Le tueur de l’Hyper Cacher, Amédy Coulibaly, pourrait avoir « reçu des instructions de l’étranger », estime dans un entretien au Figaro daté de mardi le procureur de la République de Paris, François Molins, jugeant que « la menace n’a jamais été aussi forte » en France.
« Il n’y a aucune raison d’être optimiste. La menace n’a jamais été aussi forte, notamment en raison de l’implication de la France dans la lutte contre Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat islamique, NDLR) », a expliqué le magistrat. « Depuis fin 2013, le nombre des dossiers a explosé de 180%! »
Nous sommes face à des radicaux qui agissent dans la discrétion. Ils peuvent avoir des vies de famille normale, comme cela semble le cas pour Sid Ahmed Ghlam, qui voulait frapper le mois dernier à Villejuif. En apparence, ces individus semblent seuls mais, quand on gratte un peu, on s’aperçoit qu’ils agissent au nom de groupes terroristes sur des cibles correspondant à des mots d’ordre donnés par Daech ou Jabhat al-Nosra », mouvements actifs en Syrie et en Irak, a ajouté François Molins.
« On sait que Ghlam a été téléguidé depuis la zone irako-syrienne. Selon toute hypothèse en cours de vérification, Amédy Coulibaly a lui aussi reçu des instructions depuis l’étranger », a révélé le procureur de Paris, sans préciser de quel pays il s’agit.
Amédy Coulibaly, qui a tué début janvier trois clients et un employé juifs du supermarché parisien Hyper Cacher ainsi qu’une policière municipale à Montrouge, agissait en coordination avec les frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo. Amédy Coulibaly a exprimé son allégeance au groupe Etat islamique, quand Chérif Kouachi a dit agir au nom d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
LA TAQIYA TECHNIQUE ISLAMIQUE
DE LA DISSIMULATION
« Nous traitons actuellement des dizaines de dossiers avec 169 personnes mises en examen, dont 106 en détention provisoire, auxquelles il faut ajouter 306 individus en Syrie ou sur le retour qui sont visés et que l’on cherche. Ce processus durera des années », a poursuivi François Molins.
« Ce terrorisme low-cost fait peur car il est plus difficile à détecter. Il y a vingt ou trente ans, nous travaillions sur des cellules structurées et identifiées. Maintenant nous sommes face à des individus venus de nulle part, adeptes de la taqiya – la technique islamique de la dissimulation -, et qui n’émettent que des signaux très faibles, quasiment indécelables par les services de renseignement », a-t-il jugé.
AFP
Poster un Commentaire