Pour la troisième fois de ma vie, je suis impressionnée par le Rav Yehia Touboul, Dayan du Beth Din de Lyon, alors que mon rapport à la religion est lointain..
J’ai fait sa connaissance à une période tourmentée, me retrouvant devant lui pour recevoir mon Get, ce qui n’était qu’une simple formalité. Pourtant j’étais juste une boule de colère et de rage, et j’ai multiplié à son égard les provocations. Son calme inébranlable, sa gentillesse, sa capacité incroyable à désamorcer les conflits sans cause réelle ont eu raison de ma hargne. Je suis sortie de la dayanout conquise par cette personnalité hors du commun. Sur le pas de la porte, prenant congé par ces mots « je ne vous dis pas au-revoir », j’ai reçu une magnifique réponse « mais si, j’espère avoir le plaisir de célébrer un jour votre mariage ». Une ultime bénédiction….
Ensuite j’ai assisté l’été dernier à une cérémonie à la mémoire des trois enfants assassinés en Israël, nos enfants. J’ai entendu divers discours, certains étaient d’une veine que j’ai peu appréciée, puis le Rav Touboul a parlé et je vais juste vous citer ce que j’avais écrit il y a un an et demi :
» Lors de la commémoration qui a eu lieu mardi à Lyon à la mémoire de nos trois enfants disparus, le Dayan Touboul a eu des mots parfaits. Il a posé la question suivante : que pouvons-nous faire pour que le sacrifice de ces trois vies ne soit pas vain à jamais? Et sa réponse, est simple : nous devons faire preuve d’humanité. »
Enfin aujourd’hui je lis la presse israélienne, et je tombe sur un article dans Ynet.
Et voici ce que raconte cet article. Depuis trois ans, le Rav Touboul essayait de convaincre un membre de la communauté de Lyon de donner le Get à sa femme, mais en vain. L’homme refusait de coopérer avec le tribunal rabbinique de Lyon, et ne se présentait même pas aux audiences.
Le Rav Touboul a récemment appris que cet homme avait l’intention de passer des vacances dans un hôtel de la Mer Morte avec une « escort girl ». Il en a informé par courrier les tribunaux rabbiniques israéliens et a demandé si les juges religieux locaux pourraient l’aider à résoudre ce cas, bien que le divorce n’ait pas été prononcé en Israël, mettant en avant le fait que ce mari est en train de commettre l’adultère, et refuse toujours d’accorder le Get à son épouse.
Cet homme a été contraint en Israël de finalement conclure ce divorce avec sa femme qui avait été priée de se rendre au plus vite sur les lieux.
Alors encore une fois, oui, je suis admirative devant cet homme de religion, qui donne tout son sens au mot, et qui n’hésite pas à aider par tous les moyens une femme qui subit ce scandale de se trouver dans la position intolérable d’une « aguna », qui par la seule volonté d’un mari se voit privée de toute perspective de liberté.
Merci Rav Touboul de m’avoir par trois fois montré un tel visage d’humanité et de compassion.
Line Tubiana
Poster un Commentaire