Et le pacte de non-agression entre la Turquie et Daesh ne laisse rien présager de bon.
Les élections législatives de juin dernier ont infligé une sérieuse défaite au Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdogan, qui a perdu la majorité absolue, même s’il reste le premier parti politique du pays.
Le soit disant progressiste Recep Tayyip Erdogan, qui a surtout développé son autoritarisme et sa mégalomanie, croyait que face aux problèmes récurrents en Turquie, son salut viendrait de la résurrection d’un empire ottoman et de son projet de sultanat.
Mais la petite formation kurde de gauche, en remportant 79 sièges, a stoppé le rêve du sultan.
Erdogan, le sultan mégalomane
qui se voyait déjà calife des califes.
Après son élection à la présidence en août 2014, il s’est fait construire un palais de 1000 pièces dans la forêt créée par Mustafa Kemal Atatürk, l’un des rares espaces verts d’Ankara et classé site naturel, qui aurait coûté plus de 300 millions de dollars.
Il a même à son service un goûteur pour le protéger de toute menace d’empoisonnement.
Avec une population de 76 millions d’habitants à 97% musulmane essentiellement sunnite, la Turquie est un acteur majeur mais dont on peine à définir les orientations tant elles sont fluctuantes.
Erdogan soutient les rebelles sunnites syriens contre Bachar al-Assad, mais ses rapports avec l’Etat islamique sont ambigus.
Un peu contraint et forcé, il a rallié la coalition anti-Daesh mais refuse d’y envoyer son armée et n’autorise pas l’aviation américaine à utiliser sa base de Incirlik pour frapper Daesh.
En janvier dernier, les peshmergas kurdes d’Irak et les kurdes syriens n’ont pas pu franchir la frontière turque pour défendre Kobané contre l’Etat islamique.
Erdogan redoute un état indépendant réunissant les kurdes de Turquie, de Syrie et d’Irak.
D’où le pacte de non-agression entre les turcs et les djihadistes, et la complicité sur la contrebande du pétrole et du coton.
La mafia turque étant un intermédiaire dans le trafic.
Sans compter l’absence d’attentat terroriste en Turquie qui préserve le tourisme.
Alors que Daesh détruit tous les vestiges archéologiques, il a permis à l’armée turque en février dernier de pénétrer en territoire syrien pour transporter le mausolée de Suleiman Shah, ce qui confirme les liens entre le gouvernement turc et le groupe terroriste.
Après le résultat des élections législatives
le rêve de sultanat s’éloigne, mais reste Daesh…
On sait les dégâts qu’ont produit les mégalomanes qui ont dirigé des états.
On sait aussi ce qu’ont produit les pactes de non-agression dans l’Histoire.
Le rêve de sultanat d’Erdogan est une régression et en parfaite opposition avec la vision de Mustafa Kemal Atatürk qui l’avait aboli ainsi que le califat en 1924 parce qu’il considérait ces institutions dépassées.
En raison de son combat pour la laïcité en Turquie, Mustafa Kemal Atatürk est honni par les courants radicaux.
« Musulmans, (…) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l’Occident. Revenez à votre religion », a ainsi lancé le porte-parole de l’Etat islamique.
Quand j’ai vu Daesh à Syrte, au nord de la Libye, à 700 Kms de la Sicile, j’ai pensé que la seule chose qui lui manquait, c’était l’aviation.
L’Etat islamique avait déjà mis la main sur trois avions de chasse sur l’aéroport Al-Tabaqat, dans le gouvernorat de Raqqa en octobre 2014.
Deux d’entre eux ont été détruits par l’armée syrienne.
Le ministre syrien de l’information Omrane al-Zohbi s’est alors étonné que le président turc n’ait pas saisi l’occasion pour réclamer la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne dans les régions syriennes frontalières avec son pays.
Depuis lors, Daesh s’est emparé de l’aéroport international de Syrte, la base aérienne d’Al-Qardabiya avec ses aéronefs.
Avec ses millions de dollars et la complicité de la Turquie, pour Daesh tout est envisageable.
Les programmes aéronautiques de la Turquie.
Le sultan Erdogan, qui se croit indétrônable et n’en est plus à une contradiction près, veut célébrer en grandes pompes en 2023 le centième anniversaire de la République laïque turque fondée par Mustapha Kemal Atatürk.
Pour ce faire, il a lancé un vaste programme de développement aéronautique civil, militaire et spatial.
Il veut créer une industrie de défense nationale indépendante capable de fabriquer des programmes aéronautiques complexes, incluant drones et satellites d’observation et de télécoms en multipliant les coopérations avec les entreprises étrangères.
Tous les pays sont sur les rangs, dont le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS) qui a déjà fait le déplacement en Turquie en 2013.
Les millions de dollars de Daesh qui transitent par la Turquie pourraient bien être utiles à celui qui se voit déjà calife.
Mais comme disait Sir Winston Churchill : « Un conciliateur c’est quelqu’un qui nourrit un crocodile en espérant qu’il sera le dernier à être mangé. »
Et la devise de Daesh, comme celle du Hamas, est « Nous aimons la mort autant que vous aimez la vie. »
Pascale Davidovicz
Sources : www.lexpress.fr – www.opex360.com – www.la-croix.com – www.lemonde.fr – www.lefigaro.fr – www.latribune.fr – www.lepoint.fr – www.algerie1.com
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