34ème gouvernement de l’État d’Israël depuis sa création en 1948. 4ème gouvernement dirigé par Binyamin Netanyahu.
Des semaines de tractations acharnées et de déceptions et un vote serré avec la plus petite des majorités : 61 contre 59. Avigdor Liberman avait jugé bon de se retirer de la coalition et de mettre son parti Israël Beteinou dans les rangs de l’opposition.
Le programme de ce gouvernement a été défini à la tribune de la Knesset par Netanyahu : » Nous préserverons notre sécurité, rechercherons la paix, développerons notre économie et réduirons les écarts dans la société « . On ne peut être plus consensuel : sécurité, paix,développement économique et justice sociale, qui pourrait être contre ? La seule question qui vaille : comment y parvenir, quelle voie choisir ? Les réponses ? Ce n’est pas pour aujourd’hui alors qu’il ne faut fâcher personne.
Le chef de l’opposition Itshak Herzog, sèchement battu à l’élection alors qu’il caracolait dans les sondages, a refusé de se joindre à la coalition et l’a qualifiée de cirque : » Zeev Jabotinsky et Menachem Begin auraient eu honte de vous ! »
Les commentaires selon lesquels ce nouveau gouvernement est le plus à droite possible, ne sont pas justifiés. Liberman n’y est pas, les deux partis religieux, Shass et Yaadout Hatora, n’ont reçu qu’un poste chacun, Naftali Bennett était déjà dans le précédent gouvernement et Moshe Kahlon a reçu les pouvoirs pour réformer l’économie, briser les ententes et progresser vers plus de justice sociale. Des postes ministériels dont celui des Affaires Étrangères ne sont pas encore pourvus et permettront de recruter des soutiens.
Un gouvernement qui tient à un fil ? A la mauvaise humeur ou la colère d’un ou de deux députés ? L’opposition de gauche plastronne en évoquant les 59 voix contre réunies à la Knesset. Bien sûr, les 13 voix des partis arabes y sont incluses et celles de Israël Beteinou aussi mais c’est de bonne guerre. La politique a toujours été l’art d’arriver au pouvoir et de le conserver en éliminant ses rivaux potentiels.
Il y a eu des gouvernements qui ont duré longtemps alors qu’ils ne disposaient pas d’une majorité ( notamment celui de Michel Rocard) et une naissance difficile n’empêche pas d’être vigoureux. Ce cabinet peut se fracasser rapidement et il pourrait également élargir sa majorité et durer tout le temps qu’il faudra pour remplir sa mission.
Le système électoral israélien à la proportionnelle presqu’intégrale aboutit à une représentation fidèle de la société civile en mouvement avec ses lignes de clivage et ses rapprochements. Si les élections avaient eu lieu au scrutin majoritaire à 2 tours comme en France, le Likoud aurait reçu sans doute la moitié des sièges et, au scrutin majoritaire à un tour, comme en Grande-Bretagne, Netanyahu aurait été dans la position de David Cameron : les mains libres.
Le spectacle donné par les candidats aux postes ministériels, leur acharnement à satisfaire leur ambition et, après la défection de Liberman, Bennett promu faiseur de roi raflant 3 postes ministériels alors qu’il a perdu 4 sièges de députés, cela laisse un goût amer et inciterait à se détourner des jeux politiques. Mais la politique est sous l’œil des média qui scrutent, rapportent, analysent et journaux, radios, chaînes de télévision, sites d’informations en ligne déversent des torrents de nouvelles et de commentaires.
Dans le monde secret des affaires, dans les bureaux feutrés des sièges sociaux, dans les couloirs des Instituts ou des Académies, il y a aussi la même course vibrionnante pour arriver en tête mais on ne parle pas de cirque, on sait que c’est ainsi, que « c’est comme ça que les hommes font » et que l’on ne change pas la comédie humaine.
André Mamou
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