A la veille du scrutin , Netanyahu lui avait promis le poste de grand argentier en cas d’alliance.Le même jour, à la Bourse de Tel Aviv, les actions des banques ont chuté à leur point le plus bas depuis 18 mois.
Moshe Kahlon n’a pas froid aux yeux. Celui qui s’est imposé comme le nouveau “faiseur de roi” de la politique israélienne, à l’issue des législatives du 17 mars, a toujours fait savoir qu’il négocierait son soutien à une condition : être nommé ministre des finances du futur gouvernement.
“Personne ne peut le lui refuser car qui a envie d’y être ? C’est un poste où l’on risque de tout perdre tant sont élevées les attentes de la population”, sourit Gideon Rahat, politologue à l’université hébraïque de Jérusalem.
Le chef du nouveau parti de centre-droit Koulanou (“nous tous”), focalisé sur les questions socio-économiques, est crédité de 10 sièges sur 120 au parlement israélien. Mais son pouvoir d’influence dépasse largement ce score numérique. Il est celui sans lequel le premier ministre sortant Benyamin Netanyahou ne pourra former de majorité malgré une performance qui l’a vu sortir en tête avec quelque 30 sièges.
Cet homme de 54 ans s’est forgé sa notoriété alors qu’il était ministre des télécommunications de Netanyahou. En 2012, il casse sans états d’âme les monopoles qui entravent le secteur de la téléphonie mobile. Le résultat est spectaculaire, avec des prix en baisse de 90%. Auprès du grand public, sa popularité est au zénith. “Soyez des Kahlon”, intime alors “Bibi” aux autres membres de son gouvernement. Mais le premier ministre prend ombrage de la cote d’amour dont jouit son lieutenant. Le différend se creuse et Moshe Kahlon finit par claquer la porte du Likoud.
Le héraut des classes modestes
Il y a six mois, il fonde son propre parti avec un credo : la lutte contre la vie chère. La flambée des prix alimentaires et de l’immobilier, l’industrie monopolistique des banques sont ses chevaux de bataille. “Je siégerai dans le gouvernement qui nous permettra de nous attaquer aux banques et au coût de la vie”, promettait-il à la radio il y a quelques jours.
“Beaucoup lui font confiance en voyant ce qu’il a réalisé comme ministre, mais aussi à cause de là où il vient, estime Rachel Azaria, nouvelle députée Koulanou. C’est un ‘self made man’ qui n’a jamais bénéficié d’aucun privilège.” Pour celui qui se veut le héraut des classes les plus modestes, Kahlon bénéficie en effet d’un pedigree idéal. Fils d’immigrés libyens, il grandit avec ses six frères et soeurs dans les faubourgs ouvriers d’Hadera, sur la côte nord israélienne. Son père travaille dans le bâtiment et lui s’emploie parfois sur des bateaux de pêche pour ramener un peu d’argent à la maison. A 36 ans seulement, il entame des études de droit et sciences politiques. Ce séfarade s’exprime peu sur les questions diplomatiques mais est pris au sérieux sur ses thèmes de prédilection.
Il va travailler sur le flanc gauche de la coalition que Netanyahu réussira à mettre sur pieds. Il travaillera vite et fort dans une parfaite harmonie avec le Premier ministre qui a besoin de lui pour avoir une majorité stable et qui veut faire de son quatrième mandat une réussite sur le plan économique et social .
Moshe Kahlon se rendra indispensable et quand Netanyahu décidera de passer la main, il se pourrait bien que le petit séfarade ” trabelsi” ( venu de Tripoli) s’empare du ” great old party”, le Likoud de Menachem Begin .
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/israel-moshe-kahlon-faiseur-de-roi-et-heraut-de-la-lutte-contre-la-vie-chere_1662503.html
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