Conscient du vide diplomatique et de la faiblesse d’Obama dans notre région, Laurent Fabius prend son bâton de pèlerin pour ressusciter par un coup magique le moribond processus de paix avec les Palestiniens.
Sans même consulter sérieusement le gouvernement israélien – puisque il le trouve fanatique et d’extrême-droite – Fabius débarque ici avec la prétention de changer les règles du jeu. Il souhaite que le règlement du conflit se fasse désormais par un accompagnement international intense ; en d’autres termes : exercer de fortes pressions sur Israël pour qu’il se retire de tous les Territoires et notamment de Jérusalem Est.
Voilà déjà plus de 40 ans que la France a été la première puissance occidentale à reconnaître l’OLP et l’autodétermination du peuple palestinien, et pourtant nous sommes toujours au point mort. Comment expliquer cet échec ? Peut-être que la faute incombe aux Palestiniens ?
Comment ne pas réfléchir à cette simple conclusion qui explique que la France n’a pas réussi à ce jour à imposer une solution définitive au conflit. Malgré la position constante de la diplomatie française sur ce sujet épineux, c’est sans doute frustrant de constater l’échec ! Mais Paris n’en démord pas ! Entêtée, la France cartésienne trouve la formule en rédigeant un projet de résolution au Conseil de sécurité. Suivant cette logique, si ce ne marche pas, eh bien, il faudra que la France prenne ses responsabilités, en reconnaissant sans délai l’Etat de Palestine, même s’il s’agit d’un Etat virtuel.
“Aucun gouvernement israélien ne pourrait accepter ce diktat !”
Aucun gouvernement israélien ne pourrait accepter ce diktat ! Il est inadmissible que Fabius, qui prétend être un ami sincère et soucieux de la « sécurité d’Israël », nous dicte à la fois un calendrier, adopte la politique de Mahmoud Abbas et nous impose une solution dont les contours, selon lui, sont depuis longtemps connus. Le tout, pour pouvoir offrir aux Palestiniens un Etat sur un plateau d’argent ? C’est absurde puisque la moitié de ce peuple ne reconnait toujours pas notre propre existence et qu’Abbas est toujours persona non grata à Gaza.
Comment l’ONU pourrait régler un problème aussi complexe dans une région explosive, si cette organisation vote à chaque fois et automatiquement contre l’Etat juif, nous accuse de « crimes de guerre » contre des enfants palestiniens sans évoquer les « boucliers humains » et le déluge aveugle des roquettes? Elle, qui n’a jamais été capable de régler un seul conflit sur la planète ?
En mettant la charrue avant les bœufs Fabius n’écarte-t-il pas la paix et toute solution viable ? Plus grave encore, n’encourage-t-il pas les saboteurs de toute solution, le Hamas et les djihadistes de tous bords, y compris ceux installés aujourd’hui en France et dans toute l’Europe ? La campagne mensongère du BDS n’en profitera-t-elle pas pour délégitimer Israël et boycotter tous ses produits ? Sans parler du regain de la haine et de l’antisémitisme.
Le moraliste Fabius justifie sa démarche en expliquant avec superbe que la France est l’amie à la fois du peuple israélien et du peuple palestinien, et que les seuls ennemis dans cette région sont les extrémistes et les fanatiques qui, de chaque côté, entravent la marche vers la paix…
Si Fabius considère que le gouvernement israélien actuel est extrémiste et qu’il doit mettre un terme à la « colonisation », donc, selon sa propre logique, ce gouvernement pourrait figurer aussi parmi les organisations terroristes comme le Hamas, les Islamistes et Daesh ? Et donc, il est temps de le changer comme le pensent aussi plusieurs chancelleries.
Rappelons à tous ceux qui ont la mémoire courte que de nouvelles élections ont déjà eu lieu en Israël et que le verdict du peuple est tombé en choisissant un gouvernement de droite. Il faut donc faire avec et ne pas tourner en rond !
La « logique » du Quai d’Orsay n’est sans doute pas nouvelle mais elle devient vraiment pathétique. Comment donc penser que la solution du problème palestinien par la création d’un Etat indépendant mais non viable réglerait plus facilement tous les problèmes de la région et écarterait les ambitions de l’Etat islamique ?
Qu’a fait la France pour régler la crise en Syrie ? Qu’a-t-elle fait pour éviter des massacres contre les communautés non musulmanes, contre les Chrétiens d’Orient ? Les Kurdes ou les Druzes ?
Qu’a fait la France pour régler la crise en Syrie ? Qu’a-t-elle fait pour éviter des massacres contre les communautés non musulmanes, contre les Chrétiens d’Orient ? Les Kurdes ou les Druzes ? Soulignons que l’Etat Juif est le seul pays de la planète qui apporte un soutien médical et humanitaire aux blessés de la guerre syrienne.
Nous pouvons bien entendu applaudir et féliciter la France pour sa détermination concernant la menace nucléaire iranienne, mais sur la question palestinienne, nous sommes convaincus qu’elle se trompe sur toute la ligne.
Hélas, nous savons que tôt ou tard, la France reconnaîtra l’Etat de Palestine. La décision a été prise probablement depuis longtemps ! Pour Paris, il s’agit d’une décision politique et stratégique mais, pour nous, elle est existentielle ! Si pour la France cette reconnaissance n’est pas une faveur, pour nous, c’est avant tout, un droit légitime et naturel sur notre terre et sur notre capitale trois fois millénaire !
La question est de savoir si la démarche française sera suivie par les Américains, et si au Conseil de Sécurité Obama imposera son véto ?
Enfin, malgré les pressions et le ballet diplomatique français, soulignons que c’est bien chez nous, ici à Jérusalem, et non pas à Paris, Washington, au Caire ou à Ramallah que les décisions devraient être prises sur l’avenir de l’Etat palestinien. Notre propre avenir dans cette région sera décidé uniquement par nous.
Freddy Eytan
Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/la-demarche-palestinienne-de-fabius-est-elle-vouee-a-lechec/
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