A quelques jours de la sortie du nouveau Star Wars, il fait croire que même la toile possède son côté obscur. Le saviez-vous ? Des millions de sites internet non indexés par Google constituent des plateformes de choix pour la cybercriminalité. C’est le Dark Web, dont on reparle suite aux attentats.
Aucune statistique officielle n’existe sur ce web “invisible”, mais accessible aisément à qui sait chercher. Selon certains spécialistes, la proportion de sites cachés serait 400 à 500 fois plus importante que celle des sites visibles. Benoit Dupont, cyber criminologue et directeur du Centre International de Criminologie Comparée (CICC) de l’université de Montréal, estime que 90% des sites Internet sont cachés dans cette zone sombre. Autres chiffres? A l’occasion de la conférence Black Hat Europe 2015 qui s’est tenue du 10 au 13 novembre à Amsterdam, des chercheurs en sécurité, travaillant pour le compte de Trend Micro, ont présenté leur “Deep Web Analyzer” (DeWA), un moteur de recherche qui permet de faire remonter une partie de ce contenu caché. Résultats? En 2 ans, DeWA a mis la main sur 611.000 URLs de 20.500 domaines. Le protocole le plus utilisé est, de loin, HTTP avec des sites rédigés, dans 75% des cas, en anglais.
Crimes et délits en un clic
Inutile d’être un geek hors pair pour accéder au dark web. Il suffit simplement de télécharger des logiciels spécialisés, comme Tor, I2P ou Freenet. Par exemple, en naviguant sur le logiciel libre et gratuit Tor, l’adresse IP de l’ordinateur est brouillée. Avec cette possibilité d’avancer masqué, le dark web est devenu un lieu privilégié où certains groupes terroristes ou opposants politiques communiquent et s’organisent anonymement. Outre les échanges d’informations, il constitue aussi une plateforme pour les transactions commerciales illicites en tout genre. C’est un véritable Far West virtuel où il est possible de s’offrir en bitcoins, une monnaie virtuelle quasi intraçable, des passeports ou diplômes falsifiés, des données bancaires volées, des armes, des photographies à caractères pédophiles, des drogues, et même des tueurs à gages…
Terrorisme et dark web
Avec les attentats terroristes de ce 13 novembre, les géants de la toile et les services de renseignements s’interrogent sur les stratégies digitales des groupes jihadistes comme Daech. Selon les propos du patron de Google Ideas, Jared Cohen, recueillis sur le site Foreign Affairs ce 18 novembre, l’état islamique utilise tactiquement la partie visible de la Toile pour véhiculer ses idées, revendiquer ses actions et recruter de nouveaux alliés. En comité restreint, Daech utiliserait, toujours dans la partie émergée du Net, des applications tels que WhatsApp, Kik, Wickr, Zello, ou surtout Telegram pour organiser des tchats privés cryptés. Mais Daech emprunte aussi et largement, les canaux du dark web pour toutes ses communications opérationnelles, ses collectes de dons et d’impôts révolutionnaires ou encore pour trafiquer en toute discrétion. C’est comme si le web visible était la sphère de la propagande tandis que le dark web était celle de l’action.
Selon une source du Figaro, les Américains auraient relevé, dans les semaines antérieures aux attentats, de nombreux appels jihadistes à frapper l’Europe sur les réseaux sociaux sans pour autant intercepter des échanges opérationnels validant ces propos de ralliement. Fort à parier que la communication de l’EI s’est immergée, à ce moment, dans le côté obscur du Net.
Des moyens d’action encore limités
De l’autre côté de l’Atlantique, les services de cybercriminalité du FBI ont déjà subi quelques revers sur le dark web. En octobre 2013, Silk Road, un site de vente en ligne de drogues et utilisant le réseau Tor, a été démantelé puis rouvert quelques semaines après. En novembre 2014, Silk Road sera à nouveau désactivé. Le caractère anonyme des internautes, le cryptage des hébergeurs et les codes sources protéiformes rendent très compliqués le démantèlement des sites illégaux dans cette partie immergée de la toile.
Quels sont les nouveaux risques du dark net ?
On le voit, le dark web sert déjà activement aux organisations terroristes. Mais le pire n’est-il pas à craindre ? Il est probable que le nombre d’internautes qui s’aventurent “du côté obscur du web” est croissant. Pour s’y adonner à tout un tas d’activités illégales et dangereuses !
A l’heure où certains veulent museler les réseaux sociaux, il me semble que l’urgence est ailleurs.
Jérémie Mani
http://www.huffingtonpost.fr/jeremie-mani/daech-dark-web-reseaux-sociaux_b_8608220.html?utm_hp_ref=france
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