Depuis bientôt dix ans,
l’incroyable succès des séries
« made in Tel-Aviv » ne se dément pas.
Tout a commencé avec BeTipul en 2005, la série psy du scénariste Hagai Levi, qui a très vite connu son adaptation américaine, In Treatment. Dernier exemple en date de la créativité israélienne, The Affair, autre « bébé » de Levi avec l’Américaine Sarah Treem, qui décrit l’anatomie d’un adultère à deux voix parallèles (elle, lui) et a décroché en début d’année le Golden Globe de la Meilleure Série dramatique.
Et HBO vient d’acquérir les droits de la série : » La Maison des souhaits » de Haïm Bouzaglo qui a été diffusée sur la première chaîne israélienne.
UN PEUPLE DE STORY TELLERS
« Nous sommes un peuple de storytellers. Si l’on a vendu autant de séries, originales ou remakes, c’est en raison de leur qualité d’écriture », pointe Keren Shahar, directrice de la distribution de Keshet International. « Ici, on n’a pas les moyens de produire des séries à grands renforts d’action et d’effets spéciaux. » Du coup, ce modèle de business low cost – une série israélienne de douze épisodes coûtant le prix d’un pilote (version de travail) américain – a favorisé une créativité débridée. « Parmi les points forts des auteurs israéliens, il y a le sens de la formule, du concept fort, du “format”, un peu comme dans les shows de divertissement », observe Bertrand Villegas, cofondateur de la société genevoise The Wit, vigie des contenus audiovisuels.
L’« israeli touch » s’exprime souvent au travers de trouvailles scénaristiques. Et décline des histoires qui tournent autour de la complexité des relations conjugales ou familiales. Même si la toile de fond du Moyen-Orient et des conflits militaires sert aussi de catalyseur. Autre série qui devrait faire le buzz, Yellow Peppers, qui gravite autour d’Omri, un enfant surdoué et atteint de troubles autistes qui réside avec sa famille dans le sud rural d’Israël, et que la BBC vient de transposer dans un univers British pur jus. « Cette série ne traite pas d’une maladie, mais des problèmes de communication entre les gens, et elle carbure à l’humour », explique la scénariste, une quadra passée par l’école de cinéma de Jérusalem.
Universalité et épaisseur psychologique
« Israël est un pays minuscule et isolé, mais les portes du marché mondial se sont ouvertes, et pas seulement à la faveur de la grève des scénaristes de Hollywood de 2007-2008. Les fictions israéliennes ont pu continuer à s’exporter, en particulier aux États-Unis, parce que nous avons su nous renouveler », sourit Tmira Yardeni, cofondatrice de Tedy Productions, maison voisine de Keshet à qui l’on doit la série comique Mom and Dads (un couple gay et une femme célibataire décident d’avoir un enfant) ; ou Savri Maranan, une sitcom autour du dîner familial du vendredi soir, adaptée par la chaîne américaine TBS sous le nom Your Family or Mine.
Pour Frédéric Lavigne, directeur artistique du festival Séries Mania, le diagnostic est clair. « Avec les pays nordiques, Israël est le principal pôle créatif du moment. Les séries venues de Tel-Aviv campent leurs histoires dans un contexte très local, mais elles leur donnent une forme universelle, et s’appuient sur des personnages – immigrants soviétiques, prisonniers de guerre, ultra-religieux, etc. – dotés d’une véritable épaisseur psychologique. On est loin du cop show à l’américaine. » Ajoutée à cela une pincée de « houtzpa » (culot en yiddish) des vendeurs de formats israéliens, on obtient la composition de la recette gagnante.
Nathalie Hamou pour Figaro Madame
http://madame.lefigaro.fr/celebrites/tel-aviv-la-loi-des-series-030415-95871?m_i=5BA5CDYEcfEQI1xnP8en7RuwduF9mBMFmBJxgFDYFR8opHejXwMAS7fvIEQPczbc1T3pqby2flJIGhlbs9GpbaArezEba&a1=DOL-579677&a3=77-7344254&a4=DOL-579677-77-7344254
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