Le Beitar Jérusalem en plein chaos

Le Beitar Jérusalem s’est incliné 5 buts à 1 face au club belge lors de la rencontre aller du deuxième tour de Ligue Europa.

Les supporteurs du Betar Jérusalem lancent des fumigènes sur la pelouse de Charleroi. Crédit photo: Youtube.
Les supporteurs du Beitar Jérusalem lancent des fumigènes sur la pelouse de Charleroi. Crédit photo: Youtube.

Mais au-delà de la grossière déconvenue des joueurs de la capitale, cette partie a été marquée par les violences provoquées par les supporteurs du club jaune et noir. Fumigènes, projectiles, jets de bouteilles et sièges arrachés, tel est le bilan d’une soirée lourde de conséquences pour le club, le football et le sport israélien dans son ensemble.
« Le Betar est mort » écrit ce vendredi Moti Pashratski l’un des journalistes phares de la chaîne de sport israélienne, Sport 5. Sept ans. Le Betar Jérusalem a attendu sept longues années avant de pouvoir goûter aux joies des joutes européennes. La dernière rencontre de Coupe d’Europe remonte au 6 août 2008. Le club de la capitale affronte les polonais du Wisla Cracovie au troisième tour préliminaire de Ligue des Champions. Vainqueur au match aller 2 buts à 1 sur sa pelouse du stade Teddy, la formation jaune et noir est balayée au retour 5-0 par son adversaire du soir. Une claque qui sonnait alors le glas des rêves de conquête de l’ancien propriétaire du club, Arcady Gaydemak.
Jeudi 16 juillet 2015, le Beitar Jérusalem se déplace en Belgique pour affronter Charleroi. La presse belge s’inquiète déjà du comportement des supporteurs du club israélien. Les titres des journaux locaux annoncent l’arrivée « des hooligans du Beitar » dans cette ville située non loin de la frontière française. « Les fans de Jérusalem sont réputées pour entonner des chants racistes et xénophobes à l’adresse des Arabes d’Israël durant les rencontres de son équipe » peut-on lire dans les quotidiens du pays.
Dès leur arrivée à Charleroi, des heurts ont éclaté dans les rues de la ville belge entre les supporteurs locaux « Avant la rencontre, les supporteurs du Beitar ont bien tenté de tester notre capacité de réaction mais les tentatives d’intimidation se sont rapidement dissipées. Il y a eu quelques provocations des Ultras des deux camps, mais il ne s’est rien passé de sérieux » indique une source de la police belge.
La réputation sulfureuse du club de la capitale israélienne, ajouté aux voies de fait de ses supporteurs, a poussé les forces de l’ordre a renforcé leur dispositif de sécurité et à assurer une fouille plus stricte à l’entrée du stade. Pourtant, trente secondes après le coup d’envoi, des fumigènes et engins pyrotechniques lancés depuis la tribune bétarie atterrissent sur la pelouse. Un épais brouillard de couleur jaune et noir envahit le petit stade carolo. Le match est arrêté durant quatre minutes. Le président Élie Tebib fulmine dans la tribune. Le propriétaire du Beitar Jérusalem prend ses responsabilités et se dirige vers la tribune visiteur pour essayer de calmer les esprits. Après quelques minutes de palabres, la partie reprend. 93 minutes plus tard, les joueurs du Beitar sont groggy, saoulés de buts et déboussolés par le niveau de leurs adversaires et la bêtise de leurs supporteurs.
La rencontre est sur le point de se terminer. Le moment choisi par un fan israélien pour lancer un projectile sur le gardien de Charleroi, Nicolas Penneteau. L’ancien gardien français de Valenciennes et de Bastia est touché à la tête. « Notre gardien a été blessé à la tête. Je l’avais prévenu de possibles débordements. Je ne me suis pas trompé malheureusement. Il est arrivé en sang au vestiaire. Mais il va mieux » a déclaré l’entraîneur de Charleroi, Felice Mazzu.
La coupe est pleine. Le président Élie Tebib est rentré hors de lui à l’hôtel. Certains joueurs en ont pris pour leur grade pour avoir osé « applaudir leurs supporteurs à la fin du match » révèle un membre du staff du dernier quatrième du championnat d’Israël. « Comment avez-vous pu applaudir des types qui se sont comportés comme des voyous ce soir, vous devriez avoir honte? » s’est alors emporté l’ancien président de l’Hapoel Tel-Aviv.
Elie Tebib quitte ses fonctions de président du Betar jérusalem. Crédit photo: Yonatan Sindel/Flash90
Elie Tebib quitte ses fonctions de président du Betar jérusalem. Crédit photo: Yonatan Sindel/Flash90

Elie Tebib jette l’éponge

Et le couperet est tombé vendredi, le président du Beitar Jérusalem a annoncé son retrait du club. « Le monde entier a assisté à ses actes honteux et méprisants. Ses supporteurs n’ont pas respecté le travail formidable du staff technique et des joueurs pour préparer cette rencontre. Le club est désormais en vente. En ce qui me concerne, je retourne dans les prochains jours vivre aux États-Unis » a déclaré Élie Tebib.
L’entourage du club et ses proches ont bien tenté de le faire changer d’avis, mais sa décision s’est révélée irrévocable. L’association Beitar a condamné les agissements des fans du club et s’est totalement « désolidarisée » de leurs actes.
Dans la foulée, le maire de Jérusalem, Nir Barkat a accusé « ce groupe de monstrueux supporteurs d’avoir sali l’honneur de la capitale de l’État d’Israël. » « Leur comportement est impardonnable et inadmissible. Les coupables de ces faits seront interpellés ici dans le pays et devront rendre des comptes à la justice » a averti M.Barkat.
La ministre des sports, Miri Reguev a fustigé l’attitude des supporteurs bétaris. « Il s’agit de voyous qui ont terni l’image de l’État d’Israël. Nous saurons les retrouver et leur infliger la punition qu’ils méritent. Il faut leur interdire l’accès au stade Teddy. Nous nous apprêtons à créer une commission pour tenter de trouver des solutions aux problèmes de violence dans le sport » a déclaré la ministre Likoud.
Le comportement des supporteurs du Beitar Jérusalem va être sanctionné aussi par l’UEFA. Le club israélien pourrait se voir infliger une amende allant de 150,000 à 200,000 Euros. « La suspension du stade ou le retrait du club de toutes les compétitions européennes sont des sanctions envisageables » pensent certains membres de la formation israélienne.
Reste à savoir si le match retour aura lieu dans l’enceinte de Jérusalem. « Nous craignons ce match. 35,000 personnes. Une ambiance surchauffée. Malgré notre avance au score, nous pourrions vite déchanter. Ce ne sera pas du tourisme » craint le coach de Charleroi. Sauf que l’issue de cette rencontre est anecdotique au regard du tremblement de terre que s’apprête à vivre le club en coulisses.
Jonathan SERERO pour Israpresse

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