Kerry n’est que la dernière victime de ce dérapage.
C’est aussi le point de vue de Netanyahu, de ses alliés et partisans. Le Premier ministre tente depuis des mois de convaincre l’Occident que les ennemis d’Israël, principalement le Hamas et le Hezbollah, sont comparables à l’Etat Islamique et à Al Quaida. Ils soutiennent que les atrocités commises de Paris à Mossoul devraient convaincre les Occidentaux du bien fondé de leur politique envers les palestiniens.
Mais, les services de renseignement israéliens eux-mêmes ne sont pas convaincus. La violence en Palestine est individuelle, non idéologique et actionné par les jeunes. « La motivation serait le désespoir, la frustration et le défaut de progrès diplomatique ». Ce sont les termes employés par les Agences, non pas mes propres mots. Le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, incite ses propres services de sécurité à poursuivre la coopération avec Israël.
Enfin, Israël et l’Occident ne font pas face à une vague de terrorisme, mais au moins à trois. D’abord, l’Etat Islamique, mû par une sorte d’extase messianique, et le retour du califat. Ensuite, Al Quaida, conduit par la haine contre l’occident et les insultes supposées contre l’Islam, et aussi par les pertes d’audience au profit de l’Etat Islamique. Enfin, la rébellion des jeunes palestiniens frustrés et désespérés .
S’il y a une leçon à tirer de tout ceci, c’est bien l’étonnante capacité des politiciens, et pas seulement à droite, d’ignorer les faits, et les analyses des experts,  pour s’inventer leur propre réalité et suivre leur propre idée fixe.
J. J. GOLDBERG

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