Le poète Eliaz Cohen, habitant de Kfar Etzion en Judée et militant pour le dialogue avec les Palestiniens est l’un des invités de la 6e édition du Festival de poésie de Sète, intitulé Voix vives de la Méditerranée. 600 évènements sont prévus durant les neuf jours de ce festival international et unique en son genre.
Pour Eliaz Cohen, ce festival est aussi l’opportunité de rencontrer des poètes venus des pays arabes, notamment de Syrie, Irak, Egypte, Liban et d’Iran.
IsraPresse a rencontré le poète avant son départ pour l’Hexagone.
IsraPresse : Pourquoi est-ce important pour vous de participer à ce festival ?
Eliaz Cohen : Je suis très ému de participer à ce festival international qui est pour moi l’occasion de rencontrer des poètes des pays arabes et aussi de me faire connaître en Europe. Parmi les poètes invités, il y a des musulmans pratiquants et j’attends avec impatience de pouvoir dialoguer entre gens de foi, de pouvoir lire nos textes et d’établir un échange. J’espère avoir une rencontre avec Adonis, le plus grand poète arabe vivant, Syrien vivant en exil, tout comme j’avais dialogué avec le poète palestinien Mahmoud Darwich dans le passé. En dehors de ça, lire des poèmes écrits sur les monts de Judée dans la ville de Paul Valery et Georges Brassens, c’est aussi une expérience unique pour moi.
IP : Vous n’avez pas encore été traduit en français, pensez-vous que vos textes supporteront la traduction ?
E. C. : J’ai été traduit en anglais en 2010 et hormis deux textes publiés en 2005 dans un livre en français, c’est la première fois que mes poèmes seront lus en français, je suis heureux de cette opportunité. J’ai aimé lire Rimbaud, Apollinaire et Paul Valéry et avec l’aide de Dieu, j’espère pourvoir être lu et apprécié en français. Traduire la poésie, c’est comme la réécrire mais le poète doit être humble pour pouvoir donner ses textes. La poésie rapproche les gens et j’espère que mes mots pourront aider à ce rapprochement. On dit que la poésie traduite c’est comme un baiser à travers un voile, ça ne sera jamais un véritable baiser, comme se doit de l’être un poème.
IP : Vous militez pour le partage de la terre d’Israël entre les deux peuples qui y vivent, Juif et Palestinien, en étant opposé à la solution à deux Etats, alors que vous vivez dans une implantation, votre discours est-il audible en Europe ?
E. C. : Je pense que nous devons nous partager cette terre car les deux peuples qui y vivent y sont attachés dans son intégralité. Les Palestiniens rêvent de Jaffa et Haïfa tandis que le sionisme aspirait au retour à Hébron et Bethlehem donc nous devons apprendre à vivre ensemble sur cette terre et se la partager sans qu’aucun des peuples ne renonce à une partie. En Europe, il reste beaucoup de gens coincés dans l’idée que seule la solution à deux Etats peut apporter la paix alors que nous voyons, mes amis palestiniens et nous, que les mentalités ont évolué sur le terrain. Je compte profiter de ce festival pour parler des initiatives de paix pour lesquelles je milite et qui n’impliquent pas que des populations soient expulsées de leurs maisons et que d’autres soient privés de droits élémentaires.
Propos recueillis par Michaël Blum
http://www.israpresse.net/un-poete-de-judee-au-festival-de-sete/
Ils ne sont pas mes frères
Ils ne sont pas mes frères, ceux qui noient la terre dans le sang par la flamme d’un feu étrange.
Ils ne sont pas les miens,
ceux qui profanent Dieu et brûlent Sa maison.
Ils ne sont pas les miens,
ceux qui dépossèdent Hagar et déracinent l’olivier des innocents.
Ils ne sont pas mes frères,
ceux qui dénaturent la Torah et tuent leurs prochains
ceux qui retournent les canons contre leurs frères.
Il n’est pas des miens,
celui qui abat les enfants d’Ismaël dans le caveau des Patriarches.
Celui qui tire dans le dos d’Itzhak trois balles meurtrières n’est pas mon frère.
Celui qui détruit le Lieu de la demeure
ne sera jamais mon frère.
Eliaz Cohen
Traduit de l’hébreu par Michel Eckhard Elial
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