Mohammed Chirani est né en France en 1977 de parents algériens.
A l’âge de 9 ans, il retourne en Algérie avec ses parents.
Il apprend l’arabe et fréquente une école coranique.
Adolescent, il vit avec effroi les conflits religieux et la terrible guerre civile qui meurtrit le pays.
Il rejoint les scouts musulmans algériens, proches des frères musulmans modérés utilisés par le pouvoir algérien contre le FIS (Front Islamique du Salut) qui milite pour la création d’un Etat islamique en Algérie.
Sa conscience se développe et il quitte les frères musulmans à 19 ans.
Mais, revenu en France, il se perd dans le monde de la nuit, dans l’alcool et les boîtes de nuit.
Et puis un jour, confronté aux attentats islamistes, il met fin à sa dérive et choisit de s’engager.
En 2007, étudiant à Sciences Po, il crée une association « Votez banlieues » soutenue par Ségolène Royal.
En 2014, il se présente sur une liste soutenue par l’UMP aux municipales à Sevran. Mais son équipe se fissure et une partie de ses soutiens l’abandonne. On remet en cause sa fiabilité.
Désormais pour lui la politique c’est terminé, et il se dit un citoyen engagé pour le vivre ensemble.
Le djihad du témoignage.
C’est le nom que Mohammed Chirani a donné à son combat.
Il proclame un djihad citoyen et spirituel contre le djihad mortifère, haineux et violent de Daesh.
Invité d’iTélé le 19 novembre dernier, il brandit un Coran et sa carte d’identité française qu’il embrasse avec un discours en arabe et en français à destination de Daech.
Il vient affirmer son amour du drapeau français et, à l’encontre d’une faille identitaire, il revendique une appartenance, un récit et un sens que la société civile et le secteur privé doivent s’approprier.
Il dit à Daesh : « Nous allons mener le djihad spirituel et citoyen contre vous. Vive la France et vive la République. »
Il est reçu par Jack Lang à l’Institut du Monde Arabe en tant que consultant en politiques publiques et de prévention contre la radicalisation.
Il est invité et adoubé par Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman.
Il est aussi reçu par les représentants du culte protestant.
A ma connaissance il n’a pas encore été reçu par les instances représentatives juives.
Menaces de mort.
Daesh répond très rapidement en le menaçant de mort.
C’est le journaliste de RFI David Thomson qui le prévient des menaces de mort qui pèsent sur lui.
Mais c’est pourtant seul et sans sécurité qu’il se déplace, il n’a pas demandé de protection policière et ne veut pas se taire.
« J’ai déjà connu la peur durant la guerre civile en Algérie. J’y suis préparé psychologiquement. Je suis tranquille dans ma tête. C’est mon destin d’apporter ma voix, de mettre un terme à l’amalgame, à la cacophonie et à la sous-culture religieuse. »
Il est pourtant sur la blacklist comme hypocrite et mécréant.
Et la menace est claire : « Cache-toi sous ton lit, on viendra te chercher. »
A cela il répond qu’il y a une guerre cybernétique à mener pour contrer celle des islamistes sur leur terrain.
En effet, il a raison, Daesh qui voudrait nous plonger dans les affres du désespoir d’une époque révolue, se sert en revanche de tous nos moyens de communication moderne, voire hollywoodienne, pour nous asséner ses vidéos et ses discours.
« Nous sommes à la croisée des chemins. »
Mohammed Chirani dit : « Soit on cède à la peur primaire, soit on fait le choix d’un patriotisme fraternel contre toutes les formes de haine.
Je ne fais pas de coup médiatique, je veux envoyer un message fort à la société française.
Il faut savoir vaincre la peur et la dépasser. Je crois en ce que je fais et je suis prêt à mettre ma vie en jeu.
Je représente la majorité des musulmans qui se reconnaissent dans mes propos. »
Sur RMC, une fois par semaine, il participe à l’émission Les Grandes Gueules, au cours de laquelle il bat en brèche l’idéologie radicale islamiste avec humour et dérision.
« Hakuna Matata, carpe diem et je kiffe my life. »
Avec l’humour, c’est avec ça qu’on les aura, dit Mohammed Chirani.
Il a une conviction et un discours sans concession.
« Il fallait mettre ces extrémistes à poil, leur enlever ce qu’ils se sont accaparés : le Coran, la vérité, la parole juste. »
Invité sur le plateau de Ruth Elkrief sur BFMTV, il y va de sa diatribe en arabe au pseudo califat de l’Etat satanique : « Je ne vous crains pas et je vous déclare le djihad spirituel. »
Pour Olivier Galzi d’iTélé. « Mohammed Chirani a réalisé un acte de résistance et comme tout acte de résistance, il prend sa responsabilité. Je suis fier que cela se soit passé de cette façon. On n’était vraiment pas loin des attentats, c’était un moment tendu et important. »
De nombreux médias ont repris les propos de Mohammed Chirani avec la crainte que son exposition lui soit fatale.
Sur Al Arabiya, chaîne arabophone, il a monopolisé un quart d’heure d’antenne.
« Rien ne pouvait m’arrêter. Il n’y a pas de calcul : ce n’est pas un coup, c’est un engagement. J’espère être utile car j’ai mis ma vie dans la balance. »
Salafascisme plutôt qu’islamofascisme.
Mohammed Chirani se réfère à Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. »
C’est pourquoi il demande que l’on parle de salafascisme au lieu de d’islamofascisme.
Et il cite Mark Twain qui disait : « Il y a deux choses importantes dans ta vie, le jour où tu nais et le jour où tu sais pourquoi tu es né. »
Lui il le sait.
Pascale Davidovicz
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