par Dr Sivan Cohen-Wiesenfeld pour AFAUTA et Israël Science Info
Voilà une information qui va faire plaisir aux vacanciers ! Selon une étude menée par le Dr Ofer Atad de la Faculté de gestion de l’Université de Tel-Aviv, sous la direction du Dr Sharon Toker, directrice du programme de comportement organisationnel de la Faculté montre que les heures de travail prolongées augmentent les chances de souffrir du syndrome métabolique, menant aux maladies cardiaques et au diabète. De plus, les employés présentent plus de risques que les cadres supérieurs. L’étude a été présentée la semaine dernière lors de la Conférence de l’Association internationale pour la recherche sur le stress, l’anxiété et la résilience (STAR) qui s’est tenue à l’Université de Tel-Aviv du 30 juin au 2 juillet 2015.
Le syndrome métabolique est une accumulation de facteurs de risque liés à un mauvais fonctionnement métabolique du corps qui multiplie par trois les risques de diabète et de maladies cardiaques, principales causes de décès dans le monde. Sont considérées comme souffrant du syndrome métabolique les personnes présentant trois des cinq caractéristiques suivantes : obésité abdominale, hypertension artérielle, faible taux de « bon cholestérol » (HDL), glycémie élevée et hauts niveaux de triglycérides sanguins.
Dans une étude innovante dans son domaine, le Dr. Atad a examiné la relation entre la charge de travail et l’apparition du « syndrome métabolique », en prenant en compte l’influence des caractéristiques personnelles des travailleurs et leur statut professionnel. L’étude a été menée pendant 7 ans, de 2002 à 2009, sur près de 3000 employés et cadres dirigeants, qui ont subi des bilans de santé complet tous les dix-huit mois.
Ceux qui se plaignent
ne sont pas les plus en danger
Première constatation de l’étude : les heures de travail prolongées ont un impact direct sur la santé. Mais, chose surprenante, ceux qui se plaignent d’avoir trop de travail (charge subjective) résistent précisément à la maladie alors que ceux qui travaillent en silence pendant des heures, sans se plaindre et sans interruption sont susceptibles de le payer de leur santé. Cette constatation est à mettre en corrélation avec le fait que les chercheurs ont échoué à prouver leur hypothèse, selon laquelle les états émotionnels négatifs (comme le fait de se plaindre d’un état d’épuisement professionnel ou de dépression) indiquent le lien entre charge de travail et état de santé.
Autre constatation importante : les employés sont davantage susceptibles que les cadres de subir le syndrome métabolique en cas d’heures de travail prolongées. Ce constat non plus ne va pas de soi, car les cadres dirigeants ont tendance à travailler davantage d’heures que leurs employés et possèdent de plus grandes responsabilités. Le Dr Atad explique : « Dans la mesure où il existe un lien entre un mode de vie sain et la maladie, les cadres, au statut socio-économique plus élevé, sont plus conscients de l’importance d’une alimentation saine et ont tendance à faire beaucoup plus d’exercice que leurs employés ».
Pour vérifier comment faire face à cette question inquiétante de l’influence des heures de travail sur la santé, les chercheurs ont examiné cinq paramètres chez les sujets suivis, en comparant cadres et employés: l’auto-efficacité, l’activité physique, le sentiment de contrôle au travail, le soutien social de ses supérieurs et le celui de ses collègues.
Le premier constat est que l’un des facteurs qui exacerbent l’impact des longues heures de travail chez les employés (mais pas chez les cadres) est le faible sentiment d’auto-efficacité: les travailleurs ayant un faible sentiment d’auto-efficacité et travaillant pendant des heures prolongées auront tendance à être déprimés et à voir augmenter leur nombre de caractéristiques du syndrome métabolique. Le constat n’est pas pertinent chez les cadres dirigeants, car leur sentiment d’auto-efficacité est élevé de toute façon.
Le soutien de ses supérieurs pour les employés,
de ses collègues pour les cadres
De même, le manque de soutien social des supérieurs est néfaste pour la santé des employés travaillant de longues heures. Ainsi, à l’attention des dirigeants, le soutien social des employés est crucial pour leur santé. Par contre, les cadres dirigeants ont plutôt besoin du soutien de leurs collègues, qui sont les seuls à pouvoir le leur fournir; « Un cadre ne peut pas demander un tel soutien à son patron ou à ses employés: il reste seul dans sa tour, » dit le Dr. Atad. « L’étude a révélé que les cadres qui perçoivent ce soutien de leur collègues comme faible souffrent davantage du syndrome métabolique »
Le sentiment de contrôle est connu comme étant favorable à la santé, mais avec le contrôle vient la responsabilité, et un lourd sentiment de responsabilité pèse sur les cadres et nuit à leur santé. Dans le cas d’une charge de travail élevée chez les cadres (il s’agit ici d’une charge subjective plutôt que longues heures de travail), le sentiment de responsabilité surmonte celui de contrôle et casse son effet protecteur. Dans une telle situation, les cadres qui connaissent une charge de travail très élevée et ont un sens très élevé de contrôle tombent malades, en particulier de dépression.
Le Dr Atad souligne que l’échantillon représentait une population bien portante : « Généralement les personnes qui se portent volontaires pour de telles études, sont en meilleure santé et plus conscientes de la nécessité de surveiller et de traiter leur condition médicale. Le fait que les résultats aient été significatifs même pour cet échantillon souligne d’autant plus la gravité du problème pour l’ensemble de la population ».
Alors, que faire ? Chez les cadres, l’exercice physique s’avère très utile, selon l’étude, pour réduire l’impact des longues heures de travail sur la santé; les cadres qui ne pratiquent pas d’activité physique ont tendance à être davantage malades. Parmi les employés, par contre, ce même effet bénéfique n’a pas été constaté. Selon le Dr Atad, la raison pourrait en être que pour avoir un effet protecteur, l’activité physique doit atteindre un certain niveau de base. Il est possible que les employés ayant participé à l’étude n’ait pas atteint ce niveau de base et par conséquent, cet élément n’a pas été significatif pour eux.
Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD
Rédactrice de recherche
Université de Tel-Aviv/AFAUTA
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