Ivan Bounine, premier prix Nobel bientôt "Juste parmi les nations"

Il était réputé misanthrope et égocentrique. Mais l’on sait moins que l’écrivain russe Ivan Bounine, prix Nobel de littérature en 1933, a caché des juifs en France pendant l’Occupation. Un geste qui pourrait lui valoir le titre de Juste à titre posthume.

Ivan Bounine
Ivan Bounine

Le Congrès juif russe a recueilli des témoignages inédits mettant en lumière le rôle de l’auteur des « Allées sombres » pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment quand il a caché trois juifs d’origine russe dans sa villa « Jeannette » de Grasse, où il vivait depuis son départ en exil après la révolution bolchévique de 1917.
A Jérusalem, le mémorial Yad Vashem, qui a déjà honoré plus de 25.000 « Justes » dans le monde dont quelque 200 Russes, a indiqué examiner le dossier Bounine.
Le titre de « Juste », qui existe depuis 1953 et honore « ceux qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs », est la plus haute distinction décernée à des civils par Israël.
Des pages inédites des journaux intimes d’Ivan Bounine et de sa femme Vera, conservées aux Archives russes à Leeds, en Grande Bretagne, révèlent notamment que le pianiste Alexandre Libermann et sa femme Stefania se sont cachés chez les Bounine entre le 25 août et le 5 septembre 1942.
livre
Lauréat du prix Nobel de littérature en 1933, Bounine écrit à l’époque « Les Allées Sombres », le recueil de 38 nouvelles qu’il publiera en 1946, et qu’il appellera « son livre le plus parfait », souligne Sergueï Morozov, spécialiste de l’oeuvre de Bounine à l’Institut de la Littérature mondiale à Moscou.
A l’été 1942, les Libermann ne sont pas les seules personnes accueillies par l’écrivain russe. L’homme de lettres Alexandre Bakhrakh, également juif d’origine russe, vit chez les Bounine de septembre 1940 à septembre 1944.

 » IL N’A NULLE PART OÙ ALLER, IL EST JUIF « 

« Il était venu nous voir deux jours et, trois ans après, était toujours là: il n’a nulle part où aller, il est juif. Je ne peux pas l’expulser », dit Ivan Bounine.
« Nous vivons à six, comme une communauté, sans un kopek, l’argent du prix Nobel étant déjà épuisé », résume Bounine.
En septembre 1943, alors que les troupes allemandes occupent le sud-est de la France, Alexandre Bakhrakh est arrêté par les Allemands. Mais il est aussitôt relâché grâce au certificat de baptême orthodoxe que lui avait procuré Vera Bounine.
« Malgré sa réputation de misanthrope bilieux et égocentrique, Bounine a sauvé la vie à au moins trois personnes », résume M. Morozov.
Peintre fin de la sensualité, Ivan Bounine a été le premier écrivain russe à recevoir le prix Nobel de littérature. Il est mort à Paris en 1953.
« Ce sera le premier prix Nobel parmi les Justes, si Yad Vashem décide de lui accrocher ce titre », insiste M. Altman.
Marina Lapenkova

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