Après Lacaune, la commune tarnaise de Vabre rejoint le Réseau des villes et villages des Justes de France pour s’être distinguée pendant l’Occupation en protégeant des réfugiés juifs. Une adhésion inaugurée ce vendredi par ses habitants.
Le temps fait son œuvre, mais le devoir de mémoire lui barre la route. Il y eut ceux qui ont fait l’Histoire. Demeurent encore ceux qui ont sauvé des réfugiés de la Seconde Guerre mondiale, les Justes. Mais ils s’éteignent à leur tour. Il est donc temps de confier la mission de transmission aux collectivités. Dans le village tarnais de Vabre, au cœur des Monts de Lacaune, cette heure a sonné. Hier, en fin de journée, on a célébré l’adhésion de la commune, depuis juin, au Réseau des villes et villages des Justes de France. La deuxième inscription du Tarn, après Lacaune.
La cérémonie a commencé dans la cour de la gendarmerie locale. Pour la Société des amis du Pays vabrais, qui a impulsé la démarche il y a quelques mois, le site était évident : dans la nuit du 8 au 9 septembre 1943, le brigadier de gendarmerie de Vabre Hubert Landes a prévenu les familles juives réfugiées dans la commune voisine de Ferrières de leur arrestation pour être déportées dans les camps d’extermination. Dans une des maisons vivait Henri Lazar, alors âgé de 13 ans, avec ses parents juifs roumains. Son père Herscu était tailleur à Paris; il a rejoint le maquis juif. Hier, Henri et son épouse, octogénaires, ont rendu hommage aux Vabrais, devant la plaque que le couple Lazar avait offerte en 2009 pour saluer la mémoire des gendarmes. «C’est un honneur pour moi de participer à cette cérémonie, a confié Henri. Je veux participer à la transmission de la mémoire. Je veux être le trait d’union entre Vabre et Ferrières, qui a été aussi une terre d’accueil.»
Cette terre sud tarnaise est aussi celle de Michel Cals, à l’origine de ce travail de mémoire. Il s’est démené avec ses Amis du Pays
vabrais, présidés par Michelle Janisset, pour sortir les Justes vabrais de l’ombre : «L’histoire combattante et du maquis de Vabre est connue. En revanche, le sauvetage des réfugiés était un peu oublié. Les témoins disparaissent et nous sommes dans un pays taiseux et modeste. Je pensais qu’il fallait absolument rendre hommage aux Vabrais.» À la suite de ses recherches, cinq familles se sont manifestées. Certaines vivent aujourd’hui en Suisse, aux Etats-Unis, mais elles ont répondu par courrier à son appel.
Des documents, des œuvres de l’artiste peintre tarnais Loran Martinel et le film «Le maquis des juifs», d’Hervé Nathan, journaliste à Marianne, devaient illustrer cette soirée inaugurale du village des Justes du Tarn. Inaugurale car des projets se profilent désormais à Vabre : l’édition d’un ouvrage illustré dédié au jeune public et la restauration du musée du maquis de Vabre pour en faire un site ô combien accueillant.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/10/31/2208102-vabre-nouveau-village-inscrit-reseau-villes-justes-france.html
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