Ce livre est l’extraordinaire biographie de Théa Wolf, née en 1907 à Essen (Allemagne), dans une famille juive. À l’adolescence, contrevenant aux désirs de ses parents, elle décide d’embrasser la profession d’infirmière. Où mieux que dans un hôpital, peut-on soulager les souffrances d’autrui ?
Le choix de ce métier a profondément choqué ses parents. Ils préféraient en effet voir leur fille suivre les cours d’une institution où seraient enseignées les règles des bons usages et devenir ainsi une parfaite femme d’intérieur. À bout d’arguments, les parents de Théa décident alors de consulter le rabbin de la cité en espérant qu’il ferait fléchir Théa.
Mais c’est une réponse diamétralement opposée qu’ils obtiennent :
Vous devriez être fiers de votre fille. C’est une profession noble entre toutes qu’elle souhaite embrasser.
C’est sous la tutelle de l’éminent Dr. KATZ, de l’infirmière BERTHA et de ROSA « La Narcose » (ainsi surnommée car responsable de l’anesthésie) que Théa fit son apprentissage du métier à la prestigieuse école d’infirmières de Francfort.
En guise d’entrée en matière, on lui prodigua solennellement des conseils :
— Ma chère Théa, les conseils que je vous donne en votre qualité de nouvelle étudiante infirmière, c’est de bien prendre en considération la nature humaine.
Un comportement irréprochable empreint d’une grande tolérance et un dévouement sans limites, sont les meilleurs garants de l’accomplissement de la noble profession que vous avez choisie.
Ne vous fiez pas seulement aux apparences, examinez les choses en profondeur. Vous devrez assumer non seulement l’intégralité de vos actes, mais aussi leurs conséquences.
L’HOPITAL ISRAELITE D’ALEXANDRIE
Surmontant avec persévérance toutes les difficultés passagères et gagnant l’entière confiance de ses supérieurs, Théa sera In fine retenue pour un poste d’infirmière en chef du département de chirurgie à l’hôpital israélite d’Alexandrie, hôpital acceptant des patients de toutes religions et toutes origines.
J’étais abasourdie et en même temps ravie. Le défi que je devais relever enflamma mon imagination.
La situation d’Alexandrie dans un pays exotique entre tous, me faisait l’effet d’un joyau ancré au bord du bleu azur de la Méditerranée.
En 1932, accompagnée par l’éminent docteur Katz, elle découvre à Alexandrie un établissement ultramoderne servi par un personnel formé dans les grandes universités.
«C’est ainsi dit-elle que j’entrai de plain pied dans ce beau métier, mais j’étais loin de me douter des événements tragiques que l’avenir me réservait et des nombreux appels au secours qui me parviendraient.».
DECOUVERTE DE LA SOCIETE
EGYPTIENNE DE L’EPOQUE
C’est avec étonnement qu’elle constate l’excellente entente qui règne dans une ville aussi cosmopolite qu’Alexandrie où des communautés d’origines différentes se côtoient en parfaite harmonie.
La chaleur de l’accueil qu’elle reçoit partout, la ravit.
Constitué d’une trentaine de petits chapitres indépendants, « La femme en blanc de l’hôpital d’Alexandrie » fourmille d’histoires extraordinaires contées par les patients que Théa soigne, ou tirées de ses propres mésaventures en Égypte. Au fil du livre nous découvrons l’ambiance chaleureuse de la société égyptienne de l’époque et particulièrement celle de la communauté juive d’Alexandrie.
Au fil des chapitres, Théa nous livre ses impressions et son étonnement devant la découverte des us et coutumes en usage à l’époque en Égypte.
Ainsi, elle constate qu’une descendance féminine est très mal acceptée par les parents d’un nouveau né, à telle enseigne qu’il n’est pas rare que ceux-ci quittent la maternité de l’hôpital en laissant sur place leur bébé de sexe féminin (Chapitre V). C’est alors qu’avec doigté, que le Dr. Katz intervient :
— Ahmed ! Lorsque vous semez des pommes de terre dans votre champ, qu’obtenez-vous lorsque la plante s’est développée ?
— Des pommes de terre ! répondait le paysan éberlué.
— Eh bien vous avez planté une fille. Comment espérez-vous obtenir un garçon ?
Sans demander son reste, l’infortuné Ahmed s’en retournait à son village avec son épouse et sa fille.
Le chapitre XI nous éclaire sur les règles tacites et non écrites en usage au sein de la classe moyenne juive:
Il est inconvenant pour une épouse de travailler car ce serait un déshonneur pour le mari d’être jugé incapable de subvenir aux besoins de sa famille. C’est en fait l’histoire d’Émilie qui, désespérée et outragée en raison de l’infidélité de son mari se retrouve à la rue sans ressources avec deux enfants en bas-âge et qui en raison des convenances qui prévalent ne peut se résoudre à chercher du travail.
Au chapitre XII c’est un drame auquel assiste avec stupeur Théa :
C’est vers 22 heures qu’un soir aux urgences, arrive accompagnée de son oncle, une jeune fille âgée d’à peine 14 ans souffrant d’une grave hémorragie vaginale. Théa apprendra alors avec l’effroi que l’on devine, que la coutume dans l’Égypte profonde, veut que le soir de noce, on s’assure en public de la virginité de la future épouse en introduisant profondément un mouchoir à l’intérieur du vagin. L’honneur sera sauf lorsque l’on exhibera en public, le mouchoir abondamment taché de sang.
Dans la négative, cet affront sera lavé « dans le sang ».
AIDE ACTIVE AUX RESCAPES DE LA SHOAH
Une partie du livre concerne les années dramatiques de la Seconde Guerre mondiale où de façon surprenante, contre vents et marées, Théa parviendra – souvent avec l’assistance de différentes administrations égyptiennes, gouverneurs, douanes, police, etc.- à venir au secours de réfugiés rescapés de la Shoah, n’hésitant pas à se déplacer dans tout le Moyen-Orient et à frapper à toutes les portes. Dans les divers cas dramatiques qui nous sont contés, son intervention sera décisive. Elle sauvera de nombreuses vies avec une modestie qui force le respect.
Dans le cadre du livre, on prendra conscience de la grande frayeur qui s’était emparée des habitants de la vallée du Nil – principalement les juifs – quand les troupes allemandes commandées par Rommel furent arrêtées aux portes d’Alexandrie lors de la célèbre bataille d’El Alamein.
Mais son destin est scellé, car résidant en Égypte, elle échappera à la déportation alors que 72 membres de sa famille ainsi que sa promotion seront anéantis dans les sinistres camps de la mort nazis.
Ce livre constitue un récit porteur d’espoir qui milite contre les guerres et pour la paix entre les peuples.
Michel Mazza et Joseph Chalom
Traduction française. 370 pages. 3 Décembre 2014. Premier prix du « Témoignage ».
Titre original du livre publié en anglais : « NOT IN VAIN «
Disponible en version papier et numérique :
http://www.amazon.fr/Thea-Wolf-femme-lh%C3%B4pital-dAlexandrie-ebook/dp/B00PKKBC84/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1417711241&sr=1-1&keywords=Thea+Wolf+hopital+alexandrie
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