Le plus célèbre féministe en Israël cette semaine est Sydney Engelberg, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, qui a fait un tabac sur Internet avec une photo de lui continuant à enseigner avec un bébé un peu grognon dans les bras.
Tribune juive a publié cette photo avec un texte d’explication il y a une semaine et nous sommes fiers d’avoir contribué à la diffuser et à montrer le vrai visage d’Israël.
En Israël, les étudiants commencent leur cursus universitaire plus tardivement que dans le reste du monde à cause du service militaire obligatoire (trois ans minimum pour les hommes et 22 mois minimum pour les femmes). Durant l’année de voyage qui suit en général le service militaire, beaucoup d’étudiants se marient et ont des enfants.
La photo ci-dessous a d’abord été postée sur Imgur le 11 mai 2015, et a été vue plus d’un million de fois. Un repost sur la page Facebook de la fille du professeur Engelberg a collecté 50 000 « like ».
« Alors une des étudiantes est arrivée avec son enfant car elle n’avait pas de baby-sitter. Le bébé a commencé à pleurer au milieu du cours, sa mère ; très ennuyée, s’est levée pour partir, mais le professeur est venu prendre le bébé dans ses bras pour le calmer et continuer en même temps son cours. »
« Difficile d’être étudiante et mère »
Parmi les commentaires sur Imgur, un utilisateur, Cbarbz, fait la remarque suivante :
« Je n’imagine même pas ce que ça signifie pour une mère de savoir que quelqu’un valorise ses études et la soutient à ce point. »
EveryonesHiro ajoute :
« C’est bien pour lui d’avoir compris combien il est difficile d’être en même temps étudiante et mère et qu’elle essayait de se surpasser pour son fils. »
La diffusion rapide de la photo et le caractère éminemment positif des commentaires, chose rare pour tout article comportant Israël dans son titre, indique que les internautes se sont sentis reliés à lui à la fois par tendresse humaine et par soif d’exemples de féminisme dans la vie courante, de soutien au labeur quotidien d’une jeune mère.
Cette image donne un résumé rare de ces deux aspects dans un cadre institutionnel, un aperçu d’un monde dans lequel les femmes seraient soutenues par la communauté au sens large. Une incarnation de l’adage : « Il faut un village pour élever un enfant. »
Des enfants dans les couloirs de la fac
Grand-père de cinq enfants et professeur de psychologie sociale depuis 45 ans, le Dr. Engelberg raconte sur Yahoo ! Parenting :
« C’est parce que pour moi, l’éducation, ce n’est pas seulement transmettre un contenu, mais aussi enseigner des valeurs. Quoi de mieux qu’en faire un jeu de rôles ! »
A une question sur le nombre de bébés qui suivent ses conférences, il répond :
« Ce n’est certes pas inhabituel, mais je ne dirais pas que c’est la norme. Cela semble plus acceptable en Israël qui est une société très orientée vers la famille et la culture. »
Jonathan Kaplan, vice recteur de l’Ecole internationale Rothberg de l’université hébraïque, nous explique que la politique de l’université reflète les valeurs soutenues par Israël :
« Israël est une société très familiale, il n’y a rien ici de bizarre au fait que de jeunes mères emmènent leurs enfants au cours. On emmène souvent les bébés aux mariages ou aux cérémonies officielles, et pendant les vacances scolaires, il n’est pas rare de voir des enfants courir dans les couloirs des bâtiments universitaires. »
« Pas besoin d’en faire un gros problème »
Sur la page Facebook New Wave Feminists, des femmes se demandent si le fait d’autoriser des bébés dans un cours d’université est « accueillant » pour les femmes ou si cela distrait trop le groupe. Kelly Smith écrit :
« J’étais enceinte à l’université, j’avais un discours de clôture à faire dans le cadre du cours. Me hisser sur le tabouret face à la salle a été un défi. Il y a eu des chuchotements, j’étais très gênée. Le professeur avec simplicité m’a proposé son aide en cas de besoin. Tout le monde a bien rigolé et le calme est revenu.
C’est le meilleur encouragement que j’ai jamais eu… pas besoin d’en faire un gros problème, il suffit simplement d’être un bon soutien et d’aller de l’avant. »
Dans la même ligne, Judy Caldor Linderman ajoute :
« J’ai un prof d’anglais qui me disait de laisser mon petit de quatorze mois se promener dans la pièce. Un gars formidable, c’était il y a presque 30 ans quand je travaillais sur mon deuxième BS (Israel Summer Business Academy). Comme cet enfant vient juste aujourd’hui de terminer son master, vous pouvez imaginer combien ça été payant. »
Ce fonctionnement de l’université hébraïque n’est pas le seul qui mérite d’être reconnu.
Rivka Carmi est la première femme à diriger une université israélienne et la première à présider la Commission des présidents d’université. Lors de son intronisation, la présidente Carmi a déclaré qu’une de ses missions la plus importante était de promouvoir l’égalité entre les sexes dans le système universitaire.
Des salles d’allaitement sur le campus
Elle constate :
« Tout le système est taillé sur-mesure pour les hommes. Les femmes ont des besoins différents, des styles de vie différents et des rôles différents qui ne sont pas pris en compte dans ce système. »
Sous sa direction, l’université Ben-Gurion est devenue la première université Israélienne :
- à ouvrir des salles d’allaitement sur les campus pour les femmes qui le souhaitent ;
- à installer des équipements pour une garderie (une seule des trois universités l’a fait) ;
- et rendre la « tour d’ivoire » plus accueillante aux femmes et aux familles, avec des financements, la mise en place de procédures adaptées à leurs besoins familiaux pour aider les femmes qui font de la recherche.
La page Facebook du Syndicat des étudiants israéliens montre que les enseignants sont particulièrement accueillants pour les enfants : ils postent fréquemment des photos venant de tout le pays montrant des bébés dans une université.
Parmi eux, on trouve le cliché ci-contre d’un bébé consolé pendant un cours par un canard en caoutchouc jaune (professeur non identifié).
On peut voir également ci-dessus cet enfant dans les bras d’un enseignant dans ce qui apparaît comme une classe à prédominance féminine.
On y trouve également la photo ci-contre, partagée par Hadass Arussi, qui explique la situation :
« Au collège Beit-Berl, ma formatrice avec ma fille dans les bras pour qu’elle fasse son rot après avoir bu ! »
http://m.rue89.nouvelobs.com/
Poster un Commentaire