Il y a 70 ans, la « libération »des camps
Les derniers mois de la guerre, devant l’avancée des troupes alliées, les nazis évacuent massivement les camps qu’ils ont mis en place sur l’ensemble du Grand Reich jusqu’à la veille de la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. En l’absence d’un ordre d’évacuation général, ce dernier soubresaut de la machine concentrationnaire doit beaucoup à l’improvisation, aux décisions des commandants des camps et des responsables régionaux de la police du Reich dans les zones de combat. Ces déplacements forcés sont appelés « les marches de la mort ». De très nombreux déportés meurent d’épuisement, de faim, de maladie ou sont exécutés par les nazis. Dans la plupart des cas, la mortalité fut considérable.
La « libération » des camps par les Alliés, à l’Ouest comme à l’Est, se déroule dans ce contexte chaotique. Pour les Alliés occidentaux comme pour les Soviétiques, cette « libération » n’a pas été planifiée. Elle intervient au gré des opérations militaires. Et elle est un choc moral immense. Les images prises à ces occasions seront diffusées dans le monde entier.
Le 27 janvier 1945, l’Armée rouge parvient à Auschwitz, le plus grand centre de mise à mort nazi. Que reste-t-il de l’usine de la mort d’Auschwitz-Birkenau ? Des alignements de baraques. Des ruines des crématoires et chambres à gaz démantelées. Surtout, un spectacle d’horreur : 600 corps massacrés par les SS au moment de leur départ et d’autres cadavres de déportés morts de froid gisant dans la neige ou les baraques. Comme à Majdanek, des montagnes d’effets personnels attestent des crimes de masse : 7 tonnes de cheveux, plus d’1 million de vêtements d’hommes, de femmes et d’enfants, des milliers de paires de chaussures, de lunettes et d’objets de toute sorte.
Les survivants sont environ 7 000 dans l’ensemble du complexe : les détenus que les SS n’ont pas eu le temps d’éliminer ; ceux qui ont réussi à se cacher dans la confusion du départ ; les malades et les plus faibles qui n’ont eu d’autre choix que de rester sur place ; un groupe de 200 enfants, des jumeaux pour la plupart, qui étaient voués aux expériences du docteur Mengele.
La 1re armée française, engagée dans le sud de l’Allemagne, libère le camp de Vaihingen, dont les détenus travaillaient dans une usine d’aviation, le 1er avril 1945. La 6e division blindée de la 3e armée américaine arrive sur le site du camp de Buchenwald le 11 avril, provoquant la fuite des SS. 21 000 détenus retrouvent ainsi la liberté. Dans de très nombreux cas, la « libération » n’est que la brutale mise au jour d’un effroyable chaos, comme à Bergen-Belsen, « libéré » le 15 avril 1945 par les troupes britanniques. Dans les derniers mois de 1945, le camp s’est rempli de vagues successives de déportés rescapés des « marches de la mort » et les conditions sanitaires y sont désastreuses.
Lorsque les Soviétiques investissent le camp de Ravensbrück, le 30 avril 1945, il ne reste que quelques milliers de femmes malades qui n’avaient pu être évacuées. Le 5 mai, l’arrivée de troupes américaines au camp de Mauthausen permet le désarmement puis le départ des gardes autrichiens. Depuis les découvertes du mois d’avril, les troupes alliées pensaient, à tort, avoir touché le fond de l’horreur. En raison de la date tardive de libération, Mauthausen a accueilli les survivants des ultimes marches de la mort, dont beaucoup mourront avant l’arrivée des soldats.
Pendant de nombreuses années, l’anniversaire de la libération des camps était célébré en avril, mois durant lequel les principaux camps de concentration de l’Allemagne occidentale (Buchenwald, Dachau, Ravensbrück…) ont été libérés.
En France, la « journée de la déportation » se déroule depuis 1954 le dernier dimanche d’avril. Progressivement, la particularité du génocide des Juifs a été prise en compte et a conduit à l’institution d’une journée particulière dédiée à la mémoire de la Shoah, qui a été fixée au 27 janvier, date de l’entrée des troupes soviétiques dans les camps d’Auschwitz.
Le Conseil de l’Europe a tout d’abord proclamé en décembre 2002 le 27 janvier « Journée européenne de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité ». En 2005, par la résolution 60/7 intitulée « Mémoire de l’Holocauste », l’Assemblée générale des Nations unies a consacré le 27 janvier comme « Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste ».
C’est à Auschwitz que s’acheva le voyage de la plupart des 76 000 Juifs déportés depuis la France entre 1941 et 1944. Environ 3 000 reviendront. Auschwitz, devenu aujourd’hui le symbole de la Shoah, de la destruction des Juifs d’Europe.
15 et 16 avril 2015 :
une lecture ininterrompue de 24 heures
à la mémoire des victimes de la Shoah
Les 15 et 16 avril 2015, jour de Yom HaShoah, le Mémorial de la Shoah, le Mouvement Juif Libéral de France (MJLF), l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France (FFDJF) et le Consistoire de Paris, organisent ensemble la lecture des noms des déportés juifs de France devant le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah.
Au cours de cette lecture publique ininterrompue de 24 heures, sont prononcés, un à un, les noms de chaque homme, femme, enfant juifs déportés entre 1942 et 1944, convoi par convoi. Cette année sont lus les convois n°44 à n°84.
Quelque 200 personnes, personnalités, anciens déportés, parents, bénévoles, lisent à tour de rôle, à partir des listes issues du livre Mémorial de la Déportation de Serge Klarsfeld, les noms de « ceux dont il ne reste que le nom » (Simone Veil).
Qu’est-ce que Yom HaShoah ?
Yom HaShoah est la date choisie par le parlement israélien pour la commémoration de la Shoah et de l’héroïsme : le 27 Nissane du calendrier hébraïque tombe après la fête de Pâques (Pessah) et le jour dédié aux morts israéliens (Yom HaZikarone), et précède l’anniversaire de la création de l’État d’Israël (Yom HaAtsmaout).
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