Créé en 2012 par Brice de Matharel et Thomas Nanterme, deux jeunes diplômés de l’Ecole de Commerce Audencia Nantes, et soutenu par le Ministère Français des Affaires Etrangères, le W Project est une association qui mobilise chaque année depuis sa création deux à trois équipes d’étudiants autour d’un unique projet : un tour du monde des entrepreneurs français à l’étranger. 28 pays ont été couverts en 12 mois pour la deuxième année consécutive.
A chaque équipe sa spécialité : en 2014, l’une était responsable de l’économie sociale et solidaire, soit le secteur du service et de l’environnement, et l’autre de l’économie créative, soit le secteur culturel. L’édition de 2015 verra naître une équipe responsable de l’entrepreneuriat au féminin en Europe. Avant de partir, chaque équipe est formée par la précédente, notamment sur les techniques du reportage et du montage, car au-delà du voyage, l’ouvrage.
Chaque visite fait l’objet de trois rapports distincts : une fiche pays faisant état de la situation économique nationale et du niveau de développement de leur culture de l’entrepreneuriat, des portraits de tous les entrepreneurs rencontrés, et un reportage final.
Après une première édition en 2013 qui avait permis aux fondateurs de partir en éclaireurs à la recherche des pionniers français, le W Project présente tout juste le fruit du travail de l’édition de 2014. Missionnés pour couvrir l’économie créative dans 14 pays répartis sur 5 continents, Louisa Mesnard, Edgar Roussille, et Johann Roussillon ont achevé leur tour du monde de l’entrepreneuriat français à l’étranger par une escale d’un mois en Israël, entre le 22 janvier et le 21 février 2015.
Siliconwadi.fr a rencontré Louisa Mesnard pour discuter de l’entrepreneuriat en Israël et de la contribution des Français.
Entretien.
Qui sont les Français à Tel Aviv ?
Ils sont nombreux ! Parmi ceux qui se sont implantés dernièrement ou dont les produits ont été récemment importés pour la première fois dans le pays, on compte Fauchon, Yves Rocher, ou encore la franchise Yellow Corner ouverte en janvier 2014 par le Français David Amiel dans le quartier bobo de Neve Tsedek à Tel Aviv.
En ce qui nous concerne, nous avons rencontré quelques jeunes entrepreneurs qui gagneraient à être connus.
Parmi eux, Noa Benattar, fondatrice et Présidente-Directrice générale de Music Sniffers, une jeune start-up destinée à promouvoir la musique israélienne à l’étranger. Noa est en contact permanent avec des boîtes de production françaises, entre autres, à qui elle adresse régulièrement des talents de la scène musicale israélienne.
Pzartech, une autre start-up basée à Tel Aviv et co-fondée par le Français Jérémie Brabet-Adonajlo, propose l’impression de pièces détachées en plastique grâce à une imprimante 3D, un procédé qui permettra au consommateur de se procurer facilement les petites pièces défectueuses non disponibles à la vente. En développant une application mobile qui mettra en rapport consommateurs, possesseurs d’imprimantes 3D, et créateurs, Pzartech s’apprête à rendre une technologie encore obscure accessible à tous.
Enfin nous avons aussi interrogé Valérie Zarka, qui s’occupe de promouvoir les start-ups israéliennes auprès des entreprises françaises. Fondatrice de More Than Digital, elle anime un blog sur le célèbre site LeWeb qui met en relation des visionnaires, des entrepreneurs, les industries technologiques et les plus grands médias, et propose également un espace de pitch pour les start-ups.
A la lumière de votre voyage et de vos observations in situ, comment définirais-tu la culture de l’entrepreneuriat en Israël ?
Israël est le 2ème écosystème entrepreneurial du monde. Le pays mérite tout à fait sa réputation de Start Up Nation : on compte une start-up pour 2000 habitants ! L’image de la start-up israélienne est très positive sur place comme à l’étranger, notamment grâce à des produits qui ont très bien marchés, y compris en France. Nul n’est sans connaître Waze ou Sodastream par exemple.
Comment peux-tu expliquer cette inclination ?
En Israël, comme en Inde, c’est l’ère de la débrouille. En fait, on laisse sans cesse le choix, si bien qu’à l’âge adulte, au moment où il s’agit de se lancer sur le marché du travail, on choisit de créer plutôt que de rentrer dans un ordre préétabli.
Par ailleurs, l’expérience du service militaire (obligatoire) est une étape cruciale dans l’éducation des futurs entrepreneurs potentiels. On sait d’ailleurs que le militaire a plusieurs années d’avance sur le civil. Pendant leur service militaire, les jeunes sont exposés à de multiples épreuves et leçons qui les familiarisent avec le monde de entrepreneuriat. Par exemple ils s’impliquent dans la recherche et le développement, apprennent le management d’équipe, et comprennent l’importance de quitter le travail à 20h et de savoir relativiser les échecs.
Qu’est-ce qui en fait un pays idéal pour entreprendre ?
Le pays est très favorable à la culture de l’entrepreneuriat et l’encourage de diverses façons.
D’abord, il est plus facile de procéder à des levées de fonds dans la mesure où il y a beaucoup de fonds disponibles.
Ensuite, aussi incroyable que cela puisse paraître, l’accès aux incubateurs est presque gratuit. Parmi les plus connus, The Library, à Tel Aviv, charge ses adhérents seulement une cinquantaine d’euros par mois. Quant à TheHive by Gvahim, les entrepreneurs qui réussissent à développer leur projet chez eux s’engagent à reverser 2 à 3% de leurs revenus à l’incubateur afin d’aider ceux qui, comme eux, bénéficieront de leurs services.
Notons que Jérusalem abrite aussi des incubateurs pour les femmes et pour les arabes, entre autres.
Comment explique-t-on le dynamisme du pays du point de vue de la création et de l’innovation ?
A l’instar de la Nouvelle-Zélande où nous sommes également allés, le marché est très petit, sans compter que la population est très cosmopolite. Cela en fait un terrain idéal pour tester la réussite d’une nouvelle entreprise car tout nouveau produit est exposé à un public des plus hétéroclites en un temps record, donc on sait très rapidement s’il s’agit d’une proposition qui a plus de chances de marcher ou d’échouer.
Diversité oblige, les produits sont par nature très évolutifs et s’adaptent très bien aux différents marchés et à leurs évolutions respectives.
Cette culture du choix et la propension à entreprendre qui en résulte font d’Israël un pays compétitif. Cela incite à aller très vite et en même temps, on apprend des erreurs des autres et on évite par conséquent de faire les mêmes écueils.
D’ailleurs, là-bas il existe un véritable réseau d’entrepreneurs qui se rencontrent à l’occasion d’événements de « networking » (réseautage). Tout le monde est très accessible, quelle que soit la position, donc l’échange est facile. Vie quotidienne et industrie s’entremêlent si bien que tout le monde a l’habitude de côtoyer des entrepreneurs.
http://siliconwadi.fr/17683/inedit-w-project-est-parti-a-la-rencontre-des-entrepreneurs-francais-en-israel
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