Loin du monde féerique de Disneyland dont rêvent tous les enfants, l’Etat Islamique les torture à l’électricité.
Nos amis italiens du site informazionecorretta.com reprennent un article du journaliste d’investigation Lorenzo Cremonesi du quotidien Corriere della Sera, et se demandent avec ironie si l’ONU en aura connaissance, trop occupé qu’il est à imposer ses diktats à Israël.
Lorenzo Cremonesi relate l’histoire d’Ahmed, un jeune syrien de 14 ans de la ville de Raqqa en Syrie qui a été emprisonné et torturé pendant deux jours.
Sur l’enregistrement vidéo reçu par la BBC, Ahmed a les poings liés et est suspendu par une corde au plafond.
Ses bourreaux masqués et vêtus de noir le frappent et le torturent à l’électricité.
L’Etat Islamique veut montrer à des fins de propagande et d’intimidation comment il punit aussi les enfants.
L’un de ses geôliers repenti qui l’a pris en pitié s’est échappé avec lui en Turquie.
Le bourreau repenti confie à la BBC que « Depuis, il est rare que j’arrive à dormir. »
Ahmed raconte : « Pendant les tortures, je pensais à mes parents, je criais maman ! »
« Mais ils me disaient tais-toi ! N’implique pas ta mère ! Et ils augmentaient le voltage. »
Le crime d’Ahmed, vendeur de pain à Raqqa, le fief de l’Etat Islamique en Syrie, est qu’il aurait accepté pour quelques piastres de déposer un sac sur un lieu de rencontre de djihadistes et dont il ignorait qu’il contenait une bombe.
« Raqqa est massacrée en silence »
RBSS acronyme de « Raqqa Is Being Slaughtered Silently », en français « Raqqa est massacrée en silence », est une campagne d’information lancée par un groupe d’activistes indépendants et non violents qui dénoncent autant les atrocités commises par le régime de Bashar Al-Assad que par l’Etat Islamique depuis la ville de Raqqa.
Pourchassés par Daesh, cachés à la périphérie de la ville, ils réussissent avec courage et détermination à collecter des informations qu’ils s’échangent via Internet et font parvenir à la presse anglo-saxonne.
Au prix d’un risque majeur, ils filment les exécutions, chacun d’eux se trouvant à un endroit différent.
L’un des leurs l’a payé de sa vie. Motaz Billah, âgé d’une vingtaine d’années, a été exécuté publiquement d’une balle dans la tête par les islamistes pour les avoir critiqués sur un forum Facebook.
Les membres de RBSS disent qu’ils sont choqués par l’arrivée massive d’européens venus rejoindre en famille les rangs de Daesh.
Afin de peupler son Etat, Daesh prodigue des privilèges spéciaux aux nouveaux arrivants étrangers, allant jusqu’à les installer dans des logements dont les occupants sont chassés.
Les membres de RBSS racontent le quotidien sous le ciel radieux de l’Etat Islamique.
Les denrées essentielles manquent.
Les rues autrefois tranquilles et cosmopolites sont méconnaissables.
Les magasins doivent fermer cinq fois par jour pour la prière et la police religieuse rôde.
Gare aux femmes dont la burka n’est pas assez opaque.
Fumer est interdit et puni de coups de fouet, voire de prison.
Même un membre de l’Etat Islamique a été retrouvé décapité avec une cigarette entre les lèvres.
Les boutiques qui vendaient cigarettes et pipes à chicha ayant fermé, le marché de la contrebande explose.
Les cafés sont désertés.
Les femmes ne peuvent pas sortir sans un homme, qu’il soit leur mari, leur frère ou leur père.
Même la chaîne qatarienne Al Jazeera se fait l’écho des conseils vestimentaires imposés aux hommes.
Toute musique, outre celle religieuse, est interdite.
Abu Ibrahim, jeune militant de 22 ans de RBSS, raconte que les djihadistes ont forcé des habitants à lapider à mort une jeune femme dénommée Fadda Sayyid Ahmed, sans que personne ne sache de quoi elle était accusée.
Ils avaient pris soin de l’anesthésier afin qu’elle ne crie pas !
A Raqqa, capitale auto proclamée du califat, privation et pénurie…mais pas pour tout le monde !
Si la ville de Raqqa, peuplée de 200 000 habitants, s’éteint doucement et que les civils pris entre l’épée de Bashar Al-Asad et l’enclume de Daesh manquent de tout, y compris de médicaments et de médecins qui ont fui, les islamistes de Daesh profitent d’un certain confort.
Hôpitaux privés, salaires élevés, habitations réquisitionnées en bon état.
Raqqa est présenté dans les vidéos de propagande comme un véritable paradis par ceux qui envoient leurs propres congénères à la mort.
Le journaliste David Thompson, auteur du livre « Les français djihadistes » publié aux éditions Les Arènes, annonçait l’ouverture d’un restaurant par un membre français où l’on pouvait déguster pâtes et spécialités marocaines.
Les membres de Daesh prêchent la bonne parole et remplacent le mot Syrie par Etat Islamique dans les manuels scolaires.
Des crucifixions ont lieu sur la place publique, l’ironie voulant qu’elle s’appelle place du Paradis.
Une économie ravagée.
Un militant de RBSS évoque au quotidien britannique The Guardian une pénurie croissante de nourriture et selon lui plus de 1000 familles bénéficieraient d’une soupe populaire que l’Etat Islamique ne finance pas.
Le prix du pain a augmenté de 150 % depuis septembre et l’eau courante est devenue un luxe.
Les frappes de la coalition ont détruit la raffinerie et la centrale électrique de la ville.
Les habitants n’ont plus d’électricité que trois à cinq heures par jour, mais les djihadistes ne sont pas concernés par ce rationnement.
Pour Abu Ibrahim et ses amis de RBSS un seul souhait : qu’un jour quelqu’un vienne à leur secours.
Sources : informazionecorretta.com – raqqa-sl.com – telegraph.co.uk – theguardian.com independent.co.uk – wsj.com – lalibre.be
Pascale Davidovicz
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