Le nouvel ensemble génèrera un volume d’affaires de l’ordre de 1,2 milliard d’euros par an, avec 1.300 salariés.
“Il nous manquait une marque. C’était mon rêve. Nous l’avons désormais avec Havas”, a indiqué vendredi le président de Marietton, Laurent Abitbol, dans un entretien avec l’AFP.
L’acte définitif de cession a été signé entre sa société familiale et le propriétaire américain d’Havas Voyages, Carlson Wagonlit Travel (CWT), qui souhaitait se recentrer sur le voyage d’affaires, ont indiqué les deux groupes.
Reste à obtenir l’aval des autorités de la Concurrence mais M. Abitbol se dit confiant de l’obtenir, le nouvel ensemble pesant environ 15% du marché français.
La clôture de l’opération est attendue fin décembre. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public.
– Jamais sur internet ! –
Pour la financer, les actionnaires de Marietton ont accepté de “remettre au pot”. M. Abtibol et sa famille ont vu leur participation diluée, revenant de 53% à environ 40%.
Après l’opération, le solde du capital sera détenu par les fonds Siparex et Edmond de Rothschild, partenaires historiques de Marietton, avec 25% chacun. Le Crédit agricole détient 6% et les cadres 4%.
Que de chemin parcouru depuis 1968 lorsque les deux frères Claude et Gilbert Abitbol ont fondé leur agence de voyages, sise rue Marietton, dans un quartier populaire de l’ouest lyonnais ! En 2007, l’entreprise avait déjà bien grandi mais ne comptait alors que cinq agences.
Cette année-là, Marietton ouvre son capital à Siparex qui va lui apporter des fonds… et son savoir-faire en matière de croissance externe. Et la société lyonnaise devient alors un acquéreur en série, avec huit opérations successives qui propulsent son volume d’affaires de 30 à 450 millions.
“Acheter une entreprise, je ne sais pas faire… mais les fonds actionnaires m’apportent leur expertise”, souligne, modeste, Laurent Abitbol.
A une période où le développement d’internet semble condamner les agences de voyage à l’ancienne, M. Abitbol croit dur comme fer en son modèle intégré qui lui permet de contrôler toute sa chaîne de production, de la conception du voyage jusqu’à sa vente en boutique.
“Nous ne sommes pas plus cher qu’internet”, assure-t-il. Et d’avouer d’ailleurs: “je n’achète jamais sur internet !” “Je crois au lien physique avec le consommateur. En cas de problème, celui-ci sait à qui parler; ça le rassure !”, souligne M. Abitbol en relevant que les géants américains du voyage en ligne commençaient à ouvrir leurs propres boutiques.
Havas Voyages en gère 330 (208 en propre et 122 en franchise), qui viendront s’ajouter aux 132 exploitées par Marietton, qui parachèvera ainsi son maillage du territoire national.
– Un métier à faibles marges –
Mais il espère d’importantes synergies du rapprochement, notamment via la commercialisation par Havas des voyages produits par l’activité “tour operating” de Marietton.
Avec Havas, Marietton espère dégager un excédent brut d’exploitation (Ebitda) compris entre 11 et 14 millions d’euros par an. “C’est un métier où l’on ne gagne pas beaucoup mais ce serait un bon résultat en France où nous sommes très peu à faire des bénéfices”, relève-t-il.
L’entreprise lyonnaise se donne une année pour digérer cette grosse opération. Avec déjà un autre projet d’importance en cours: l’ouverture en avril de ses cinq premiers villages de vacances sous sa marque “Naya Club”.
Si les attentats de Paris ont pesé sur l’activité, avec une baisse de 30% des réservations sur la semaine, M. Abitbol souligne que son groupe, très présent sur le pourtour méditerranéen, est habitué à gérer les à-coups liés à l’actualité.
“C’est comme des vases communicants. Les gens veulent toujours partir et s’ils désertent une destination, ils iront dans une autre”, a expliqué le voyagiste dont les trois principaux marchés sont la Grèce, les USA et l’Espagne.
http://lexpansion.lexpress.fr/actualites/1/actualite-economique/tourisme-le-lyonnais-marietton-change-de-braquet-en-rachetant-havas-voyages_1738121.html
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