L’aréopage des chefs de la diplomatie des grandes puissances est attendu au grand complet dimanche à Lausanne pour tenter de donner l’impulsion finale aux interminables négociations sur le nucléaire iranien, censées aboutir avant le 31 mars.
Signe que les discussions pourraient durer jusqu’à la dernière minute de la date butoir, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a annulé un voyage qu’il devait effectuer lundi à Boston pour rester à Lausanne et tenter de résoudre les problèmes qui bloquent encore un accord.
A l’exception des russe Sergueï Lavrov et britannique Philip Hammond, attendus plus tard dans la journée, tous les chefs de la diplomatie du groupe P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, France, Chine et Allemagne) étaient sur place dimanche pour l’épilogue de ce feuilleton à rallonge.
Dernier en date à faire son apparition, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est arrivé dans la matinée au palace surplombant le lac Léman, où se déroulent toutes les discussions.
La veille, le Français Laurent Fabius et l’Allemand Frank-Walter Steinmeier avaient rejoint les négociations, menées tambour battant depuis des mois par les deux poids lourds du dossier: l’Américain John Kerry et l’Iranien Mohammad Javad Zarif.
Les deux hommes, engagés depuis un an et demi dans des tractations éprouvantes et laborieuses, ont besoin d’un accord d’étape qui puisse leur permettre de tenir le cap et d’acheter du temps face à leurs faucons respectifs et face aux puissances régionales hostiles à tout compromis.
Parmi celles-ci, Israël, qui a prévenu dimanche qu’il maintiendrait la pression: « il y a de fortes chances pour que soit conclu d’ici à deux jours un accord de principe, mais d’ici à la signature d’un accord final censé intervenir à la fin juin, il y aura suffisamment de temps pour mener des activités diplomatiques », a indiqué à la radio militaire le ministre de l’Intérieur sortant Gilad Erdan.
UNE SIMPLE DÉCLARATION ?
La date fixée pour un accord final, incluant toutes les annexes techniques de ce dossier extrêmement complexe, est fixée au 30 juin, mais la fin mars est une « étape très importante » pour permettre aux négociations de se poursuivre, reconnaissent plusieurs diplomates.
Même si personne ne sait encore quelle forme prendra cette entente – si elle est conclue. Une « liste » de paramètres abordant les points au coeur de la négociation ? Un document non public et non signé mais qui fixerait de façon assez précise les objectifs à atteindre ?
« Je pense que l’option la plus probable est qu’il vont faire une annonce, dire qu’ils sont parvenus à un accord sur les éléments clés, et qu’ils vont passer les trois prochains mois à écrire le brouillon de cet accord et son plan de mise en oeuvre », estime Ali Vaez, spécialiste du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
UNE CERTAINE CONFIANCE
Plusieurs négociateurs ont fait preuve samedi d’une certaine confiance sur la possibilité de venir à bout des derniers obstacles.
Dans un élan d’optimisme samedi, l’Iranien Mohammad Javad Zarif a jugé possible que « tous les problèmes puissent être résolus », avant de nuancer ses propos dans des tweets.
« Nous n’avons jamais été aussi près d’un accord, toutefois nous avons toujours des points critiques à résoudre », a pour sa part estimé la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini.
Et selon le chef des négociateurs russes, Sergueï Riabkov, cité par l’agence Ria-Novosti, « les chances (de parvenir à un accord) sont de plus de 50% ».
L’objectif de l’accord recherché est de s’assurer que l’Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions internationales qui asphyxient son économie.
Téhéran demande la levée totale des sanctions internationales, particulièrement les mesures décidées par l’ONU, alors que pour les pays occidentaux cela ne peut se faire que graduellement.
L’Iran insiste également pour pouvoir faire de la recherche et du développement, notamment afin d’utiliser à terme des centrifugeuses plus modernes et plus puissantes pour enrichir l’uranium. Mais les pays occidentaux et Israël estiment que le développement à terme de telles centrifugeuses permettra à l’Iran de réduire le « breakout », temps nécessaire pour avoir suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer une bombe atomique.
Avec AFP
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