«Exil nazi : la promesse de l'Orient», de Géraldine Schwarz

Histoire diffusera les 18, 23, 29 novembre, 4, 5 et 11 décembre 2015 « Exil nazi : la promesse de l’Orient », documentaire de Géraldine Schwarz. Après la Deuxième Guerre mondiale, des dirigeants nazis ont fui vers le Moyen-Orient, parfois aidés dans leur fuite par l’Eglise catholique. Là, ils ont servi des régimes arabes autoritaires (Egypte, Syrie) dans des services de renseignements, en s’inspirant de la Gestapo, contre l’Etat d’Israël – conseils stratégiques et tactiques militaires lors de la refondation de l’Etat Juif, entrainement de fedayins palestiniens -, de propagande antisémite, d’aide au FLN (Front de libération nationale), etc. Et en toute impunité.
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Impunité

La réalisatrice Géraldine Schwarz « a pu reconstituer leur exil depuis Rome, plaque tournante des nazis en cavale. Parmi eux, Walther Rauff, l’un des logisticiens de la Shoah qui a coordonné le déploiement de camions à gaz dans l’Est de l’Europe pour exterminer les Juifs ».
Le 7 avril 2015, le quotidien israélien Ynet a résumé la teneur du Journal de Walter Rauff, sur l’occupation de la Tunisie par les Allemands nazis : l’enthousiasme de Tunisiens arabes pour les Nazis, la foi des Français et des Juifs dans la victoire des Alliés, etc. Conservé en Grande-Bretagne, récemment traduit en hébreu par le Dr. Haim Saadoun, ce Journal est composé des rapports envoyés par Walter Rauff aux dirigeants nazis à Berlin.
Dans son journal, Rauff décrit la population Arabe tunisienne et sa coopération avec les Nazis : « La communauté Arabe est amicale avec les Allemands et volontaire pour l’aider… Les Arabes qui nous ont accompagnés de l’aéroport vers la ville… nous ont donné les adresses de Juifs dont les maisons et voitures combleraient nos besoins. Le recrutement des Juifs pour le travail forcé a eu un impact positif sur l’atmosphère dans le secteur Arabe ».
Pour éviter d’être capturé par les Alliés, Rauff a fui, avec des dirigeants nazis, de Tunisie vers Milan. Il a été cependant arrêté par les Alliés, s’est échappé en 1946 de son camp de prisonniers de guerre à Rimini, sur la côte adriatique, et a été caché dans des monastères, notamment à Rome, dépendant du Saint-Siège. En 1948, il a été recruté par les services de renseignements de la Syrie, et a vécu à Damas pendant un an, avant de rejoindre l’Equateur, et de s’installer au Chili. En 1963, et sur demande du Centre Simon Wiesenthal, la République fédérale d’Allemagne a émis une demande d’extradition de Rauff. La cour suprême du Chili a refusé en alléguant que les lois chiliennes s’appliquaient aux crimes dont étaient accusés Rauff et de la prescription. Rauff est décédé de mort naturelle en 1984 au Chili.
Après guerre, Rauff organise, « avec l’aide de l’évêque Alois Hudal et sous le nez du Vatican et de la Croix-Rouge internationale, l’exil vers la Syrie d’une cinquantaine d’anciens nazis. Dont Franz Stangl et Gustav Wagner, chefs des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka ».
Au Caire (Egypte), « grâce à des témoignages inédits, le film suit la trace de plusieurs d’entre eux : comme Artur Schmitt, général-major de l’Afrikakorps recruté par la Ligue arabe. Ou Gerhard Mertins, ancien Waffen-SS, trafiquant d’armes et spécialiste des combats de guérilla, qui sera plus tard impliqué dans la secte néonazie « Colonia Dignidad » au Chili ».
« Une direction égyptienne incapable, qui n’était pas en mesure d’utiliser les avantages de la première semaine, de mettre les Juifs au pas et de détruire l’État d’Israël lors d’une Blitzkrieg de deux semaines tout au plus », analysait Artur Schmitt à propos de la défaite de l’Armée égyptienne.
En Egypte, le film « retrace également le parcours de Johann von Leers » (1902-1965), universitaire « ancien expert de la propagande nazie recruté parmi d’autres sous Nasser. Antisémite fanatique, Von Leers avait travaillé » durant le IIIe Reich avec le grand mufti de Jérusalem Mohamed Amin al-Husseini « à un rapprochement idéologique du national-socialisme et de la religion musulmane ». En décembre 1942, von Leers a publié un article dans Die Judenfrage, journal antisémite, intitulé “Judaïsme et islam comme opposés”. Cet idéologue proche de Goebbels séjourne incognito en Italie pendant cinq ans, puis se fixe en Argentine en 1950. Après la chute de Perón en 1955, il rejoint l’Egypte où il est conseiller politique au ministère de l’Information sous Muhammad Naguib, et actif dans la propagande contre l’Etat d’Israël. Il fréquente le grand mufti, se convertit à l’islam et prend les noms de Omar Amin et Mustafa Ben Ali. Il finance la publication en arabe des Protocoles des Sages de Sion, un faux antisémite forgé par la police tsariste à Paris au début du XXe siècle et décrivant un complot Juif pour dominer le monde, ravive le blood libel et promeur les émissions radiophoniques antisémites en diverses langues. Selon une source, il a l’idée de mettre en avant, dans le cadre de la guerre contre Israël, une nationalité palestinienne distincte.
Collaborateur le plus important de l’officier SS Adolf Eichmann, Alois Brunner a enseigné aux services secrets les méthodes de la Gestapo, notamment l’interrogatoire à « la chaise allemande », un instrument de torture utilisé à ce jour en Syrie : « Le détenu est placé sur un appareil ayant l’apparence d’une chaise, qui est composé de parties amovibles avec lesquelles le corps du prisonnier est distendu. Cette méthode conduit souvent à ce que la colonne vertébrale de la victime soit brisée ». Le Mossad avait échoué à éliminer Brunner.
L’activisme d’anciens nazis au Moyen-Orient a induit des tensions diplomatiques officieuses entre la Grande-Bretagne et la République Fédérale d’Allemagne (RFA). « L’ancienne puissance coloniale craignait pour son influence en Egypte » – la Grande-Bretagne contrôlait le canal de Suez -, « tandis que comme le révèle le film, dans le dos de Bonn le BND recrutait certains de ces hommes pour mieux s’implanter dans la région. Tels Gerhard Mertins et Johann von Leers et plus tard, Walther Rauff ».
Mais « les services secrets allemands ne sont pas les seuls à s’être ainsi compromis. En revenant sur leur parcours au Moyen-Orient, le documentaire apporte de nouvelles preuves de l’impunité dont ont bénéficié de nombreux nazis. Longtemps encore après la guerre, en Europe et ailleurs, les institutions politiques, religieuses et judiciaires censées les poursuivre ont brillé par leur inertie. Beaucoup d’anciens responsables nazis ont été protégés voire même recrutés par des Etats, des entreprises et des services de renseignement de tous bords ».
Enfin, les modalités –  » statut des Juifs  » – ayant causé  » l’exode oublié « ,  » modèle d’exclusion transnational  » (Shmuel Trigano), d’environ un million de Juifs des pays Arabes, de Turquie, d’Iran et de la partie de Jérusalem conquise par la Jordanie lors de la guerre d’Indépendance d’Israël marquent d’étranges similarités avec l’exclusion des Juifs par le IIIe Reich. L’influence dans ces territoires devenus (quasi-)Judenrein de ces Nazis…
Artline Films, France télévisions, La Chaîne Histoire, RTBF, avec le soutien de CNC, Procirep-Angoa, 2014, 52 minutes
source : http://www.veroniquechemla.info/2015/05/exil-nazi-la-promesse-de-lorient-de.html?m=1

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