(RV) L’Église catholique reconnait que l’antisémitisme n’a pas totalement disparu, il refait surface dans certains contextes. Elle l’affirme dans un nouveau document de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme rendu public ce jeudi matin. La Commission vaticane a tenu à marquer ainsi le cinquantenaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes. Un texte qui a marqué un tournant historique dans les rapports entre le judaïsme et l’Église catholique.
L’héritage de Vatican II à actualiser
Cinquante ans après Nostra Aetate, un des objectifs principaux du dialogue entre juifs et catholiques est toujours de lutter ensemble contre toute discrimination raciale à l’égard des juifs. Les tragédies de l’Histoire imposent la plus grande vigilance, insiste le nouveau document, les chrétiens ne peuvent pas être antisémites. Le titre du document est tiré de l’épitre de Saint Paul aux Romains : « Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel ». Ce texte n’est pas un document du magistère, ni un enseignement doctrinal de l’Église Catholique, mais un ensemble de réflexions visant à clarifier un certain nombre de questions théologiques actuelles, qui se sont développées depuis le Concile Vatican II. C’est un nouveau point de départ visant à enrichir et intensifier la dimension théologique du dialogue judéo-catholique. La Commission souligne l’impact extraordinaire et à tous les niveaux de la déclaration conciliaire Nostra Aetate qui a reconnu les racines juives du christianisme.
De l’hostilité à l’amitié
Conformément au souhait de Jean XXIII, le Concile a rejeté l’idée de la responsabilité collective des juifs dans la crucifixion de Jésus. Résultat : on est passé, en l’espace de 50 ans, d’une cohabitation distante à une amitié profonde, et le dialogue repose aujourd’hui sur un terrain solide. Le document réaffirme qu’un statut théologique particulier caractérise le dialogue entre juifs et catholiques, qui n’est pas comparable au dialogue avec les autres religions, car Jésus ne peut être compris que dans le contexte juif de son temps. Il s’attarde sur l’importance de la Révélation, sur les liens indissolubles entre l’Ancien et le Nouveau Testament, sur le caractère universel du salut en Jésus Christ et réaffirme que l’alliance de Dieu avec Israël est irrévocable.
Pas de prosélytisme à l’égard des juifs
En ce qui concerne le mandat missionnaire de l’Église par rapport au judaïsme, le texte souligne que les catholiques s’abstiennent de toute tentative active de conversion ou de mission vis-à-vis des juifs. L’Église ne prévoit aucune mission institutionnelle à leur égard. Le document n’élude pas les dossiers politiques : la paix qui tarde à venir en Terre Sainte et la situation des communautés chrétiennes en Israël, des minorités qu’il faut protéger. De manière générale, la liberté religieuse doit être garantie par les autorités civiles. C’est une condition du dialogue interreligieux. Enfin, juifs et chrétiens doivent œuvrer ensemble pour un monde meilleur, s’engager côte à côte en faveur de la justice, de la paix et de la protection de l’environnement, collaborer dans le domaine humanitaire. En tant que fils d’Abraham, ils sont appelés à être une bénédiction pour le monde.
Devant les journalistes, dans la salle de presse du Saint-Siège, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens (dicastère qui inclut dans ses prérogatives les rapports avec le judaïsme), a reconnu que la prière catholique pour le peuple juif le vendredi saint, prévue pour le rite extraordinaire, est mal perçue par les juifs. On peut utiliser la prière du rite ordinaire qui n’engendre pas de malentendus.
(CV-RF)
http://www.news.va/fr/news/le-vatican-sinquiete-dune-resurgence-de-lantisemit
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