Yom Hashoah : une seule journée ne suffit pas, par José Boublil

La célébration de Yom Hashoah, qui se déroulera demain, s’inscrit désormais dans un calendrier très étrange .
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En effet, une journée entière, la vie même d’Israël porte les signe de la tristesse et du deuil.
Depuis les restaurants et autres spectacles interrompus , jusqu’à des regards différents de tous les jours, surtout dans les yeux encore trop nombreux de ceux qui ont vécu cette tragédie dans leur chair ou dans celles de leur familles proches.
Des regards vides, rouges parfois. Ou interrogateurs, plus de 70 ans après.
Cette journée au sens juif du terme, qui commence la veille et continue jusqu’à la nuit du lendemain, est marquée par deux fois deux minutes de silence. « Deux « pour noter la spécificité même de ce désastre qu’a connu il y a si peu de temps notre peuple.
Pour certains je vais être iconoclaste mais je dois vous dire que, si d’un côté il faut bien marquer cet évènement pour l’éternité, je m’inquiète et surtout je vous prie de ne pas m’assimiler aux Netoure Karta ou autres allumés qui rejettent carrément ces manifestation de douleur de ces raccourcis qu’on utilise désormais pour tout.
Quoi, une journée? Une SEULE journée? pour un monde entier englouti sous les décombres?
Pour des traumatismes éternels des descendants bienheureux d’être au moins là ? 24 heures et Pfff, on passe à la suite. Indécent? ingratitude incommensurable?
Sommes-nous réduits à construire un monde en morse, en langage internet ou des mobiles. Car enfin, se souvenir que SIX MILLIONS D’INDIVIDUS, de nos frères, ont été exterminés pour le seul fait d’être nés juifs.
Que dans ce massacre industrialisé ,qui a duré de façon ininterrompue près de trois ans, on a lancé des milliers de bébés en l’air pour faire du « ball trap ».On a incorporé les corps de ces petits dans du béton pour en faire des bâtisses. On a arraché les mains des mères de leurs tout petits avant de les gazer chacun de leur côté ou, pire, de gazer les enfants et de violer les mères.
Aujourd’hui , où tout se raconte en quinze secondes pub comprise, je me refuse à ça pour cette monstruosité qui raconte à nos ancêtres des cavernes, autant qu’à nos jeunes des espaces high tech, que les hommes sont capables de ça . Que ce chapitre de la barbarie humaine ne s’est pas définitivement refermé pour voir poindre à nouveau des individus qui rêvent de recommencer. Il reste des germes de ce mal terrible ici et là , encore en 2015.
Et le souvenir est, pour les juifs, plus qu’une simple thérapie : c’est l’obligation de se lever , à la mémoire des héros eux-aussi massacrés, du Ghetto de Varsovie . A la mémoire de nos héros moins connus lynchés à Ramallah à mains nues pour défendre ces mêmes « valeurs » d’inhumanité, de bestialité, de violence sans limite. A celle de Moreno z »l,de Roi Klein z »l, des Fogel z »l, des enfants de 12 et 13 ans du Mercaz Harav z »l et des autres. Tous morts pour le seul fait d’être nés juifs.

ALORS, NON,

UNE JOURNÉE DE 24 HEURES NE SUFFIT PAS

Je veux dire simplement que, lorsque NOUS, tous ensemble, nous recueillons à Jérusalem, et dans tout Israel, collectivement, ou dans tout le monde individuellement, notre esprit -notre « cavana »- doit se remplir de ce souvenir car il est Saint pour nous. Comme Pessah et la sortie d’Egypte, qui furent en définitive heureux, ce souvenir est un des évènements marquants dans la « sainteté triste ».
Il faudrait seulement que ces moments, concentrés sur seulement 24 heures, parce qu’au fond il faut bien continuer à vivre, soient ceux d’une véritable prise de conscience. Que ce temps aussi court soit-il nous donne la force de construire plutôt que de détruire, de ne pas ruminer de vengeance mais travailler à apporter de la lumière et éduquer ceux qui sont encore naïfs ou béatement optimistes.
Qu’enfin ils ne soient pas morts pour rien, mais « Al Kiddouch Hachem » (pour sanctifier le nom de D., à savoir non pas mourir pour engendrer d’autres morts mais pour montrer le visage de la dignité d’un juif qu’on voudrait humilier).
Et comme le dit si justement mon ami Daniel Gal -ad 120 ans- si certains pensent que nos frères sont partis sans sépulture,c’est parce que c’est ici, en Israel , que se trouve leur véritable sépulture : tout leur peuple s’arrête une journée chaque annéepour leur témoigner leur respect, leur admiration, leur amour, leur éternité.
Qu’Hachem apporte sa consolation au peuple et accélère la Résurrection.
Am Israel Haï…
José Boublil

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