Une campagne a été lancée en France dans la presse pour accuser Israël de vouloir “extraire” des bébés de mères porteuses et les rapatrier, au détriment des habitants, et de vouloir ainsi marchander son aide. (www.20minutes.fr) Or, il se trouve que la République sioniste d’Israël est la première à avoir réagi sans attendre une demande du gouvernement fédéral népalais. C’est aussi celui qui a envoyé le plus de volontaires civils et militaires. Les raisons du mépris français caché derrière les promptes interventions officielles, et les explications sur l’ostracisme de la presse au sujet de l’action israélienne, qui, quoiqu’elle fasse sera toujours l’objet de la haine objective du conformisme intellectuel français qui revient comme la marée d’équinoxe, au galop.
La différence entre l’antisionisme de gauche et celui de droite est que celui de gauche s’appuie sur les mêmes “antis” que celui de droite : anti libéralisme, anti “mondialisme”, antiparlementarisme, anticapitalisme, antidémocratisme et anti pluralisme. Ils sont tous deux profondément élitistes, païens (divinisation du peuple, du pouvoir, du travail et de la terre qui mis ensemble doivent construire un paradis normalisé sur Terre). Il n’y a que les moyens qui changent : subversion de la morale et récupération matérialiste des croyances pour la gauche. Affrontement et stimulation des haines latentes pour la droite. Le résultat est le même : l’uniformisation de l’individu, la transformation de l’existence en donnée utilitaire et la militarisation de la pensée. Un seul mot d’ordre : “la fin justifie toujours les moyens.” Ce n’est pas le fin mot d’Israël. Ce ne doit pas être celui de la vocation européenne à apaiser les rages et les rivalités du monde.
Il n’y a pas d’humanisme qui fasse l’économie de la transcendance de l’autre, qui considère l’Homme comme son origine, sa fin, son désir et son moyen. Dans cet humanisme-là, il n’y a pas d’Homme possible. Il n’y a que de la concurrence.
“Transformer les épées en socs de charrue”
“Transformer les épées en socs de charrue” (Isaïe ch.2 : 4), n’est-ce pas le fin mot des cultures juives et chrétiennes qui font écho et se parrainent l’une l’autre ? Il y a une étoile sur le drapeau d’Israël et 12 sur celui de l’Europe. Ni faucille, ni marteau, ni tête de mort, ni sabre, ni astre dévorant, ni couronne. Une seule étoile, celle d’Israël, multipliée par douze, celles des nations européennes, des douze tribus d’Israël, des douze apôtres de l’Évangile ou des douze commandements de l’Eternel…
Ou bien : douze étoiles, celles de la couronne de la Vierge porteuse du Sauveur, constellées, contenues, « incorporées » en une seule : celle du Roi David, auteur des psaumes, vainqueur de Goliath et lui aussi sauveur d’Israël. Israël sauvé sept fois. L’Europe aussi sept fois tirée des eaux. Enfin.… Cela ne donne aucun honneur ni privilège comme l’histoire l’enseigne durement, mais engage à davantage de pesantes et enthousiasmantes responsabilités. Chacun y verra le zénith à sa porte où il découvrira son sac pour partir. C’est cela que le Népal reçoit comme aide et soutien aujourd’hui.
La France n’a envoyé que onze sauveteurs officiels (compte non tenu des volontaires ONG) et pour sauver plus de 600 ressortissants. Israël a envoyé plus de 200 secouristes civils et militaires pour sauver tout le monde et “extraire” plus de 2000 de ses compatriotes. Mais les chiffres, pour ce qui concerne le décompte français, sont sujets à caution. Ils varient du simple au double en fonction des supports qui s’expriment. On se référera aux sites dédiés concernés.
La première a débloqué une enveloppe financière dont on est sans nouvelle. Le second n’a pas envoyé d’argent mais des dons en hommes, en vivres, en soins et en matériel.
Ce que la presse française en général ne supporte pas et ne peut donc pas voir, c’est la DIFFERENCIATION qu’Israël fait entre les natures complémentaires des différents pouvoirs qui ne se confondent pas mais collaborent : celui des religieux, de l’État, des médias, des universitaires et des juges.
Il y a donc impossibilité pour la France, pays des Lumières et de la “Déesse Raison”, de comprendre pourquoi Israël envoie une aide inversement proportionnelle à la taille de son territoire et au petit nombre de ses habitants dans un territoire aussi éloigné et dépourvu de ressources naturelles de gros filon : Israël : 7 millions d’habitants sémites et monothéistes dans le désert. Le Népal : 30 millions d’habitants bouddhistes et polythéistes dans les montagnes. Tout les oppose en apparence, à part leur humanité qui est le fondement, puisque c’est elle qui pilote les hélicoptères de secours ici et qui largue les bombes ailleurs.
L’investissement médiatique de la France au Népal est essentiellement du au fait que la plupart des relais d’opinion et journalistes ont en mémoire leurs vertes années soixante-huitardes où la fumette, la route et la découverte des vertes vallées peuplées d’ashrams où il faisait bon méditer la pipe d’opium à la bouche en écoutant Ravi Shankar entre deux mantras agrémentaient la lecture de Kerouac et de Khalil Gibran. On était Mao la semaine et Moi le dimanche. Marx le jour et Bouddha la nuit. Il n’est que de lire les articles des descendants grisonnants et même franchement chenus des apôtres de la paix végétale mondialisée pour s’en rendre compte.
“Le peuple qui marchait dans la longue nuit”
C’est pour cela qu’un séisme au Népal est au moins autant sismique qu’un attentat islamiste à Charlie Hebdo, autre nostalgie du temps ou le Général représentait la bourgeoisie parentale et où on pouvait traîner une infinie adolescence dans les ruelles paresseuses de l’après-guerre et de la guerre froide devenue tiède.
L’antisémitisme de gauche d’aujourd’hui est essentiellement un reproche fait à Israël d’avoir transformé l’apparent babacoolisme collectiviste kibboutznik en libéralisme technologique et en économie militaire au service d’une coloniale entreprise d’autoprotection. “Le peuple qui marchait dans la longue nuit” comme le chante un hymne populaire catholique inspiré de la Bible, le voici perverti dans la combinazione politicarde, dans l’ “apartheid” ethnique, dans l’exclusivisme religieux et le nationalisme honteux ! Voilà pourquoi les européens sont déçus d’Israël qu’ils voient comme le reflet de leurs propres échecs à juguler à jamais le social-fachisme et ses avatars xénophobes et libertaires. Enfin quand je dis “les européens”, ce n’est pas exact. Il y a, sous l’épiderme dualiste et hindo-zoroastre des européens, un derme profondément sémitisé, sensible à l’altérité et dont le “vivre-ensemble” babacool, universalisé, humanisé, est une épiphanie pour l’instant réservée aux magazines de décoration culturelle et de santé/beauté sociale.
Je suis rassuré en pensant que la peau, plus vaste et plus résistant organe du corps humain, a aussi sept couches apparentes et quelques autres enfouies dans les épaisseurs de la chair. Une couche pour chaque jour de la semaine, une pour chaque don de l’Eternel. Une pour chaque renoncement. Sous la couche juive de l’européen d’origine païenne, on en trouvera bien une, chrétienne, peut-être, que la voix de Moïse devisant en intimes murmures avec Elie et Jésus au Mont Thabor démange encore (Mat. 17 :1-8) !
Je suis comblé d’optimisme !
Les babas d’hier devenus bobos d’aujourd’hui, qui ont le pouvoir dans les universités françaises, les journaux et les boulevards où on calicote, reprochent à Israël de “pervertir” leur rêve bouddhique dont l’Himalaya des aventuriers techno écolos (qui y jettent malgré tout leurs désinvoltes détritus) est l’écrin. Vous aurez remarqué que pas un BHL ni aucun Onfray ni aucun autre penseur mono cérébral n’a demandé pitié pour le peuple népalais, aide pour l’État fédéral du Népal, ni tendu la corbeille pour la restauration de Katmandou. Mais sur ce dernier point, je suis sûr que les oboles vont circuler. La France a renvoyé plus d’architectes bénévoles que de sapeurs-pompiers et de CRS bientôt mobilisés sur ses plages.
C’est aussi un reproche aux juifs de ne s’être pas conformés à plus de modestie devant la Shoah qui aurait du discipliner leur rêve mystique et religieux de s’appartenir sans rendre de comptes à un occupant quel qu’il soit et sans devenir “laïcs”, c’est-à-dire diviser la société entre les prolétaires chargés de la vénération des idoles, et les intellectuels, chargés de les façonner et de les proposer au suffrage populaire.
Israël est une société de vie faite pour les vivants et qui se préoccupe des vivants. L’Europe actuelle, elle, débat pour savoir de quelle façon elle peut mourir et quelle est la manière la plus douce et la moins traumatisante pour y arriver. Le terrorisme de ses anciennes provinces exotiques qui frappe chez elle la sort de cette torpeur. C’est la question essentielle posée par le laïcisme militant, qui par ailleurs, exalte “les différences” pour mieux les annuler, comme un rasoir à trois lames hérisse le poil pour mieux le trancher.
Donc, le Népal, pour la France “Charlie”, péri-catholique, laïque et embourgeoisée de centres urbains, de lieux communs et de banlieues communes, c’était le dernier terrain de jeu de l’imaginaire révolutionnaire (20000 victimes népalaises et étrangères) , après que l’Indonésie, les Maldives et la Thaïlande des mêmes adorateurs du travail et du sang des autres ont perdu sous le Tsunami de 2004 leurs plages de sable blanc, leurs villégiatures hédonistes et leurs clubs “anticonformistes” préférés (166 320 morts en Indonésie).
C’est pour cela que la France qui vend des chasseurs “Rafale” à l’Inde, au Qatar ne voit pas l’intérêt de se préoccuper de Katmandou qui après avoir été défiguré par un tremblement de terre, risque de l’être par la poussée islamiste qui en fera un camp de base rêvé entre le continent hindouiste et son frère ennemi islamiste du Pakistan.
C’est aussi pour cela qu’Israël partenaire militaire de l’Inde, s’y déploie, et pas la France qui veut ménager la susceptibilité de “ses arabes” à elle, qu’elle redoute, qu’elle sermonne, et qu’elle tient éloignés comme on se tient loin de l’huile de la discorde bouillant sur le feu de la Bastille.
«Je lève mes yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours?»
(Tehilim, 121, 1)
Jean Taranto a 54 ans et vit en France. Après avoir longtemps travaillé dans le spectacle et la création publicitaire, il veut aider à « construire des ponts ».
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