SPÉCIAL ATTENTATS. Samy Amimour, l’un des kamikaze qui ont tué 89 personnes au Bataclan vendredi 13, a travaillé 15 mois à la Régie des transports, qui a confirmé l’information lundi. En interne, certains s’inquiètent d’une montée des incidents liés à la religion parmi les agents.
Le sujet est sensible. Depuis quelques années, la RATP constate une multiplication d’incidents liés à la religion, principalement parmi les 17 000 conducteurs de bus. Un poste que Samy Amimour, l’un des kamikazes, a occupé pendant quinze mois avant de démissionner en 2012.
« Il y a des déviances graves, affirme Christophe Salmon, secrétaire général de la CFDT RATP. On a laissé s’installer un système où certains agents refusent de saluer une femme, arrivent en retard pour faire leur prière, ou même prient sur place. » Et les témoignages d’employés sont légion, notamment parmi les femmes. « Cela a commencé il y a cinq à six ans, se souvient cette employée qui souhaite garder l’anonymat. Quelques-uns à qui je faisais la bise ont refusé de m’embrasser, puis de me saluer. Et pourtant, je suis musulmane. D’autres refusaient de conduire un bus qui avait été précédemment conduit par une femme. »
Le phénomène se développe principalement au nord de Paris, dans les dépôts de Nanterre (Hauts-de-Seine), de Charlebourg à La Garenne-Colombes, mais aussi de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Pendant une période, la direction a eu un recrutement discutable, confie une source bien informée. Pour éviter le caillassage des bus dans certains quartiers, elle a embauché des grands frères au profil peu recommandable. Depuis, elle fait le ménage. »
De nombreuses «fiches S» parmi les employés
Une analyse nuancée par la CGT. « Oui, il y a des problèmes, mais ça reste un épiphénomène, insiste Jacques Eliez, son secrétaire général. Il n’y a pas plus ou pas moins de radicalisation qu’ailleurs. La RATP n’est pas imperméable à ce qui se passe dans la société. »
Reste que, selon nos informations, la RATP serait l’une des sociétés qui emploierait le plus de personnes faisant l’objet d’une fiche S de surveillance. « Des personnels ont été sanctionnés pour des faits religieux, reconnaît Jérôme Harnois, directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, PDG de la RATP. Nous avons mis en place une charte de la laïcité en 2013. Sur les fiches S, nous n’avons aucune information. Mais dès que les autorités nous informent, nous prenons les décisions qui s’imposent. » Ainsi, récemment, un agent de la sûreté a été licencié. Une décision administrative lui avait retiré son autorisation de port d’arme.
Le Parisien
http://m.leparisien.fr/societe/inquietante-montee-religieuse-a-la-ratp-17-11-2015-5284579.php
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