Entre essai et témoignage, ce texte fort arrive au point nommé. Il ne manquera pas d’interpeller tous ceux qui s’interrogent sur l’avenir du vivre ensemble dans la France d’aujourd’hui.
Longtemps Benoît Rayski a été juif, que juif, juif par définition, par choix. Avec ostentation, et souvent – il l’avoue au fil des pages – avec une certaine arrogance. « Peuple à part, peuple d’exception, peuple élu, écrit-il, je m’en prévalais pour plaindre d’une certaine façon ceux qui n’avaient pas eu la chance d’avoir des parents juifs. » Être juif, était devenu pour lui la conséquence d’un choix personnel.
Mais un jour, écrit-il, la France a changé. Ses villes, ses cités se sont remplies de gens qui ont murmuré puis fini par crier : « Sale Juif ! » Rapidement, les mêmes ont commencé à crier « sale Français ! ». L’auteur s’est senti alors comme une poupée russe. La poupée juive, la plus grande, englobait jusque-là la poupée française. Par une sorte d’inversion intellectuelle, il a alors mis la poupée juive à l’intérieur de la poupée française protectrice et bienveillante. Et c’est ainsi qu’il est devenu enfin un « sale » Français.
Fils d’Adam RAYSKI, responsable de la section juive des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée) du PCF clandestin pendant la Résistance, Benoît Rayski est l’auteur de nombreux ouvrages, dont une dizaine d’essais sur le traitement historique du communisme et la mémoire de la Résistance, dont L’Affiche rouge, L’homme que vous aimez haïr et Stèle pour le sous-lieutenant Grunberg aux éditions du Rocher.
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