Hani Ramadan, 56 ans, le frère aîné de Tariq, n’est plus à une provocation près. En 2002, il publiait une tribune dans Le Monde intitulée « La Charia incomprise », dans laquelle il affirmait que la lapidation constituait, certes, « une punition, mais aussi une forme de purification ». Et que le sida était, lui aussi, une « punition divine à l’encontre des comportements déviants ». Des écrits qui lui ont valu de sérieux ennuis avec le Département de l’éducation publique du canton de Genève. Hani Ramadan a depuis quitté son poste d’enseignant pour consacrer tout son temps à la prédication.
Cette fois, le directeur du Centre islamique de Genève s’en prend aux décorés du Thalys dans La Tribune de Genève du 25 août. Il s’indigne du fait que ces Américains soient présentés comme des « héros » et qu’ils aient pu recevoir la Légion d’honneur « avant la fin de l’enquête ». Hani Ramadan en profite pour donner une leçon de déontologie aux médias. Selon lui, certaines publications auraient présenté le Marocain Ayoub El Khazzani comme un terroriste « avéré, avant même qu’on songe à le taxer de terroriste présumé ». « Cet événement va rehausser le prestige des militaires américains, passablement amoindri par les agissements d’une armée qui sème la mort à grande échelle depuis des décennies partout où elle se rend », écrit-il.
Petits-fils du fondateur des Frères musulmans
Comme à son habitude, Hani Ramadan ne fait pas dans la dentelle. Évoquant une « mise en scène », il lâche : « De qui se moque-t-on ? Pourquoi [l’actualité] nous oriente-t-elle à considérer désormais que tout Maghrébin, en apparence innocent et gentil garçon, peut cacher un monstrueux terroriste ? » s’interroge-t-il dans La Tribune de Genève, le plus important quotidien du canton. En clair, la description journalistique des événements qui se sont déroulés dans ce TGV ne servirait qu’à diaboliser les musulmans et à cacher « des crimes odieux qui se comptent par centaines de milliers ». En effet, selon le directeur du Centre islamique de Genève, « les grandes chaînes officielles ont renoncé à nous informer sur les drames quotidiens que subit le peuple syrien. Pourquoi ? »
Hani et Tariq Ramadan sont les petits-fils d’Hassan al-Banna, le fondateur en Égypte en 1928 des Frères musulmans. Leur père, Saïd Ramadan, qui a épousé l’une des filles d’Hassan al-Banna, arrivé en 1958 à Genève, se présentait comme le leader de la confrérie en Europe. Après sa disparition en 1995, Hani a été préféré à Tariq Ramadan pour diriger le Centre islamique de Genève. Les frères Ramadan n’ont jamais reconnu officiellement leur appartenance à la confrérie. Toutefois, ils en sont très proches, Tariq Ramadan étant l’orateur vedette de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), la branche tricolore des Frères musulmans.
Commentant la tribune libre de Hani Ramadan, le quotidien suisse Le Temps , de Lausanne, écrit samedi sur son site que l’on aura reconnu là « le mouvement argumentatif privilégié des frères Ramadan, Tariq aussi bien que Hani. Il consiste à reprocher aux médias occidentaux de décontextualiser les faits et de ne pas en interroger la chaîne des causes ».
http://www.lepoint.fr/monde/a-geneve-hani-ramadan-s-en-prend-aux-heros-du-thalys-30-08-2015-1960369_24.php
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