Le Corbusier, fasciste militant : des ouvrages fissurent l'image du grand architecte

Le fascisme militant de Le Corbusier, grand architecte du XXe siècle, est mis en lumière dans plusieurs ouvrages publiés à quelques jours d’une exposition au Centre Pompidou (29 avril-3 août) à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort.
Le Corbusier, l’un des principaux représentants du mouvement moderne avec Ludwig Mies van der Rohe ou Alvar Aalto, est le créateur de l’unité d’habitation de Marseille (la Cité radieuse) et de la Chapelle de Ronchamp (Haute-Saône), candidates au classement au patrimoine mondial.

AFP/AFP/Archives - Photo prise en 1961 dans un endroit non précisé de l'architecte français né en Suisse Charles-Edouard Jeanneret, plus connu comme Le Corbusier
AFP/AFP/Archives – Photo prise en 1961 dans un endroit non précisé de l’architecte français né en Suisse Charles-Edouard Jeanneret, plus connu comme Le Corbusier

« J’ai découvert que c’était un militant fasciste, tout simplement », dit Xavier de Jarcy, auteur de « Le Corbusier, un fascisme français » (Albin Michel).
L’exposition « Mesures de l’Homme » à Pompidou n’en fera aucune allusion car elle « ne traite pas de l’ensemble de l’oeuvre de Le Corbusier », ont expliqué ses organisateurs à soulignant que « ses relations avec Vichy ont été traitées » lors d’une rétrospective en 1987.
Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, né en 1887 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, fréquente dès les années 1920 à Paris des cercles fascistes, dont le Faisceau, selon ces nouveaux ouvrages.
Il devient proche du Dr Pierre Winter, leader du Parti fasciste révolutionnaire avec lequel il crée la revue « Plans » L’architecte cautionne les articles « justifiant dans Plans l’antisémitisme nazi, et cosigne les éditoriaux haineux de Prélude », relève Xavier de Jarcy.

 » TOUT SUBIRA LA LOI JUSTE « 

En août 1940, Le Corbusier écrit à sa mère: « L’argent, les juifs (en partie responsables), la franc-maçonnerie, tout subira la loi juste ». En octobre, il ajoute: « Hitler peut couronner sa vie par une oeuvre grandiose: l’aménagement de l’Europe ».
Il y a aussi « des croquis antisémites », déplore François Chaslin.
La Fondation Le Corbusier n’évoque cette période qu’en quelques mots sur son site internet: « 1929: collaboration à la revue Plans », « 1933: membre du journal Prélude », « 1941: Séjour prolongé à Vichy ».
Or, « le groupuscule constitué à la fin des années 20 chemine jusqu’en 1940 et tout ce petit monde se retrouve à Vichy », dit Xavier de Jarcy.
Le Corbusier « a été à Vichy pendant dix-huit mois et occupait un bureau d’Etat à l’Hôtel Carlton », précise François Chaslin.
De retour à Paris, il devient, jusqu’en avril 1944, conseiller du théoricien de l’eugénisme Alexis Carrel.
Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France, estime que l’exposition à Pompidou devrait montrer « toutes les facettes de la personnalité de Le Corbusier ».
Ces publications jettent aussi une lumière crue sur son urbanisme, dont le « Plan Voisin » qui proposait en 1925 de raser le coeur historique de Paris.
La « Charte d’Athènes », éditée par Le Corbusier en 1943, devient la doctrine de la France démocratique des « 30 Glorieuses ». On construit alors des « grands ensembles », interdits à partir de 1973.
Avec AFP

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