Marc Chagall, entre ciel et terre

« L’Arche »: ces destins juifs,

ces grandes figures qui ont fait la France

« L’Arche » , qui se présente comme le magazine du judaïsme français, a publié récemment un hors-série consacré à  » Ces grandes figures qui ont fait la France ».
Bien entendu, il ne s’agit pas des personnages des livres d’histoire, de littérature ou de sciences : ni les rois de France, ni ses grands soldats, ni ses écrivains classiques ne sont évoqués.
« L’Arche » est un média du Fonds Social Juif Unifié et ce qui intéresse le Directeur de la rédaction, Salomon Malka, ce sont les juifs de France, » les Juifs et Français « .
« Shlomo » Malka, la passion et le talent, a voulu retracer des itinéraires, présenter des figures et rappeler des œuvres.Il a choisi de ne retenir que des figures disparues pour « éviter d’être confronté à des choix cruels ».
Parti d’une liste de cent figures passées, il en a finalement retenu une cinquantaine, choix personnel qu’on « peut chicaner » tout comme on pourrait « remettre en cause la judéité de l’un ou de l’autre ».
De A à Z ,on circule de Raymond Aron à Jean Zay et il y a donc 50 articles sur des destins juifs : Marc Chagall, Albert Cohen, Simon Debré, Serge Gainsbourg, Romain Gary, Joseph Kessel, Emmanuel Levinas, Claude Levy-Strauss, Georges Mandel, Amedeo Modigliani, Montaigne, Marcel Proust, Rachi de Troyes, Chaïm Soutine…pour citer ceux de notre choix personnel .
Des photos bien choisies, des titres inspirés et des textes passionnants: on feuillette, on parcourt, on lit et, en tout cas, on conserve le magazine que l’on transmettra un jour .
Nous avons le privilège de publier quelques uns des textes du hors-série grâce à l’amitié de Shlomo. Pour nous comme pour nos lecteurs, ce sera le cadeau de Hanouka : les lumières de nos juifs célèbres pour vaincre les ténèbres des obscurantismes.
André Mamou
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L’enfant de Vitebsk fera don à la France

d’un Message biblique.

chagall
Marc Chagall c’est la fusion parfaite de ses origines avec la culture française. Ce mariage subtil est l’une des particularités de son univers coloré, figuratif et onirique. L’une des toiles emblématiques, « Les Mariés de la tour Eiffel » (1938) mêle Paris à des motifs récurrents chez lui : le village russe, le violon, le juif lisant la Thora…

« Il s’enthousiasme d’emblée pour la lumière,

la couleur et la liberté qui règnent à Paris. »

Aîné d’une modeste famille juive hassidique de neuf enfants, Chagall est né à Vitebsk en 1887. Son père est ouvrier dans le commerce de harengs. Chagall commence à étudier auprès d’un peintre de Vitebsk puis à Saint-Pétersbourg où il entend parler de Paris et des artistes d’avant- garde. Il effectue son premier séjour dans la capitale en 1911 où il loue un atelier impasse du Maine et parcourt la capitale, s’enthousiasmant d’emblée pour la lumière, la couleur et la liberté qui y règnent. La ville est dit- il son « école vivante ». Il rencontre les acteurs français et étrangers du monde artistique de Montparnasse et se lie en particulier avec Blaise Cendrars. S’il s’ennuiera parfois de sa Vitebsk natale, Chagall se sentira « à moitié français » dès 1912.
chagall stern
Le jeune artiste s’ouvre aux influences de l’époque, notamment au cubisme, tout en forgeant son style. Il apporte d’ailleurs à Paris sa propre modernité : sa palette colorée et son inspiration surréaliste avant l’heure qui fait l’admiration d’un Apollinaire s’exclamant devant ses toiles : « surnaturel ! » Même si son originalité n’est pas tout de suite comprise du public français, Chagall expose bientôt au Salon des Indépendants et sera de plus en plus présent au fil des années dans les galeries parisiennes.
Présent en Russie pendant la Grande Guerre, il s’installera durablement à Paris en 1927 avec son épouse et muse Bella et leur fille Ida. Cette année-là, Chagall figure déjà dans L’Anthologie de la peinture française de Maurice Raynal.

« L’une de ses toiles emblématiques,

“Les Mariés de la tour Eiffel”,

mêle Paris à des motifs récurrents chez lui :

le village russe, le violon, le juif lisant la Torah. »

Dès ses premiers séjours à Paris, il a cherché à s’intégrer à la culture française et quels meilleurs moyens pour le faire que de participer à la rendre vivante et d’en enrichir le patrimoine ? Bien avant de décorer le plafond de l’opéra Garnier de Paris, à la demande d’André Malraux, en 1964, Chagall travaille en lien direct avec la littérature française en illustrant de près de cent gouaches Les Fables de La Fontaine sur une proposition d’Ambroise Vollard en 1926. Il commence aussi à séjourner sur la côte d’Azur, s’émerveillant de la lumière et des paysages qu’il traduit de façon harmonieuse. Durant l’entre-deux-guerres, Chagall, qui a obtenu la nationalité française en 1937, voyage beaucoup en Europe et jusque dans son pays natal. Il ne peut alors que constater la montée de l’antisémitisme un peu partout. Malgré le danger, il restera le plus longtemps possible en France avant de s’exiler aux États-Unis en juin 1941. À son retour en 1946, il déclarera : « On retrouve la France comme on retrouve la femme qu’on aime. » Son succès toujours plus grand à Paris aurait fait de lui un amant bien ingrat s’il ne s’y était pas réinstallé deux ans plus tard.
vitraux
Après la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle vie attend Chagall entre Paris et les Alpes-Maritimes où il va explorer d’autres formes d’ex- pression : la céramique, le vitrail, la mosaïque, la tapisserie ou encore les décors de théâtre. Il répond aussi à de nombreuses commandes en France et à l’étranger. En 1966, il fait don à l’État français du Message Biblique, une série de tableaux exposés d’abord au Louvre puis au musée national Marc Chagall de Nice fondé spécialement pour conserver cette donation. La même année, il décide de demeurer sur la côte d’Azur qui lui a déjà inspiré de nombreux paysages inondés de lumière et d’azur comme Paysage bleu et Saint-Jean-Cap-Ferrat. Il continuera à travailler jusqu’à sa mort, le 28 mars 1985 à Saint-Paul- de-Vence où il est enterré. Comme entre « Ciel et terre », Chagall accueille toujours à l’entrée les visiteurs de la toute proche fondation Maeght avec sa mosaïque intitulée « Les Amoureux ».
Ariane  Charton
L’Arche sur abonnement et en kiosques ( on peut s’abonner ou trouver la liste des kiosques sur le site du magazine: larchemag.fr)

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